Le chef de l’Etat reprend demain sa campagne électorale en faveur de l’UPR, commencée prématurément à Néma et Kiffa et ouverte à Nouakchott.
Certes, on ne peut contester à un président de la république, dans un pays démocratique, son droit d’afficher son soutien à tel ou tel parti ou à tel ou tel candidat. Le fossé est cependant très grand entre le fait de qu’un président appelle à voter pour un parti politique donné et qu’il dirige lui-même la campagne de ce parti, paralysant l’Etat et bloquant les intérêts des citoyens tout au long du processus électoral, pour s’adonner entièrement, avec ses ministres et des dizaines de hauts fonctionnaires à la campagne.
Le fossé est très grand lorsque l’ouverture officielle de la campagne de ce parti, se réduit à un discours du chef de l’Etat, comme si le parti en question n’avait pas de président, ni de directoire autres que le chef de l’Etat lui-même ; surtout quand la Constitution lui interdit formellement d’appartenir à une quelconque instance dirigeante d’un parti politique, afin de tenir cette haute charge éloignée du bourbier de la polarisation partisane et empêcher d’instrumentaliser son pouvoir et son crédit au profit d’un acteur politique contre d’autres.
Le fossé est très grand lorsque le chef de l’Etat utilise son pouvoir et son autorité pour faire pression sur les citoyens et les instruire publiquement et sans vergogne, de quitter leurs partis et de retirer leurs listes candidates pour rejoindre son parti à lui et pour voter en faveur de ses listes, sous le coup de la menace et l’intimidation.
S’agissant de l’utilisation des moyens de l’Etat, il suffit de citer, comme exemple, la mobilisation par le chef de l’Etat de trois avions des flottes civile et militaire pour l’ouverture de sa campagne prématurée à l’Est du pays : l’un pour l’amener à Kiffa, l’autre pour l’amener Néma, qu’il a quittée à bord d’un troisième pour se rendre à Nbeiket Lahwach. On peut également se contenter de rappeler le spectacle humiliant de la Capitale du pays plongée dans l’obscurité, alors que la campagne du parti du gouvernant baignait, toute seule, dans la lumière, comme si elle se déroulait sur une autre planète. C’est que, bien évidemment, les institutions de l’Etat qui avaient aménagé le lieu, avaient assuré toutes les prestations pour cette campagne et pour elle seule.
Les agissements du chef de l’Etat durant cette campagne, qui sont contraires au texte et à l’esprit de la Constitution et aux usages démocratiques, ont été interprétés par l’ensemble des autorités comme exemption du devoir de réserve prescrit par la loi, au point que certains administrateurs, et mêmes certains militaires, n’ont plus de vergogne à s’afficher, en uniforme, aux premières loges des cérémonies de campagne du parti du pouvoir, afin de faire plaisir au chef de l’Etat et de s’attirer ses faveurs.
Ces comportements à la limite de l’hystérie témoignent la panique du régime, après avoir constaté l’’évaporation’’ des adhérents fictifs de son parti et senti l’échec programmé de son plan visant à se maintenir et à poursuivre le holdup et le pillage qu’il exerce sur le pays.
Le FNDU :
- Condamne fermement les agissements anticonstitutionnels du chef de l’Etat, consistant à diriger personnellement la campagne d’un parti politique et à abuser du pouvoir et des moyens de l’Etat pour faire pression sur les citoyens et les hommes politiques et les menacer afin de les amener à voter de l’UPR.
- Appelle l’ensemble des citoyens et des forces vives, ainsi que les partis politiques et les candidats, à faire face à ces agissements indignes qui témoignent de la faiblesse de la position du pouvoir et de sa panique. Il les appelle à s’unir afin que triomphe la volonté des électeurs et pour que soit déjoué cette agression scélérate contre les acteurs politiques nationaux par celui qui est censé être le garant de la Constitution et des libertés individuelles et publiques.
Nouakchott, le 23 août 2018
LE FNDU