Les prochaines semaines de l’année 2018, seront déterminantes. En effet, après les hésitations, les incertitudes, les pourparlers, les chutes et les faux départs, enfin, dans trois semaines, tous les concurrents aux élections législatives, régionales et municipales aborderont la dernière ligne droite.
D’un bout de l’éventail à l’autre, sous forme de réunions, de commissions ou d’actions, d’objectifs, d’actions, le dernier effort pour le sprint final sera entamé.
Durant les 3 prochaines semaines, les Mauritaniennes et Mauritaniens n’entendront parler que de politique, ne parleront exclusivement que de politique. Ils seront flattés, caressés dans le sens du poil ; on leur promettra la lune, des trésors cachés ; on leur miroitera des jets de pétrole (on en a besoin) sous leurs pieds et leurs pas. Les candidats ne manqueront pas de leur promettre des cornes d’abondance sans limites avec des richesses qui leur tomberont sur la tête. Tel est le prix, semble-t-il, à payer pour vivre sous le seul régime acceptable, tel est le revers de la démocratie.
Mais tout cela ne durera que l’intervalle de quelques semaines ; puis on s’apercevra que la réalité est têtue. Les entourloupes étant courantes et les espoirs très souvent déçus, formulons quelques souhaits, d’abord à l’attention des électeurs et, ensuite, aux partis politiques.
Attention à la magie des mots
Aux électeurs, je vous recommande de penser si possible à autre chose qu’à la seule politique, car que l’UPR (qui prétend détenir la Majorité avant même que les élections n’aient lieu) l’emporte ou que l’opposition, la politique, de toutes façons, ne suffira jamais à vous donner la sérénité, le bonheur, le goût du savoir, du travail bien fait, de la compréhension de l’autre.
Donc ne vous laissez pas intoxiquer, aérez-vous, ne suspendez pas votre destin collectif ou privé aux dés fascinants et pipés de la classe politique. Ne fermez pas les yeux, ne vous laissez pas bercer par les promesses et les joutes oratoires des politiciens. Regardez, comparez, critiquez, jugez, jaugez, souvenez-vous. Malgré les récitals des bons apôtres et leurs hypocrites dévotions, ne jugez l’arbre que d’après ses fruits. Exigez des partis politiques d’épouser le réel, d’éviter de parler de grands idéaux in abstracto, ne pouvant les faire appliquer au concret, de tenir compte de la société telle quelle, de proposer des solutions judicieuses pour son développement, plutôt que de transporter la bataille sur le seul terrain qu’ils maîtrisent ; ne vous contentez pas de la magie des mots, regardez plutôt les choses en face, autrement vous risquez d’être, pour une énième fois, le dindon de la farce de ce que nous appelons chez nous encore la Politique.
Mais, hélas, malgré tout, je vous recommande de penser à la politique car, même si celle-ci est bien peu de choses, qu’on le veuille ou non, tout passe par elle.
Aux leaders des partis politiques, je rappelle que la politique est une activité noble, l’art de gérer une société, la transformer, de satisfaire toutes ses ambitions et d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir – démocratiquement, s’entend.
La vraie politique est le contraire de l’arbitraire, de l’improvisation, de la démagogie, de tout ce à quoi s’adonnent souvent ceux qui sont tout sauf des vrais hommes politiques : les aventuriers, les usurpateurs, les amateurs, les dictateurs...
La politique est un métier qui s’apprend. C’est l’art de gouverner, de prévoir ; il faut en avoir la vocation et… le talent. La politique est un dessein cohérent à long terme qui englobe tous les problèmes et toutes les difficultés de l’homme : son niveau de vie, sa vie intime, son lit, sa table, les arbres qu’il regarde, les villas qu’il construit, ses troupeaux de chameaux, les endroits où sont ensevelis ses ancêtres, ses enfants d’après-demain, sa communauté, pour tout dire, sa liberté.
La politique, comme le dit un grand penseur, « Ce n’est pas choisir le possible, c’est-à-dire l’apparence et le médiocre au lieu de rendre possible ce qui semble impossible ou ce qu’il est convenu de regarder comme tel. La vraie politique est celle qui s’inscrit dans l’histoire et qui fait l’Histoire, c’est plutôt la réalisation de l’impossible. Seuls ceux qui ont le caractère de vouloir ce qui paraît impossible au grand nombre ont une parenté profonde avec le réel, des rapports créateurs avec lui ».
Aussi, pour ceux qui veulent jouer un rôle politique, sachez assumer votre engagement et vos choix politiques ; ne soyez pas de ceux qui, désabusés, s’écrient « Ah si je l’avais su ! », car ce serait trop tard…
Séparer le bon grain....
Trois semaines seulement nous séparent des élections générales ; et c’est donc maintenant qu’il faut juger les candidats ; les juger sur leurs discours et propositions, la sincérité de leur intention, leur intégrité. Sont-ils capables de réaliser les objectifs communs, l’intérêt de tous ?
C’est maintenant qu’il revient à chacun de faire le bon choix ; le choix de la bonne graine contre l’ivraie. Que chacun ouvre donc l’œil – et le bon ; que chacun sache porter son choix sur le bon candidat et évite de succomber sous le charme des vendeurs d’illusions, les rois du tintamarre, de la propagande ; en un mot les Tarzans du verbe ; que chacun, enfin, sache discerner le bon grain sous la paille dorée des mots.
C’est donc le moment pour l’électeur de refuser l’accaparement du pouvoir par les vieilles factions qui font de la politique un fonds de commerce et qui, sous des étiquettes lustrées, trompent la religion de ceux qui donnent leurs suffrages.
A tous les électeurs, je recommande, enfin, dans leur choix, de s’éloigner de la subjectivité et du sentiment ; de ne pas voter sur un coup de tête ou un accès d’humeur ; de ne pas donner un chèque en blanc à des individus qui n’ont qu’un seul souci : se hisser au sommet.
Pensons au pays, à la Nation, à l’État et non à la tribu, à l’ethnie ou l’ambition personnelle.
Choisissons bien. Choisissons raisonnablement. Pour un avenir meilleur. Pour tous et pour tout un chacun.