On l’avait peut-être enterré un peu tôt. Ould Abdel Aziz renaît, tel le phénix, de ses cendres. Depuis le communiqué, publié en catastrophe depuis les Emirats, où il demandait, aux députés, d’arrêter l’initiative visant à modifier la Constitution pour lui permettre de briguer un troisième mandat, notre guide éclairé faisait profil bas. Jusqu’à sa dernière sortie, à l’occasion de l’inauguration de quelques kilomètres de route bitumée, où le revoilà à s’emporter devant un journaliste lui demandant s’il présentait, effectivement, Ould Ghazwani à la future présidentielle. « Je ne l’ai pas présenté, il se présente lui-même », s’agace-t-il, sur un ton désinvolte, comme pour signifier qu’il en a assez de cette situation. La vidéo fait le tour du Web en quelques minutes. Les réseaux sociaux s’en emparent. La presse en fait ses (feuilles de) choux gras. Perceptible malaise. Sentant, après coup, la maladresse commise que « son » candidat risque de n’apprécier que très modérément, Ould Abdel Aziz cherchait une occasion de « se racheter ». Profitant d’une visite de l’UPR, pour assister à la réunion de la commission mise en place, à l’issue de son dernier congrès, pour assurer la gérance du parti, en attendant la désignation de ses prochains dirigeants, il est revenu sur ses déclarations de l’avant-veille. Exactement comme feu Ely ould Mohamed Vall, alors chef de l’Etat, déclarant, en 2006, devant un palais des Congrès médusé, que, pour la continuité de la Transition, il suffisait, aux Mauritaniens, de voter blanc à la présidentielle. La déclaration avait fait l’effet d’une bombe et les militaires, qui géraient le pays avaient failli en venir aux mains. A tel point que le lendemain, au micro de RFI, le colonel fut obligé de revoir sa copie. Quant au nouvel Aziz, « Ould Ghazwani est bien son candidat et celui de la majorité ». Si j’ai dit qu’il se présente lui-même, « c’est qu’il peut le faire et nous le soutenons ». Couleuvres, couleuvres…
A propos des deux milliards de dollars gelés aux Emirats, selon divers sites électroniques et bloggeurs, Ould Abdel Aziz s’est contenté d’annoncer que « les jours à venir verront éclater la vérité ». Quarante-huit heures à peine plus tard, deux bloggeurs et deux journalistes sont convoqués par la police chargée de la répression des crimes économiques, longuement interrogés sur leurs sources, avant d’être relâchés. Passeports et cartes d’identité leur sont confisqués, en attendant que leur dossier soit transféré à la justice. Comme dans l’affaire Ould Ghadda lorsque des sénateurs, des journalistes et des syndicalistes furent privés de leur liberté de mouvement pendant une année entière. L’instruction de leur dossier achevée depuis plus d’un an et demi, ils n’ont toujours pas été jugés. L’histoire est un éternel recommencement ? En sa version azizienne, elle ondule plus précisément entre bourde et rabâchage de bourde, en boucles.
Ahmed ould Cheikh