Lorsque nous étions petits, mes amis et moi – c'est-à-dire, il ya longtemps…. relativement longtemps, un peu plus de cinquante ans –nous pensions que le Président n’allait ni à la douche ni aux WC ; qu’il était un extraterrestre, capable de tout faire à tout le monde ; qu’il ne mangeait pas ; ne buvait pas, ne dormait pas. Un être hors normes, extraordinaire. Au milieu des années 70 (vers 1975), nous eûmes, mes amis et moi, l’occasion de voir un Président. En chair et en os. Feu Moktar entreprenait un périple avec le ministre de la Route, Hasni ould Didi, pour s’enquérir de l’avancement des travaux. A l’étape d’Aleg, nous eûmes aussi l’occasion de découvrir, pour la première fois, un écran. Le film qui nous subjugua, durant toute la soirée, c’était la diffusion et la rediffusion en boucle des étapes du voyage de Monsieur Le Président. Tout cela pour dire qu’à nos yeux ébahis, un Président, c’était quelque chose d’extraordinairement extraordinaire. Si ton père, ton oncle ou un quelconque proche de toi était le boy, le chauffeur, le planton ou le bouffon du Président, cela signifiait que tu n’étais pas n’importe qui. Mais, avec le temps, les choses ont changé. Depuis cette maudite réunion de La Baule. Depuis cette démocratisation. Depuis qu’on peut dire n’importe quoi à un Président. Dégage. Zéro. ZUUUUUUUUUUUUUUUUUT. Comme l’autre soir au stade Cheikha ould Boydiya. Alors que c’est le Président qui a qualifié les Mourabitounes, ainsi que l’a annoncé l’AMI, l’Agence Mauritanienne d’Information. En Mauritanie, on va même plus loin : on vole le Président, on pénètre au fond de sa demeure, à plusieurs centaines de kilomètres, pour s’emparer de ses effets personnels ! C’est quelle insolence, ça ? Quel outrage, quelle irrévérence ! Un président, c’est quand même un symbole de l’Etat. Le pauvre homme en fait une crise d’hystérie. Pas à cause d’un maudit écran-plasma ou quelques boubous ezbi de qualité, non, Mais parce qu’aller jusqu’à voler Le Président !!! Et en fin de règne, qui plus est ! C’est vraiment pas gentil. Même si c’est démocratique que de voler tout le monde : Le Président, les ministres, les directeurs généraux, la police, l’armée, la mosquée, l’université… On vole les femmes. On vole les hommes. On vole tout. Même les élections. Tout le monde vole. Du sommet à la base. L’opposition. La majorité. La presse. Je ne dirai pas que le président vole : je n’ai pas envie d’aller en prison, moi. Mais, en tout cas, il ya quelque chose qui cloche dans ce pays. Regardez Marc Christian Kaboré et ses échangeurs à Ouagadougou. Un pays qui émerge. Mais je n’ai pas envie de parler du TGV de Rabat, ni de la route à péage de Dakar : c’est la sous-région. Les festivals des villes anciennes. Pour faire quoi ? Transformer Oualata de mouroir à foutoir ? Pour débiter des inepties, via des poèmes bidons vantant on ne sait quelles réalisations, on ne sait quels mérites, on ne sait quelle histoire. Vraiment quelque chose qui ni n’avance ni ne recule. Pour aller, ensuite, se la raconter et rire, sous cape, de ces soirées ubuesques et moribondes où la platitude le dispute à la médiocrité. Tout cet argent claqué aurait bien servi à quelque chose de mieux. Le cinéma des festivals des villes anciennes, l’organisation alternée de la Fête de l’indépendance, les régulières et intempestives visitations présidentielles, Il est temps que cela serve à quelque chose. Les milliards dépensés auraient bien pu permettre le développement harmonisé de ces contrées recluses juste bonnes, actuellement, à servir, à tour de rôle, de scène de mauvaise facture. Et donner chance à des hauts parleurs humains de mauvais augure (poètes, officiels et troubadours) de ne pas rater une excellente et opportune occasion de fermer leur détestable g… Heureusement qu’il ya eu la qualification à la CAN. Un peuple uni. Requinqué. Réconcilié. Le temps de savourer une victoire historique qui fait renaître l’espoir : rien n’est donc impossible, dans la vie. Salut.
Sneiba El Kory