Le candidat Mohamed Ould El Ghazouani a incontestablement franchi en cette première manche de la pré-campagne électorale présidentielle, une étape politique certaine, sanctionnée d’un "coup de maître", grâce à un concours de circonstances ou par un savant calcul. Il s’agit en cela de la désignation impromptue de Niang Djibril Hamady directeur de sa campagne, signant par-delà cet acte lucide l’introduction d’un changement notoire dans sa méthode choisie pour aborder les élections prochaines.
Cette décision, qui a surpris beaucoup de gens dans son camp comme dans celui de ses adversaires, et faussé le calcul pervers de beaucoup d’opportunistes, a fait une unanimité inattendue la donnant pour étape exceptionnelle franchie, marquée par le courage à reconnaître la nécessité impérieuse de divorcer avec les considérations médiévales et toujours en vigueur édictées par:
- l’influence de concepts réactionnaires persistants,
- le poids des pressions psychologiques,
- le diktat de contraintes et de considérations sociales passéistes,
Et qu’il s’agit d’une décision innovante, considérée par beaucoup comme une amélioration notoire et remarquable dans le mode de suivi méthodologique appliqué pour une plus grande efficience de l’action politique. Mieux encore pour pouvoir bien répondre aux exigences de cette action, après que certains de ses détracteurs en interne et de ses adversaires, animés par des intentions et des motivations contradictoires, aient essayé de brouiller son processus entamé et d’induire des déconvenues par des procédés de nature à semer le doute et attiser les soupçons sur la légalité de son action entreprise, en invoquant :
• Que l’utilisation de l’avion militaire pour des tournées organisées dans les coins reculés et difficiles d’accès des wilayas relevait de ses relations avec les forces armées. A cela le candidat Ghazouni avait répliqué : "j’ai cherché un moyen de transport et reçu plusieurs offres de compagnies aériennes ainsi que de l’Armée. L’offre de celle-ci était la moins disante. J’ai contracté avec elle". Autrement, ses périples prendraient beaucoup de temps et généreraient d'importants coûts en convois de voitures et logistiques,
• Que sa tournée précoce, à la rencontre des populations de la Mauritanie profonde, transgressait la loi en ce sens qu’elle s’est déroulée avant l’ouverture de la campagne présidentielle. Et lui considérant légitime de se déplacer vers ses concitoyens avait dit : "Je suis porteur d’un projet de société pour lequel je sollicite l’adhésion des mauritaniens. Il est vrai que j’ai présenté la vision du projet dans le discours d’annonce de ma candidature. Mais il restait pour moi le plus important, c'est-à-dire le respect des Mauritaniens, leur implication à travers le contact direct et la sollicitation de leur appui à ce projet. Comme les candidats ont pour habitude de limiter leurs visites aux seuls chefs-lieux des wilayas, j’ai tenu personnellement, par égard à tous les citoyens, à visiter toutes les moughataas".
Quant au choix de son directeur de campagne en la personne de Niang Djibril Hamady, il a été jugé par beaucoup d’observateurs, contrairement à ce qu’en pensent certains de ses rivaux, comme un coup de maitre et une preuve de maturité, de sagesse et de clairvoyance politique exprimées sous différents angles par :
- une volonté de rupture avec la persistante tradition du choix dans une unique entité, prouvant ainsi que les compétences n’ont aucune appartenance ethnique, moins encore la loyauté envers des tendances communes, les choix semblables et le partage de visions politiques identiques autour de l’impérieuse nécessité de la construction d’un Etat solide et fiable de droit pour tous,
- Une résolution à contenir les conflits tribaux et ethniques qui font généralement rage, en tous tournants de grands changements politiques, sur fond de calculs traditionnels appartenant à une mentalité obsolète qui bloque obstinément encore la voie vers l’État démocratique de droit et de citoyenneté.
- Une détermination à poursuivre et à développer son approche méthodologique de précampagne présidentielle. Une approche qui, loin des considérations habituelles d'équilibres rigides héritées du passé, opère le choix de ses tenants sur la base de critères dont l’engagement, l'efficacité dans l’action et l'impartialité dans la gestion mesurée de son cheminement.
Une approche qui voudrait, avait -il déclaré, briser le monopole des équilibres obsolètes d’un temps révolu.
Et se sont bien là, sans doute, ces équilibres qui continuent avec persistance de peser vigoureusement sur le sort du peuple avec leurs lots d'injustice, de disparité et d'exclusion d’une part, et sur celui du pays qui croupit sous le poids de l’énorme retard causé par les mauvaises gouvernances et le gaspillage systématique de ses immenses ressources doublé de l'impunité de ses auteurs, d’autre part.