A qui profite la fondation d’un troisième département et de deux nouveaux arrondissements au Guidimakha ?

8 February, 2018 - 00:56

Au cours de son Conseil des ministres du  jeudi 25 Janvier 2018, le gouvernement mauritanien a  adopté un  projet de décret donnant lieu à un nouveau découpage administratif. Le Guidimakha  compte, désormais, trois départements et deux nouveaux  arrondissements. Anciennement arrondissement, Ghabou  devient département, regroupant les communes de Gouraye, Baediam  Soufi  et Ghabou. Les  nouveaux   arrondissements regroupent, quant à eux, Tachott, Ould Mbony et Hassi Cheggar, pour celui de Tachott ; Bouanze, Daffort et Lahradj, pour celui de Lahradj. Avec ce découpage paradoxal, certaines populations se retrouvent encore plus éloignées de l’administration. A titre illustratif, des citoyens vivant à moins de dix, voire cinq kilomètres de Sélibaby,  se retrouvent dans l’obligation de se rendre à  plus de soixante-dix  kilomètres ou plus, pour régler un quelconque problème. Tel est le cas  de Liradi et Sneiga Sambanel, dans la commune de Gouraye ; Soufi, Beelel Seeno et autres localités de la commune de Soufi ; Barelé Thienel Leya, dans celle de Baediam, pour ne citer qu’elles. Sur le plan politique, le rattachement  de Gouraye, Soufi et Baediam à Ghabou change la donne au Guidimakha. Le département de Sélibaby, nanti de quatre députés, lors des législatives et municipales de 2013, se voit  ainsi vidé de ses électeurs, dont certains soutiens de l’UPR. Bouroudji, Toumbou Mody Bocar, Goupoudji, Boutanda, dans la commune de Gouraye ; Melga et Goudiawol dans celle de Baediam, et les localités de la commune de Soufi, sur lesquelles a toujours compté la tendance Kane, se trouvent détachées du département de Sélibaby qui se retrouve avec sept communes : Sélibaby, Tachott, Hassi Cheggar, Ajar, Arr, Ould Mbony  et Wompou. En ces communes, des candidats d’autres tendances et/ou partis ont été soutenus. Les résultats des élections  municipales et législatives  de 2013  l’ont illustré : la commune de  Wompou  est  gérée par le PRDR, Hassi Cheggar par le  Sursaut de la Jeunesse, Ould Mbony  par   l’UDP. Les communes de Tachott, Ajar, Arr  et Sélibaby  le sont  par des maires UPR  qui se réclamant  de  la tendance opposée à celle qui avait nourri l’espoir, avec l’élection d’Hapsatou Kane en députée de la circonscription de Sélibaby. Dans le département d’Ould Yengé, le changement opéré complique la situation de la majorité des administrés, avec la transformation de Lahradj en un arrondissement où se retrouvent  les communes de Lahradj, Daffort et Bouanze qui avaient du mal  à se rendre à Ould Yengé. Certes, les populations du Guidimakha réclamaient, depuis des lustres, un nouveau découpage administratif. Mais de telle manière ? A qui donc profite celui-ci ?

Amadou Bocar Ba/Gaynaako