Cet œil de la Certitude, il n’aura pas fallu attendre la tombe, aux Compagnons aveuglés, à Ouhoud, par la perspective du butin, pour s’en voir éveillés. C’est la cavalerie de Khalid – bien évidemment à son insu : les voies de Dieu sont impénétrables… – qui se chargea de leur en imposer l’ouverture. Et le flot de leurs larmes, arrosant la mort de Hamza et de ses soixante-neuf camarades, prémisses à leur floraison certaine dans l’éternité…
Mais quelle cavalerie, aujourd’hui, nous rappellera à la tenue de nos lignes ? Quel est donc l’ennemi qui assaille notre foi ? Des nuées d’objets et de convoitises s’abattent, journellement, sur elle, comme des criquets affamés. Le butin est partout. Raison d’être, probablement, d’une société mondialisée de l’en-dehors, consommations et spectacles. Ne perdons donc pas notre temps à désigner des coupables, indexer des boucs émissaires : c’est surtout en chacun de nous, chaque jour, presqu’à chaque instant, que piaffe cette nouvelle cavalerie, incessamment renouvelée par nos désirs séparés.
Comment tenir notre position de croyant, archer fidèle à l’Un, al Hayyoul Qayyoum ? La question contient sa réponse : nous portons, chacun en nous-mêmes, simultanément Bader et Ouhoud, le proche et le lointain, la flèche qui les relie. Que le Monde autour de nous ne nous leurre pas de ses artifices et de ses nuées ! Tournons-nous vers ce qui demeure, éternel, vivant en chacun de nos frères, en chacune de nos sœurs, au plus profond de nous-mêmes… Ce n’est que de ce regard retrouvé, cet œil de la Certitude, que jaillit l’inespérée victoire de Ouhoud.
4 Shawwal