Vous savez, pour devenir le chef des autres, il faut se réveiller de bon matin. Toute chose a ses conditions. Ce n’est pas rien que de devenir le chef de tous les Mauritaniennes et de tous les Mauritaniens. Peuple de héros, peuple d’un million de poètes : c’était autrefois. Maintenant, c’est le peuple d’un million de promoteurs et d’organisateurs d’initiatives. Peuple d’un million de « retourneurs »/détourneurs et renverseurs à tout va des pantalons de leur père. De feu Moktar à Mohamed ould Abdel Aziz ou Ghazwani, peu importe, on en a vu de tout : « lancement d’Ould Yahya Ndiaye et de Horma Ould Bebana », Congrès d’Aleg, déclaration de l’Indépendance, guerre du Sahara, nationalisation de la Miferma, émission de l’Ouguiya, révision des accords militaires avec la France, PPM, Mariem Daddah, Coup d’Etat du 10 Juillet... Ndeyssane, les civils qui ne connaissent rien : ni argent, ni voitures de luxe, ni voyages vers Dakar ou royaume de Swatini (jamais entendu parler de ça, au passage). Voilà pourquoi chaque jour, le volume de l’oreille se rétrécit. Ni costumes payés aux Champs Élysées. Ni progéniture gâtée jusqu’à pas possible. Ni pas rien. Une équipe de civils servant dix- huit années, sans avoir jamais versé la moindre goutte d’eau à quiconque. Puis il ya eu les militaires. Un à un. L’un devant, l’autre, derrière. Un militaire, c’est un militaire. Colonel. Général. Caporal. Soldat. Ils sont venus. Brutalement. Comme ça. Avec des arguments comme il faut en finir avec la guerre du Sahara ou…Ah non ! Vingt et un, c’est trop ! Le peuple est fatigué ou bien : il m’a démis, je l’ai démis. D’ailleurs, c’est une mesure qui fut prise de nuit. Eywe, c’est juste un justificatif. Acceptez-le, si vous voulez, ou ne l’acceptez pas. Une équipe de militaires se servant, copieusement, de ce qui devait être mangé, de 1960 à 2019, ils l’ont quadruplement massacré, entre 2005 et 2019. Un vrai rappel des troupes. Ou des fonds. Les militaires ont véritablement démontré, aux civils, que ce n’est pas comme ça que l’omoplate se mange. Il faut de l’appétit. Pour la déclaration des biens des présidents et des candidats, Messoud y a déjà consenti. Cadeau bonus ! Nous, on disait Bonux… Quelque chose comme une maison qui lui fut construite par une femme/bonne volonté. Une dizaine de moutons, Un fusil. Une autre maison. Et d’autres petites choses. Ould Maouloud vient de déclarer, lui, une maison à Nouakchott, un terrain hypothéqué, une autre maison à Tidjikd ja. Facile à retenir. Ça ne va pas encombrer les machines d’un quelconque expert-comptable. En réalité, la loi ne devrait pas demander, au président éventuel ou de fait, de divulguer publiquement ses biens. Il y en a qui ont peur de « l’œil ». D’autant plus que la magie est aussi vraie que l’œil. Si, par exemple, un président sortant déclare posséder deux cents villas haut standing, dans tout Nouakchott, des appartements au 16èmearrondissement de Paris, des milliers de têtes de chameaux, des fermes, des « ouvre », des marchés, des banques, des sociétés de construction et de déconstruction, des comptes en banques, des coffres forts incorporés dans les murs, des actions à Dubaï, Hong-Kong et Îles Hawaï, des terre-pleins, des flottes, des équipes d’orpailleurs, des immeubles à Casablanca, Chinatown ou Financial District (deux quartiers chics de San Francisco), Rastro ou La Latina (deux quartiers de Madrid), des dizaines de bateaux, des centaines de terrains et de petites autres chosettes de cet acabit. Un peu comme un président très probablement entrant. La loi n’a pas demandé de distinguer entre ce qu’un président a emmené de chez son père et ce qu’il a gagné/détourné de son travail de serviteur ou de « s’en serviteur » de la République. Normalement, on devrait aussi peser les candidats et tous les membres de leur famille. Comme ça, on saurait s’ils ont maigri ou grossi, à leur départ du pouvoir. Un général fraîchement retraité, un militant des droits de l’homme, un professeur d’université, un administrateur des régies financières, un expert… Qui nous parle de flotte de plusieurs bateaux, dizaines de villas, comptes en banques bien garnis, voitures reluisantes, troupeaux, ceci ou cela ? Allez, viens, déclare ton bien et tais-toi ! Salut.
Sneiba El Kory