La CLTM « Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie » déplore l’usage de la force disproportionnée à l’encontre des Dockers grévistes qui ne font que réclamer leurs droits fondamentaux et constate l’immixtion manifeste de l’Etat pour faire renoncer aux travailleurs leurs réclamations légitimes.
Ce mépris nocif à la paix sociale malgré nos injonctions faites sur le respect des dispositions légales et réglementaires traduit le manque de discernement et d’ouverture au dialogue du Patronat et de l’Administration du travail.
La décision unilatérale du Gouvernement de dissoudre BEMOP « Bureau de la Main d’œuvre Portuaire » qui en droit devrait faire l’objet de négociations avec les Organisations syndicales pour la préservation des droits des travailleurs vu la complexité de l’opération et l’effectif considérable tant à Nouakchott qu’à Nouadhibou a créer une situation d’inquiétude chez les travailleurs quant à la préservation de leurs droits.
Dans de telles situations, l’accord entre l’ancien et le nouvel employeur doit respecter les droits des travailleurs notamment les droits acquis, le salaire de base, l’ancienneté qui détermine les indemnités de licenciement et de départ à la retraite pour ceux qui sont atteints par la limite d’âge.
Or dans leurs transactions juridico-administratives il a été convenu le licenciement de 567 Dockers occasionnels, 643 jugés inaptes et 300 atteints par la limite d’âge devant faire valoir leurs droits à la retraite.
Les Dockers restants après cet assainissement sont livrés à un sous-traitant sous forme d’exploitation pure et simple de ces travailleurs qui seront utilisés comme de la marchandise que le sous-traitant vendra aux manutentionnaires étant entendu que ces Dockers jugés aptes perdent tous droits et toute relation légale avec l’ancien employeur BEMOP.
Le nouveau sous-traitant refuse de reconnaitre ces travailleurs en tant que tels avec lesquels il devrait établir des contrats de travail et continuer à verser leurs cotisations à la CNSS tout en conservant leur ancienneté.
Or, aucun motif valable n’a été fourni pour licencier autant de travailleurs d’autant plus l’inaptitude de ces Dockers peut résulter d’une maladie professionnelle et doit être attestée par un médecin agréé avec possibilité de contrexpertise en cas de contestation de l’une des parties.
De surcroît, BEMOP décide unilatéralement d’accorder un montant forfaitaire de 36 000 N-UM à ceux qui sont atteints par la limite d’âge sans tenir compte du Salaire Global Moyen Mensuel n’ont plus de l’ancienneté qui sont la base pour calculer les indemnités de départ à la retraite. Il est absurde qu’un travailleur qui totalise 30 ans exercice perçoit le même montant que celui qui n’a que 10 ans. Cela dépasse l’entendement.
Dans ce bras de fer entre les Dockers et le Patronat qui dure depuis 2014 il est logique que les Dockers fassent recours à la dernière arme dont ils disposent notamment la grève qui est garantie par le Code du travail en son chapitre V section I
L’Etat et le Patronat ont toujours opté pour le pourrissement de la situation et procédé à des interventions musclées pour intimider les travailleurs allant jusqu’à arrêter et incarcérer depuis quelques jours certains militants grévistes.
La CLTM, partant de ces agissements malencontreux, a l’impression que le Patronat est au dessus de la Législation mauritanienne avec la complicité du Gouvernement qui lui permet de violer sciemment la réglementation en vigueur.
La CLTM rappelle que personne n’est au dessus de la loi et qu’elle doit s’appliquer à tout contrevenant quel qu’en soit son statut et qu’il est du devoir de l’Administration du travail de faire respecter les dispositions légales et réglementaires pour faire régner l’ordre et la discipline.
La CLTM condamne avec la plus grande fermeté les agissements brutaux des forces de l’ordre et exige sans conditions la libération immédiate des Dockers grévistes et d’ouvrir un dialogue afin de trouver une solution dans le respect de la réglementation en vigueur de manière à garantir les droits de ces travailleurs.
Fait à Nouakchott, le 3à Juillet 2018
Le Comité Exécutif