Mohamed ould Cheikh Mohamed Ahmed ould Ghazouani, candidat à l’élection présidentielle mauritanienne de juin 2019, ancien ministre de la défense et ex Chef d’Etat Major Général des Armées (CEMGA), est en tournée à l’intérieur du pays depuis lundi soir. Il devrait faire toutes les capitales départementales de la République soit une soixantaine de circonscriptions administratives à bord d’un hélicoptère de l’armée.
Un moyen de transport qui devrait susciter quelques grincements de dents chez les concurrents, c'est-à-dire les autres candidats qui ne rateront pas une occasion de dénoncer l’usage d’un bien public à des fins et pour un intérêt privé.
Illustration avec la remarque de cet opposant: « ostensiblement, le candidat Ghazouani se voit affecter les moyens de l’Etat. Il confirme ainsi être l’otage d’un clan. Il faut le libérer en élisant un autre que lui, pour une retraite bien méritée ».
Pour la suite, on attend les explications et éventuelles «justifications » qui pourraient venir du directeur de campagne de Ghazouani.
Au cours de cette tournée, le candidat largement favori à l’élection présidentielle de juin 2019 en Mauritanie, est accompagné par une importante délégation au sein de laquelle on retrouve de nombreuses personnalités parmi lesquelles notamment Ethman Cheikh Eby Maali, président de la coalition des partis de la majorité qui a soutenu le régime depuis le putsch du 06 août 2008, jusqu'au référendum du 05 août 2017, en passant par l’élection présidentielle de juin 2014.
La délégation comprend également les représentants des segments de toute la société mauritanienne (femmes, jeunes), mais ses composantes changent suivant les différentes étapes.
Mais par rapport à ce point précis, certains organes de presse s’intéressent à la place et au poids de l’Union Pour la République (UPR-principal parti de la majorité). C’est le cas notamment du site d’informations en ligne de l’hebdomadaire « Le Calame » qui titre: «visite du candidat Ghazouani : ou est passée l’UPR?».
Une interrogation justifiée par un constat: « en effet, en dépit de son soutien affiché à la candidature du général Ghazouani, ce parti ne semble pas occuper une place de choix dans le dispositif de campagne du candidat de la majorité. Celui-ci semble jusque là privilégier les initiatives de soutiens par rapport aux partis politiques traditionnels. Une posture qu’il a déjà laissé apparaître à travers le discours prononcé lors du rassemblement dédié à sa déclaration de candidature ».
Sur l’agenda de la tournée, il faut signaler qu’elle a été entamée par Wad Naga, une localité située à une cinquantaine de kilomètres de Nouakchott, lundi après midi.
A près cette première étape, le candidat Ghazouani et sa délégation ont visité Bouilimit et Mederdra Avant de passer la nuit à Keur Macène. Le périple s'est poursuivi mardi par le département de Rkiz, puis la ville de Boghe.
Dans son mode opératoire de précampagne électorale, Mohamed Cheikh Ahmed ould Ghazouani, candidat de l’armée et du système qui tient les commandes de l’Etat de Mauritanie depuis plus de 40 ans, semble marcher parfaitement sur les traces de son ami et « complice » Mohamed ould Abdel Aziz, président en exercice, dont la candidature en 2019 est interdite par les dispositions constitutionnelles.
En effet, dans une Mauritanie en zone de hautes turbulences provoquées par la rupture de la légalité constitutionnelle suite au putsch du 06 août 2008, le candidat Mohamed ould Abdel Aziz avait fait le tour des départements du pays, réservant la campagne électorale proprement dite aux capitales régionales.
Sur la base du principe suivant lequel on ne change pas une formule qui gagne, l’ami Ghazouani reprend à son compte la même stratégie, qui avait permis une victoire d’Aziz au premier tour, avec 52% des suffrages exprimés. Un coup KO contesté à l’époque du l’opposition dénonçant « la fraude ».Cheikh Sidya, correspondant à Nouakchott
Source : 360 Afrique