Ma maison est de solitude,
Mon lot est d’incertitudes,
Mon jardin est de dunes,
Mes fleurs sont d’épines.
Le vent efface mes pesantes traces
Au soleil, je n’ai plus guère de place
La pluie noie toujours mes semis
Dans le creux des sillons ennemis
A chaque lever du jour, comme toujours
L’astre vital me cache son beau visage
S’il ne me grille dans son immense four
Avec les herbes de mes nains paysages
Les fourmis refusent le pain rassis que je mange,
Mon eau potable ressemble à une soupe de merde,
Mon riz a un goût de mort-aux-rats étrange,
Mon couchoir est un sac de poux sans remèdes.
Suis-je un martien sur Terre,
Un vent du Sud qui souffle,
Pour une tempête de sable
Ou un vendeur de glaces
Pris dans un tourbillon de feu ?
Les oiseaux migrateurs ont fait joyeusement leur virée,
Les poissons sont allés pondre vers les eaux chaudes,
Et je reste accroché à la musique des chauves souris,
A la ronde des escargots las de porter leur demeure.
J’ai assez bu de mon breuvage infect de survivant
Dans le désert mal famé de ma banlieue oubliée
Et j’exige une reconnaissance de mon existence bafouée,
De ma naissance non déclarée, de mon sursis de mort vivant.
Or, je suis le seul locuteur de ma langue
Mes numéros ne font plus recette
Et n’intéressent même plus les singes
Mon nom veut dire « sans droits »
Mon histoire est celle d’un revenant
D’une famille décimée par un tsunami
Ils ont versé sur moi un fort parfum de violence
Et prétendent que je sentais trop mauvais ;
Qu’ils se bouchent le nez, mais ils n’auront pas la paix
Car, je ne ferai aucun quartier de ma vengeance,
Je me ferai entendre de toutes les possibles manières
Rien à perdre si ce n’est une peau balafrée par des lanières
Cette terre appartient à nous tous terriens
Pourquoi certains ont tout et d’autres rien ?
Où est le droit de rêver ?
Où est le droit de sourire ?
Où est le droit de vivre ?
Où est le droit de bouger ?
On n’a même pas le droit de mourir dignement.
Nouakchott, le 03 avril 2018