Coup sur coup, la scène politique a subi de plein fouet deux évènements particulièrement symptomatiques de ce qu’elle sera dans un proche avenir.
Le premier est sans nul doute le méga-meeting qui s’est organisé (le pronominal n’est pas fortuit) à l’occasion de la déclaration, le vendredi 1er mars, de la candidature de Monsieur Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed à la magistrature suprême. Cette manifestation, qui n’a point bénéficié du « rameutage » musclé et/ou rétribué des Autorités gouvernementales ni du forcing de l’UPR et consorts, a tout de même suscité un engouement sans pareil et donné lieu à un attroupement digne des fins de campagne glorieuse.
D’emblée, si je ne saurais nier le fait que le parrainage supposé d’Aziz y a été pour quelque chose, je ne puis néanmoins l’admettre comme unique et essentielle variable explicative. En effet, hormis le parterre des officiels à l’affût des moindres signes pour se ruer vers les plus puériles soupçonnées miettes, la grande masse, restée aux abords du stade, était, quant à elle, mue et galvanisée par une irrésistible aspiration au changement. Cette foule venue de tout horizon, lassée du jeu pipé des urnes, implorait ardemment, mais sans hargne, un réel engagement du Généralissime et des képis étoilés pour l’avènement d’une Mauritanie moins méprisante de son être et plus soucieuse de son bien-être. Cette foule, appauvrie par tant d’années de sécheresse et de sauterelles et lassée des impostures, des contre-vérités et surtout de la contre-élite, est venue exprimer – et a osé le faire – son désarroi face au sempiternel matraquage de son ouïe et de sa conscience, la vouant au mépris et à l’enfer des haines suscitées.
Il est évident que, de par ce qu’il est dans le dispositif actuel et de par ce qu’il a été dans la vie de tous les jours, le Généralissime Ould Cheikh Mohamed Ahmed est considéré en ce moment, par une majorité des mauritaniens, comme le seul qui soit à même de nous ôter cette tunique de Nessus, que nous revêtons malgré nous, sans notre peau avec.
Le second acte qui fera date dans la mémoire collective fut également, sans nul doute, cet arrangement subtil par lequel, au lendemain du grand meeting, il a été mis fin aux jours du peu regretté feu l’UPR.
La disparition brutale et très probablement sans appel de ce creuset des influences malfaisantes est globalement vécue comme une délivrance dont les membres de l’UPR eux-mêmes sont les premiers à se réjouir.
C’est là aussi un avant-gout plaisant de ce que l’on souhaite voir suivre.
Nul parmi ceux très nombreux qui ont répondu à l’appel du Généralissime n’ignore la sincère et longue amitié le liant au Président ni le chemin parcouru ensemble. Cette camaraderie ne saurait aucunement ôter ni même biaiser l’espoir né de la candidature de cet homme fait d’un autre alliage, qui a toujours été lui-même et qui par son tact remarquable a su ne pas se faire immoler dans le magma fétide qui l’entourait.
Pour ceux qui en doutent, la lecture attentive des actes jusque-là posés permet de percevoir, au-delà du devoir d’équilibre, une bonne appréciation des problématiques du moment et une volonté de les transcender.
Il est par ailleurs normal, juste et même souhaitable que d’autres desseins promus par d’autres hommes puissent entrer en compétition avec celui du Généralissime. Il en va du pluralisme de notre système et de notre société plurielle, mais il me semble que si l’ère est au changement, elle l’est uniquement au seul qui se peut en ces moments délicats de notre longue et mouvementée histoire.