Tu es mêlé à une guerre que tu n’as pas choisie,
Tu écris avec une arme et danse une épée à la main,
Tu chantes les vers de la haine des cœurs moisis,
On t’a volé ton présent et noirci tes lendemains.
Dans les rues de la capitale, je te croise au feu rouge
Où tu sembles élire domicile, toi le joli poisson rouge ;
J’avais espéré te voir dans l’aquarium de l’école,
Mais la pauvreté t’a poussé à demander l’obole
Poisson d’eau douce qui veut se jeter à la mer,
À la merci des houles du nord et des requins.
Connais-tu le goût du sel marin blanc et amer ?
Pourquoi quittes- tu tes racines, jeune Africain ?
Sais tu que, si ici tu enflammes, fascines et illumines,
Là- bas, on te blâme et condamne ce que tu rumines
Méfie-toi de ce qui brille pour de l’or ou de diamant.
Ils sont souvent acquis de ta sueur et de ton sang.
L’arbre ne tient que par ses racines en eaux profondes,
Enfouies dans le sol et nourri d’odeurs nauséabondes ;
Prends ton mal en patience, et soigne-le à la racine
Si tu veux écrire une belle histoire à l’encre de Chine.
Ton ennemi est ton immense complexe d’infériorité,
Ta plus grande ignorance est celle de ton histoire fière,
Tu as été vendu par le passé par tes chefs et tes frères,
Tu es aujourd’hui une action cotée à la bourse des minorités.
Je t’écrirai les rêves trahis de tes nobles aïeuls,
Pour que tu apprennes à respecter ton milieu ;
Je t’apprendrai à travailler ton intelligence
Qui est la seule portée à sauver ta naissance.
Je t’apprendrai à mieux avoir confiance en toi,
Et ne pas compter sur l’aide qui vient du toit ;
Je t’expliquerai que partir requiert du courage,
Mais rester est le devoir de ceux qui ont la rage
De protéger ton beau continent agressé de partout
Par ceux là qui profitent seuls de ses beaux atouts.
DIENG YERO Nouakchott, le 19 Décembre 2018