L’approche de l’échéance présidentielle du 24 février 2019 fait monter la mayonnaise, conformément à une vieille tradition politique chez nos voisins du Sud.
Les premiers signaux de la tension entre différents protagonistes sont perceptibles et visibles depuis très longtemps. Mais un événement est venu provoquer le courroux du Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR), qui regroupe l’essentiel de l’opposition.
Ce collectif est en colère contre les présidents de Côte d’Ivoire et de Mauritanie, Alassane Dramane Ouatara et Mohamed ould Abdel Aziz.
A l’origine, des déclarations faites samedi dernier à l’investiture du candidat Macky Sall pour l’élection présidentielle du 24 février 2019, à l’occasion d’une cérémonie aux allures de show à l’américaine, organisée dans une enceinte du « Dakar Arena » pleine comme un œuf, poussant de nombreux militants et sympathisants à rester hors de la grande enceinte.
Dans une lettre adressée aux 2 chefs d’Etat, la conférence des leaders du Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR) « exprime surprise et consternation » face aux propos tenus par Ouatara et Aziz.
Ces 2 leaders ont souhaité une victoire du candidat Macky Sall à la présidentielle de février 2019 pour « ses qualités d’homme d’Etat et son attachement à la paix ».
La lettre du FPDR rappelle que pour « beaucoup moins, l’ambassade du Sénégal en Côte d’Ivoire a été envahie par des jeunes militants », pendant la crise électorale de 2010/2011 à Abidjan.
Le FPDR affirme que le Sénégal « se dirige vers l’élection présidentielle la plus risquée de son histoire politique. Pour la première fois, le candidat sortant instrumentalise la justice à l’effet d’empêcher la candidature de ses principaux opposants, Karim Wade et Khalifa Sall.
Le gouvernement refuse ouvertement l’application des dispositions du Code Electoral, notamment l’article L48, qui donne aux partis politiques un droit de regard et de contrôle sur le fichier électoral.
Dans un tel contexte, les citoyens sénégalais se mobilisent contre ce déni de justice, comme en atteste leur participation massive à une marche populaire organisée le 29 novembre dernier, avant veille de vos déclarations et propos, qui sonnent comme une ingérence inadmissible et une pression scandaleuse.
Quand vos deux (2) pays ont été confrontés à une situation comparable, le Sénégal a adopté une démarche fraternelle visant à encourager le dialogue et le consensus. Aujourd’hui, vous choisissez un camp, celui du coup d’état électoral de Macky », écrit le FPDR.
Le président Abdoulaye Wade, dont les partisans constituent la frange la plus significative de l’actuelle opposition sénégalaise, avait été accusé par l’opposition mauritanienne d’avoir grandement contribué à la «validation » du coup d’état militaire du 06 août 2008.
Maître Wade avait même légitimé ce coup de force par le prétexte d’une «décapitation » de l’armée par le président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, qui avait tout juste usé de ses prérogatives constitutionnelles en limogeant à 2 à 3 généraux derrière une fronde de députés.
Le FPDR dénonce « les ingérences » africaines au moment ou il fait le tour des chancelleries occidentales pour vilipender le pouvoir du président et exiger « un rappel à l’ordre ».
L’opposition sénégalaise pense-t-elle réellement que les avis et souhaits de chefs d’Etat étrangers puissent avoir une influence sur l’électorat d’un qui a connu 2 alternances ?
Le 24 février 2019, ce sont les sénégalais qui vont décider en définitive.
Au finish, ces gens qui ont exercé le pouvoir pendant 12 années, savent parfaitement qu’au Sénégal, la fraude n’est plus possible depuis 2000. Mais ils adoptent l’attitude d’un lutteur qui conteste sa défaite avant d’avoir livré le combat.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.