Coup de poing, de gueule, de pied, de tête, de genou ou de main ; coup tordu ou sale ; coup de vin, de thé, de lait ; coup d’Etat, de canon, de fusil ; coup de grâce, de cœur, de foudre, de blues, de chance ou de pouce ; coup de fil ou un coup de pute ; coup d’œil, d’épée dans l’eau ou, encore d’essai qui peut s’avérer véritable coup de maître. Et je ne vous compte pas les coups bas, les coups de palais, les coups de théâtre. Qu’est-ce qu’on peut donc bien faire, avec quelque chose comme trois cent cinquante millions de dollars ? « Le ventre se remplit », dit un adage de chez nous, « mais l’œil ne se rassasie jamais ». « Qui n’entend pas doucement », en rappelle un autre, « va entendre, en jour fortement ». Via, par exemple, un coup d’Etat, coup de palais ou coup du peuple, pour lui faire entendre raison et lui mettre les menottes aux mains. Eywe ! La vie n’est rien. Hier, tu es son Excellence Monsieur le Président. C’est le temps de la décade des « prodigieuses réalisations ». Tu es celui par qui tout a commencé. Celui qui a sauvé le pays. Celui qui a fait tous les coups possibles et imaginables pour le pays. Mais quand tu vas, ça y est, tu es le diable, la brute, le méchant, l’instigateur malveillant de tous les coups : mauvais, tordu, d’Etat et de palais. C’est comme ça, la vie. Les pages se tournent. Comme dans un livre. Sinon, où sont les autres ? Nos présidents nationaux de l’indépendance à aujourd’hui, qui en parle ? Surtout de ceux qui sont encore vivants ! Anonymat total ou exil forcé, attention à la fin ! Si tu n’es plus président, tu n’es plus président. C’est tellement évident, tellement simple. Mais c’est comme ça. Maintenant, si tu veux « affoler ta tête », pour rester Président avec le nouveau Président, en tout cas, au Palais, il n’ya qu’un seul fauteuil, juste pour faire asseoir un seul homme. Or, ils sont quelques-uns à y prétendre. Une bonne poignée. Aujourd’hui, aujourd’hui et pas demain. Candidat du consensus national, du Vivre Ensemble, du Salut. SMOB, MMAGAZ, KHB, BDA, Zembla, Rahan, Tintin, Ombrax. Les aventures et les bandes dessinées, les photoromans, Toi et Moi, Nous Deux. Dans les films des cinémas nouakchottois, entre la fin des années soixante et celle des années soixante-dix : Gomez, El Mouna, Sahara, Lejouad… le héros ne meurt pas. Loi implacable du cinéma, le héros ne meurt jamais. Il peut bien se blesser, se faire un peu surprendre par un des bandits. Mais ça va aller, c’est sûr. Il paraît qu’un groupe de généraux – d’anciens généraux – ne sont pas du côté de leur ancien frère d’armes. Coup de poignard dans le dos. Un militaire n’est militaire que lorsqu’il est militaire. C’est justement ce que les gens de l’opposition ne comprennent pas. En voici la preuve : d’anciens généraux devenus opposants. La discipline militaire, le treillis, les rangers, les ceinturons, les galons, les armes, les ordres, les garde-à- vous, les marquez-le-pas, tout ça reste dans les casernes. Il n’y a que les hommes qui viennent. Tout nus. Comme ça. Un militaire retraité est libre de fonder un parti, une association, une société de gardiennage, une école privée, un secrétariat public, une mosquée ou un « envoyer crédit » ; aller à l’opposition ; voire chez Daech ou Wagadu. Maintenant que les candidats promettent monts et merveilles, pour appâter les électeurs, y compris les créanciers de Cheikh Ridha… Vous savez, qui a besoin de mentir doit éloigner ses témoins. Les candidats pouvaient aussi promettre de reconstruire Notre-Dame de Paris. Une excellente promesse électorale. Ou promettre de participer à l’organisation d’un festival dédié à la réhabilitation des mythes Dogon, la remise à neuf de l’église centrale du Sri Lanka victime d’un coup de traîtres terroristes. Les promesses électorales n’engageant que ceux qui y croient, l’essentiel demeure de faire passer ceux qui les font. Un coup électoral, en somme. Salut.
Sneiba El Kory