Il y a quand même une chose sur laquelle tous les Mauritaniens sont d’accord. Je dis bien tous. Sans exception. Rien à faire pour confirmer la règle. Tous les Mauritaniens : les militaires et les civils. Les gens de la majorité et ceux de l’opposition. Les grands et les petits. Les jeunes et les moins jeunes. Les femmes et les hommes, les homosexuels et les tout ce qui va avec. Les en activité et les à la retraite. Les publics et les privés. Les hommes d’affaires et les hommes à ne rien faire. Les clowns et les troubadours. Les ministres et, même, le Président. En tout cas, l’actuel. Le futur, on ne préjuge de rien. Attendons de voir, puisque, comme vous le savez, l’appétit vient en mangeant. Une chose sans laquelle rien ne va, voire tout est même foutu. Une chose qui n’est pas née pour être haïe. Une chose qui ressemble à du feu : plus son bois augmente, plus son incandescence s’intensifie. Au moins, donc, une chose sur laquelle tous les Mauritaniens sont d’accord. Pour une fois. Même si une fois n’est pas coutume. Vous savez, qui n’a rien, n’est rien, ne peut rien. Tous les Mauritaniens sont d’accord que l’argent, c’est bon. Que tous les moyens sont bons, pour en obtenir. Légalement ou illégalement. Peu importe. Mensonge ou hypocrisie, chipeco, faux et usage de faux, braquage de banque ou de démocratie, squat de terre, de ciel ou tout ce qui est possible et impossible, imaginable ou inimaginable. Puisque, sans argent, où va le monde ? Où vont les présidents ? Où vont les ministres ? Les hommes et les femmes ? L’argent est la logique de l’existence. La preuve : sans argent, rien, le néant. Regardez comme c’est vide, autour de l’opposition. C’est parce que, là-bas ; il y a pas d’argent. Or, c’est connu, on ne lèche que le doigt où il y a quelque chose. Imaginez un peu si l’opposition en avait, de l’argent. Elle aurait choisi son candidat depuis très longtemps. Feu Habib disait un peu ainsi, sur l’inconsistance des Nou’zautres : l’un de nous vient dans une boutique et demande au toujours-debout : Tu as des cigarettes ? Tu as des bonbonnes de gaz ? Des amuse-gueules ? Des pantalons ? Du thon ? C’est bien, donne-moi un pot de Gloria. Venir de très loin, en contournant, tournant et se retournant, pour arriver à une simplicité qui frise la forfaiture. Qui va vers Allah doit y aller directement. De la majorité soit-il ou de l’opposition. Rien sur ce qui s’est passé un certain 15 Janvier, avec le fameux communiqué de la Présidence, annonçant la fin des manœuvres pour un troisième mandat. Coup d’Etat ou révolution de palais ? Derrière tout ça, il y a encore une affaire d’argent. Sinon, qu’est-ce qui faisait bouger tous ces manœuvriers ou toutes ces manœuvres ? Evidemment que ce n’est pas le Paradis. Les Mauritaniens n’ont pas « donné son eau » à cette histoire de communiqué du 15 Janvier qui aura son « après ». Candidat unique ou uniformisé, c’est tout comme. Ould Boubacar ou Ould Bouamatou ? Deux BB (Bataillons Blindés). Salah connaît bien comment les manipuler. Une présidentielle, ce n’est pas seulement des dizaines d’années de ‘’Devr’e’’ (dénuement) et de dèche, agrémentées de marches sans fin ni tête ni queue. Ce n’est pas seulement des dizaines d’années de pleurnichement d’élections jugées, à tort ou à raison, truquées ou manipulées. Ce n’est pas que des dizaines d’années de coups bas, coups souterrains, compromissions, calculs et dévoiements en tout genre. Une présidentielle, c’est de l’argent. Sans lequel il n’y a rien. Il faut bien se le dire. Sans argent, c’est comment qu’on va faire ? Les beaux yeux et les principes ne suffisent pas, hein ! L’argent, c’est le nerf de la présidentielle. Quand t’as pas ça, les gens ne vont rien voir ni entendre. Responsables en tête. Les gens de la majorité sont à la majorité, parce que des institutions comme la BCM, la SNIM, les ports, la zone franche, le Budget, le Trésor, la Direction générale des Douanes, la direction Générale des Impôts, les banques primaires, les grands bureaux de change, les patrons, les bâtiments et travaux publics, les salons de coiffure de Tevragh Zeina, les hammams et leurs anciens et nouveaux tenanciers, les FAS, les grandes maisons d’édition et de toute autre activité louche ou non sont de la majorité. Comme quoi, sans argent rien ne va. Salut.
Sneiba El Kory