La campagne se corse. « La langue par la langue et la main retroussée », le vieil adage populaire s’y révèle l’ancêtre du principe de la proportionnalité, question légitime défense. Les « campagnards électoraux » se fichent pas mal de la loi sur la haine, le racisme et autres propos injurieux, vidéos obscènes et enregistrements très osés à l’appui. Les écarts langagiers des uns et des autres – des unes et des autres, pour ne pas laisser en rade les femmes – chacun et chacune y va de ses fake-news, variablement agrémentées de ses vraies et avérées informations. Vous savez, il y a des choses qui sont nées pour ne pas être haïes : l’argent, la présidence, les femmes, les honneurs ; elles ne se refusent pas…mais de là à dénouer tout ; de là à s’emballer comme pas possible, pour ne laisser ni une petite ni une grande sans la recenser ! Bonjour la loi contre la cybercriminalité et les dispositions légales contre les haineux et les torpilleurs de la cohabitation pacifique entre les peuples ! J’ai entendu des propos tellement graves, colporteurs de plus graves encore propos, que je me suis dit : hé, fallait suivre l’exemple du baccalauréat durant lequel on a coupé les coms ! Allez, hop, plus d’Internet pendant les quinze jours de la campagne ! Comme ça, les monteurs, falsificateurs et fabricateurs allaient complètement se « désœuvrer ».
Les candidats sont des hommes. Rien de plus. La preuve, ils parlent, disent des bêtises, vont, viennent, dorment, promettent. Ils…bon, de quelqu’un qui peut être président de la République, on ne va pas quand même pas dire… mentent. On dira qu’ils « se promènent », au sens hassanophone du terme. Pour les autres des autres communautés nationales, disons que se promener, c'est partir chercher un petit second bureau (ou plus…), histoire de passer quelques moments à déstresser un peu. Les campagnes électorales, c’est, finalement, un bon prétexte pour tout le monde. Probablement d’ailleurs une des plus grandes utilités de telles périodes. Côté sondage, qui va gagner ? Qui ne va pas gagner ? Premier tour, ça va ; second, on y va. Tout ça, c’est un savoir-fiction que seul Allah connaît. Comme en chaque chose, il ya le visible et l’invisible. Le haut-haut et le bas-bas. En tout cas, si l’on ne s’en tient qu’aux haut-parleurs, aux voitures pavoisées des photos du candidat, du nombre des QG de campagne, des belles femmes, des initiatives et des mouvements, des voitures rutilantes et de dernière mode, des tee shirts et casques à l’effigie du candidat, des protocoles officiels (gardes corps, mobilisation de l’administration….) du nombre de troubadours, chansons et « artistes », des panégyriques, des cadres et responsables de l’Etat impliqués jusqu’au cou dans la campagne ; du nombre des ministres ayant quitté leurs fonctions officielles pour la battre ; du nombre des anciens chefs de partis reconvertis, des culbuteurs de l’opposition parfois très radicale, des hommes d’affaires avec armes, bagages et argent, du nombre de boubous portés par les candidats, chemises, chaussures, montres de marque et autres accessoires ; si l’on s’en tient qu’à ça, le candidat du « consensus national » devrait passer avant même le premier tour. Bon, mais de toutes façons, il peut bien y en avoir un deuxième et même un troisième, pourquoi pas ! Ici, c’est l’atypisme qui prévaut en tout. Quasiment en tout. Entre le candidat A et tous les autres BCDEG, ça peut faire du quarante quelque chose d’un côté contre du cinquante quelque chose de l’autre. Surtout que les gens de Tindouf et autre Tarfaya, Gleimim, Bejdour, Aïn Bintili, Dakhla, Tantane, Aïoun Saghye El Hamra, Ouadi Dheheb et Smara semblent être très remontés contre un certain candidat et pourraient faire volte-face en sa défaveur. Atypisme encore. Binationaux, trinationaux, quadrinationaux de tous les peuples, unissez-vous ! Et salut à tous et toutes…
Sneiba El Kory