La décision « historique » d'Interpol d’effacer les « notices rouges » concernant Mohamed ould Bouamatou et Mohamed Debagh fera date. En relevant « la dimension politique prédominante dans cette affaire », l’organisation internationale impose, en effet, de pertinentes limites au droit des Etats à poursuivre leurs ressortissants. Et, certes, comme ont rappelé ses avocats, maîtres William Bourdon et Elyezid Ould Yezid, ce plus polichinelle des secrets, « Ould Bouamatou n'a jamais caché qu'il soutenait légalement l'opposition mauritanienne, notamment financièrement, afin de favoriser la démocratie en Mauritanie ».
La supercherie azizienne – crimes transfrontaliers ? Expert en la matière, notre Ghanagâteur national n’a jamais eu froid aux yeux… – aura tout même tenu assez longtemps pour empocher des élections municipales, régionales et parlementaires où l’argent de Bouamatou aurait, évidemment, apporté un contrepoids, certain, aux corruptions en tout genre ouvertement développées par le pouvoir… Lendemains qui déchantent ? Quoique la justice mauritanienne se révèle toujours impuissante à émettre – et pour cause – le moindre jugement dans le dossier « Bouamatou et consorts », l’objective position d’Interpol ne signifie pas encore la liberté retrouvée de mouvements et d’actions de notre célèbre mécène – et opposant déclaré – en sa propre patrie. Mais, patience, cher Mohamed : le mensonge est bel et bien fissuré. De bon augure, à quelques mois de la présidentielle ?
De quoi, en tout cas, se tâter, « là-haut » : repriser, à la hâte, le tissu de calomnies, au risque de le voir se déchirer définitivement et de se retrouver embourbé, jusqu’au cou, sinon par-dessus la tête, dans l’infâmerie d’une ingratitude enfin étalée à la face du monde, après celle de la Mauritanie ? Ou feinter, gagner du temps, s’éclipser, en douce, en « abandonnant » la place à un alter ego moins mouillé, et juste assez de champ, à l’opposition, pour se parer, lui, du titre de promoteur d’une démocratie en gestation… au risque d’assister à sa naissance prématurée ? On a dit, à tort ou à raison, Ould Abdel Aziz fin stratège. S’il se croit peut-être le meilleur, cela laisse à supposer qu’il sait n’être pas seul, en cet art d’autant plus difficile qu’il y a toujours, au-dessus de « là-haut », un « encore-plus-là-haut ». Fortuite, donc, la décision d’Interpol, dans le puzzle de la politique mauritanienne ? Ouvrez grand les yeux, messieurs-mesdames, la partie n’est plus tout-à-fait fermée…
Ahmed Ould Cheikh