A vos marques ! Prêts ? Partez ! C’est parti. Pour deux bonnes semaines de très bonnes paroles au cours desquelles toutes les promesses possibles, impossibles, imaginables et inimaginables vont être proférées. Ce qui n’est pas synonyme de tenues. Ce qui est particulièrement intéressant, dans une campagne électorale, est que chaque candidat peut dire, librement, tout ce qu’il veut. Sans rien omettre. Reste simplement, aux gens qui l’écoutent, d’y croire ou de ne pas y croire. C’est leur problème. Chacun sait, depuis fort longtemps, que les engagements électoraux n’engagent que ceux qui les écoutent. Dans quel pays un candidat va-t-il proposer de ne rien faire de bon ? Annoncer qu’il volera l’argent du peuple ? Ne nommera que ses proches et amis aux postes juteux ? Dira merde aux pauvres, nécessiteux et autres personnes vulnérables ? Quand tu suis les candidats, tu as l’impression d’écouter Birame, en entendant parler Ghazwani ou d’écouter Ghazwani, en entendant parler Kane Hamidou Baba, et vice-versa avec tous les autres. Birame promet le Paradis. A tous. Sans distinction. Beïdanes. Harratines. Wolofs. Soninkés. Et même Bambaras. C’est kif-kif. Tous beaux. Tous gentils. Tous égaux. Tous normaux. Pas de problème. Ça va aller, incha Allah, pour tout le monde. Le Birame de la campagne, ce n’est pas le Birame de la ville. Imaginez un peu si tous les candidats devaient nous dire la vérité. Rien que la vérité. Toute la vérité. Vraiment, voilà comment les choses vont changer ; les résultats aussi. Qui dit que la politique, c’est l’art du possible ? La campagne électorale, c’est un peu ça : l’art de dire ce qu’il est possible de dire et qui ne « disperse pas la jemaa ». Imaginez un peu si tous les candidats nous disaient combien ils ont dans leurs comptes bancaires. Combien ils ont de seconds bureaux. Combien de voitures, de bateaux, de villas « nationales » et « internationales »… Bref, révéler des choses inédites, quoi ! Comme cette initiative des briquetiers chinois pour l’élection de Ghazwani au premier tour. Surtout que ce candidat a tellement pondu de petites géniales promesses ! Décryptage de son discours d’ouverture de campagne, pour ceux qui ne l’ont pas eu la chance de l’écouter : « je m’engage à développer le système, même si je sais qu’il a déjà été développé. Je donnerai la priorité aux secteurs sociaux de l’éducation et de la santé, même si je sais qu’elle leur a déjà été donnée. J’améliorerai les secteurs des services, même si je sais qu’ils ont déjà été améliorés. Je travaillerai à la promotion des infrastructures, même si je sais qu’elles ont déjà été promues. Je combattrai le chômage, même si je sais qu’il a déjà été combattu. J’impliquerai les jeunes dans l’administration, même si je sais qu’ils y ont déjà été impliqués. Je mettrai les femmes à leur véritable place, même si je sais qu’elles y ont déjà été mises. Je souhaite la bienvenue à ma sœur Tekeiber, même si je sais que je l’ai déjà fait. Je remercie le Président, mon frère et compagnon Mohamed ould Abdel Aziz, même si je l’ai déjà remercié. Qui dit mieux ? Je continuerai. La continuité. Il faut blanchir les pas de son ami. Tout le Bien est dans la continuité. Tout le Mal dans le changement. Il ne faut pas livrer le pays à des aventuriers. La certitude vaut mieux que l’incertitude. Un tour vaut mieux que deux tu perdras. Le temps des anciens est révolu. Il ne faut pas retourner en arrière (On pourrait donc retourner en avant ?) Une autre campagne électorale en bonne et due forme. Les amis, c’est pendant les difficultés. Et puis quarante de compagnonnage, ce n’est pas rien. Deux que je n’oublie jamais : « celui qui m’a aidé et celui qui a aidé contre moi ». Je continuerai, même si je sais qu’on déjà continué. Je continuerai à faire, même si je sais qu’on a déjà fait. Je continuerai à nommer les ministres, même si je sais qu’on les a déjà nommés. Je continuerai à combattre les criminels transfrontaliers, même si je sais qu’ils ont déjà été combattus. Je continuerai à combattre la gabegie, même si je sais qu’elle a déjà été combattue. Allez, votez et salut.
Sneiba El Kory