Fall Thierno, une icône de l’éducation et du sport, tire sa révérence

14 February, 2018 - 21:45

Le monde scolaire et sportif est endeuillé par la disparition, le lundi 12 Février, à Dakar, de Fall Thierno Ousmane, à l’âge de 82 ans, des suites d’une longue maladie. Un monument s’en va. Fall Thierno participa à la formation de générations de cadres mauritaniens, sur toute l’étendue du territoire national. Educateur hors pairs, il fut directeur de nombreux établissements secondaires  notamment le Lycée national, avant de fonder le groupe scolaire Al Baraka qui connaîtra un succès fulgurant. Fall fut également le second président de la Fédération mauritanienne de basket-ball et, durant une décennie, président de la Fédération mauritanienne de football, après avoir présidé aux destinées de l’ACS Ksar. C’est sous son règne que le club de la principauté connut ses heures de gloire sous son règne. Une grande personnalité nationale s’en est allée. Dés l'annonce de son décès,  par son jeune frère Youssouf Fall, un concert d'hommages a déferlé sur la toile.

Attristé par le décès du doyen, l’ancien directeur des Sports et professeur Bayini Bilal Beyatt qui fut  « son élève, son collègue et, surtout, dirigeant sportif sous sa protection et son savoir-faire », retient, de ce grand homme, sa maturité sans limite et sa sagesse qui consistait à écouter tout le monde avant de prendre toute décision. Que de réussites dans sa vie sportive ! S’il fallait en citer une que je n’oublierai jamais, incha Allah, est et restera la conquête des trois premières coupes scolaires remportées, en 1972, par le collège de Rosso (football, basketball et volleyball) dont il était le directeur ». et l’ASAC Concorde de renchérir : « C'est l’Éducation nationale, dans son ensemble, et le sport, dans sa généralité, qui ont perdu un de leurs piliers, ce soir ». « Monsieur FALL Thierno fut, une décennie durant, président de la FFRIM, avant de continuer, en et hors fédérations, à militer infatigablement pour le football national auquel il a consacré une très grande partie de sa vie », fait remarquer, pour sa part, la FFRIM dont il était le président d’honneur.

« Éducateur hors-pair, il fut un des pionniers de l’enseignement secondaire en Mauritanie, aussi bien public que privé, y formant de multiples générations ». Pour l’ancien arbitre et instructeur de la CAF Idrissa Sarr, « Fall a joué un grand rôle dans notre scolarité et notre vie sportive. Il était grand, il est parti géant ». Abondant dans le même sens, « Fall est un grand homme auquel la Mauritanie doit beaucoup », dit madame Nana Mohamed Laghdaf, du RFD, « il aura merveilleusement contribué à l'éducation de nombreuses générations de ce pays ». « Une vraie icône de notre éducation est partie » regrette Azandossessi  Arsène, cadre à l’UNICEF. « La disparition de Thierno Fall est une nouvelle particulièrement triste pour toute la famille sportive et scolaire », s’émeut le secrétaire général de la Ligue Nationale de Football, Hneid Fall. « En ce qui nous concerne, nous autres Rossossois, notre football a connu, sous sa direction, de formidables succès dont le plus important reste la victoire, en 1982, contre le Ksar et ce fut le seul trophée majeur remporté par nous. Sous sa direction Rosso eut une équipe performante. Cet homme était un éducateur hors pair ».

Mohamed Hanefi se souvient, comme si c’était d’hier, de sa voix grave, mesurée et paternelle, quand « il nous surprenait à escalader le mur séparant les deux lycées, national et technique. « C’est ainsi que vous allez mener la Nation ? » disait-il. Il transmettait un message qui n’avait besoin de nulle théorie, pour se prendre dans les filets de l’esprit et les rouages de la pensée. Sa personne était modelée pour instruire et convaincre. Nous avons compris, plus tard, à un âge avancé, que cet homme humble et modeste, ce géant de la pédagogie et du patriotisme, préparait un avenir sacré pour les générations d’un monde retardé, auxquelles il croyait, comme au jour de la résurrection.

Ses yeux toujours aux aguets, furetant dans le fonds des âmes encore puériles, ne voyaient ni le noir, ni le blanc, mais la sacralité d’un Tout national, dont la partition ne pouvait être moins profane qu’un sacrilège. L’hôte léger et peu encombrant est parti. Il a charrié beaucoup de valeurs dans son sillage, et n’a emporté, de ce monde, que très peu de choses. Sa descente de ce train aux wagons multidimensionnels ne peut être un départ. Rien qu’une pause : les hommes de la trempe de Falla Thierno ne meurent pas, ils se reposent. Ils ne se coupent pas « totalement » du monde, ils sont quelque part, émerveillés par les fruits de leurs semences. Repose en paix, Maître. Nous prierons pour toi, le reste de notre vie.

L’envoyé de Dieu (PBL) a dit : « Quand le fils d’Adam meurt, il est coupé du monde, excepté de trois canaux : une charité continue, un fils croyant, qui prie pour son âme et un savoir qu’il aura diffusé pour la postérité. ». THierno, vous avez allié les trois conditions. Félicitations, professeur ! Si les armes n’étaient interdites ici, je vous aurais ébranlé la terre, par vingt et un coups de canon. Vous êtes venu dans le bien, vous avez vécu par le bien et vous avez terminé le trajet distribuant sagesse, morale, et tolérance, sans jamais porter préjudice à personne. Dormez en paix, cher Maître. Dieu veille sur vos actes et parfait votre prochaine destination », termine ainsi Mohamed Hanefi. Inna lillahi oua inna ileyhi raji’oune.