L’actualité mauritanienne est vraiment très hétéroclite, ces temps-ci. Du sommet de l’Union Africaine à la famine de Zravia, en passant par les milliards dépensés, utilement ou inutilement, dans un gros palais des congrès, pour accueillir les chefs d’État et de gouvernement, Macron et consorts ; l’investiture des structures de l’Union Pour la République ; le lancement du recensement à vocation électorale ; les chicanes entre les partis ; la question orale adressée au ministre de l’Économie et des finances, par la brave députée Mint Bilal ; la guéguerre à couteaux tirés, entre Birame ould Dah ould Abeïd et quelques journalistes qui lui demandent de présenter ses excuses à un collègue qu’il aurait écorché de propos désobligeants ; la célébration – une Première – du discours historique prononcé par l’ancien président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, sur la réconciliation nationale le 29 Juin 2007 ; la république sans journaux, enfin, faute d’imprimerie nationale. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonjour ! Bonsoir, chers téléspectateurs et bienvenue à cette nouvelle édition ! Les présidents africains vont parler de gabegie et de corruption. « Tant qu’il est debout », dit un de nos dictons, « l’arbre ne voit pas son irrectitude », ou, encore, « le doigt ne fait pas comme ceci mais comme cela ». Moi, j’ai une question à deux faces : qui a choisi le thème du Sommet ? Qui a choisi la Mauritanie pour l’abriter ? C’est juste de la « porte de la curiosité ». Le concept de « baraniyine » est très important chez nous :« L’étranger, jusqu’à qu’il part, il ne faut pas que son épine te pique ». C’est quoi vingt ou trente milliards, pour ne faire se faire honte devant nos pairs africains ? Aucun rapport avec la sécheresse ni avec les défunts de Zravia. Qui doit mourir va mourir, même si l’on ne construit rien. C’est comme ça. Ou nous sommes plus des musulmans croyant en Allah. C’est le destin. On n’y peut rien. Allez donc enregistrer vos gens sur les listes, c’est mieux que de se chamailler ! Partis de l’opposition, unissez-vous ! Le spectre de 2009 est toujours là. Les créanciers de Cheikh Ridha ont été découragés par Ould Diay selon qui l’État ne payera la moindre ouguiya à quiconque. Pas de plainte, pas de problème. Un peu comme : pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Je ne savais pas que les députés et leur président craignaient à ce point la « tazabout » que le jour de la question orale adressée, au ministère des Finances, sur cette affaire de dettes de Cheikh Ridha, il n’y en avait que 37, sur les 156 que compte l’Assemblée nationale. Quel rapport entre Sidi ould Cheikh Abdallahi et le Sommet de l’Union africaine ? Surtout que ni Lamamra ni Jean Ping ne sont plus là ! Des présidents qui défilent en costumes dont les prix pourraient construire des écoles ou des bornes-fontaines ; des chefs d’État dont beaucoup torpillent les lois fondamentales ; de redoutables détourneurs de fonds publics… Chapeau à Kagamé chez qui les prestations sociales (sanitaires et scolaires) sont gratuites. Il ne faut donc pas mettre tous les présidents dans le même sac. Il y a les bons, les moins bons, les cons, les moins cons. Mais tous sont venus en Mauritanie pour parler de la corruption, de la mauvaise gouvernance, du sous-développement, de la démocratie, des détournements, de la moralité et de la morale. Un peu comme le loup qui rassemble un troupeau de chèvres, pour annoncer sa repentance. Bien sûr que cela n’engage que ceux y croient. Ce n’est pas mal de faire un sommet sur les troisièmes mandats ou les réformes parlementaires visant à modifier les Constitutions. Ou sur la longévité au pouvoir. Quarante ans de règne, bon, tout est relatif : les temps passent vite. Regrettable que Mugabe ne soit pas venu nous gratifier de l’une de ses irracontables sorties. C’est quoi, entre Birame et la presse ? Quelque chose comme : imbécile toi, ton père ceci, ta mère cela… Du calme ! Tout le monde a besoin de moralité et de professionnalisme. C’est bon à savoir, aussi bien pour les hommes politiques et les militants des droits de l’homme que pour les journalistes. La syndicalisation systématique, comme l’insolence liberticide, ne sert pas les causes justes. Salut.
Sneiba El Kory