Un bel adage naquit, au temps de la guerre du Sahara. Relevant la capacité des militaires à se substituer les uns aux autres, les femmes disaient : « un militaire meurt, un autre le remplace ». Ce souvenir m’est revenu à l’esprit, mine de rien, je ne sais même pas pourquoi. Sauf, peut-être, d’avoir vu, tout récemment, une photo d’Ould Taya largement relayée par les réseaux sociaux. Du coup, deux anecdotes me reviennent en tête. Pour ce qui est de la première, une femme, il ya de cela très longtemps, était l’épouse d’un sadique qui trouvait plaisir à la marquer au feu d’un bout de bois incandescent, partout sur son pauvre corps martyr. Et la pauvre victime usait de tous les stratagèmes pour se défaire d’un mari si pervers. Elle y parvient, grâce à Dieu, et se remarie avec un autre… qui lui fait subir le même supplice mais, cette fois, avec deux gros gourdins incandescents ! Et de prier Dieu, alors, pour en revenir au premier et à son seul petit bâton ardent. Pour la seconde anecdote, un homme ne « voyait, sur sa femme, » que de ne lui produire que des filles. Il la divorce et en prend une autre… qui lui « lance », dès son premier accouchement, trois nouvelles filles ! Et de retourner derechef à la première, en grommelant qu’« au moins, celle-là elle les emmène une à une » ! Un militaire en remplace un autre. Des colonels ou des généraux. De brigade ou de division. Les Mauritaniens sont facilement adaptables. Comme des chargeurs. C’est depuis soixante-dix-huit qu’adaptés, ils s’adaptent. Comme au relais quatre fois quatre cent. On se passe le témoin. D’un colonel à un colonel. Puis d’un colonel à un « colonisé » : petite éclaircie… Puis un général. Puis un général à un général. Merci, les réseaux sociaux, de nous montrer les choses. Partout, c’est la bousculade, à la mosquée, pour faire place au futur Président. Pourtant, normalement à la mosquée, il n’ya ni soldat, ni caporal, ni colonel, ni général qui tienne. Tu viens avant les autres, tu t’assoies devant. Tu viens après, tu t’assoies derrière. Si l’hôpital se moque de la charité, la mosquée s’en fiche des généraux et, même, des présidents. Enfin, bref, quelle frénésie à se dégoter des aïeuls originaires de ou forts de quelque connexion historique avec Boumdeïd ! Plus cela que moi, tu meurs ! Et il n’y a toujours pas mieux qu’un bon méchoui/thé/boissons/femmes bien maquillées, pour délier les langues et enterrer les haches de guerre. La preuve, au dîner organisé, par la majorité, pour faire avaler la candidature de l’autre général : OuldMaham, Ould Baye, Ould Houmeid, ; tous en chœur : Vive le général-président ! Vive le général-candidat ! Vive la démocratie carabinée ! Militarisée. Toute la majorité, derrière de la direction éclairée, à déjà préparer la cérémonie d’investiture du dixième président de la Mauritanie. La campagne. Les élections. L’opposition et son candidat unique. Tout ça, des formalités. Avec ce dixième, tous les points cardinaux auront eu leur président. Le centre. Le haut. Le bas. Le fond. Le comble. L’envers. L’endroit. L’entre-deux. Surtout pas cette logique ethnico-communautaire, pour nous entendre dire : un président négro-africain, un président harratine, Un président forgeron, griot, thioubalo, ceci ou cela. Pas de quotas ! Nous sommes un pays démocratiquement militarisé. Or, comme l’écrivit quelqu’un passible de poursuites, pour haine et racisme : « sur les vingt-sept généraux en activité, pas même un seul noir de chez négro ». D’ici peu, avec les importantes ressources gazières, les disparités vont disparaître, d’elles-mêmes. Tout le monde : les maures blancs, les maures noirs, les noirs de Mauritanie, les femmes, les hommes, les généraux, les sans grades, les militaires, les civils, chacun va rouler sur le gaz. Attention aux allumettes et aux briquets ! Grands fumeurs s’abstenir. Le gaz est très inflammable. Et quand ça fuite, sa puanteur est envahissante. Exactement comme celle du poisson et du pétrole. Gaz, pétrole, poisson, fer, or, cuivre, phosphate. Un cocktail vraiment explosif. Oléoducs. Masques à gaz. Argent à profusion. Villas pour tous. Centaines de milliers d’emplois. Et un petit quiz, pour finir : quel député a dit : « tout ça, c’est grâce à notre vaillant président sortant » ? Parlement du Rire. Salut.
Sneiba El Kory