Ibrahima Moctar SARR n’est plus à présenter, mais il convient de mettre en évidence quelques éléments d’un parcours dont le passé dessine l’horizon de l’avenir politique de la Mauritanie et de l’espoir des opprimés et des assoiffés de justice, de liberté, de solidarité et de démocratie. Ibrahima SARR, brillant journaliste, poète, homme de culture et intellectuel est le combattant infatigable de l’exigence de dignité et de reconnaissance des droits des opprimés et des victimes de l’esclavage et du racisme à vivre en citoyens libres dans leur propre pays. Ibrahima SARR a été emprisonné à Oualata durant des années, sans haine ni esprit de vengeance, il a fait le choix de résister en s’inscrivant dans le semblant de légalité imposé par le système.
Elu Député pour la deuxième législature et candidat pour la 3ème fois aux élections présidentielles du 21 juin 2014, Ibrahima SARR demeure convaincu qu’une autre Mauritanie est possible, mais à condition que tous les acteurs jouent leur partition. Homme de foi, de rigueur et d’éthique, Ibrahima SARR est le promoteur par ses discours, ses positions, son engagement et sa posture d’une politique de la générosité, de la dignité et de la justice pour tous.
Sa belle campagne électorale de juin 2014 et son parcours personnel et militant est un gage de foi en la victoire de la démocratie sur la dictature, de la générosité sur l’égoïsme, du courage sur la lâcheté et de la solidarité sur les clivages conservateurs renforcés par le système, de l’ouverture sur le sectarisme. Tel est le condensé des atouts de Ibrahima SARR qui défie la mesquinerie des lâches et des envieux qui n’ont comme programme que des insultes et des bassesses à l’encontre du candidat pour une société mauritanienne débarrassée du racisme et de l’esclavage. Comme un prophète qui prêche dans le désert, il n’est pas entendu, mais la vérité finira par triompher et la démocratie s’imposer. Tel est le message du combattant de la liberté, de la vérité et de la justice que représente sans faute et sans hésitation Ibrahima SARR.
Hamdou
Bonjour Monsieur le président et merci d’avoir accepté notre invitation pour votre rentrée politique suite à l’élection présidentielle du 21 juin 2014.
Quel est l’état d’esprit du président Ibrahima Moctar Sarr en cette rentrée politique et que dites-vous à vos militants ?
Nous remercions ALLAH (swt) pour les résultats que nous avons obtenus après avoir participé aux élections municipales, législatives et présidentielles.
Nous ne pensons pas que les scores que nous y avons obtenus correspondent à ce à quoi nous pouvions prétendre mais encore une fois, pour nous, l’enjeu était ailleurs : il s’agissait d’être présent pour faire entendre notre voix. Notre objectif était et demeure de rappeler aux Mauritaniens les préoccupations qui sont les nôtres et tenter de gagner encore plus de places sur l’échiquier politique national afin de peser sur les décisions qui affectent la vie des citoyens quotidiennement et préparer enfin ces derniers, à accepter de construire ensemble une Mauritanie nouvelle débarrassée de l’esclavage, de l’oppression nationale et prête à aller vers la démocratie et le développement équilibré, de manière pacifique.
A cet effet, nous nous réjouissons que notre message soit passé dans de bonnes conditions. L’unanimité a été faite sur la hauteur de notre campagne électorale, le professeur Hamdou Rabby Sy l’a saluée avec la pertinence intellectuelle qui le caractérise et même si on peut le soupçonner d’avoir un penchant pour l’AJD/MR et son président, personne ne l’a démenti, en tout cas, à ce jour.
Monsieur Sarr vous avez pris part à l’élection présidentielle du 21 juin 2014, alors que la plupart des figures emblématiques ont prôné le boycott. Pensez-vous avoir fait le bon choix ? Quels enseignements dégagez-vous de cette troisième participation à cette élection présidentielle ?
L’AJD/MR a fait le bon choix pour rester en accord avec sa ligne politique maintes fois rééditée à savoir : participer à toutes les consultations électorales qui seront organisées. Cette participation ne serait pas conditionnée par la transparence électorale ou le respect par le pouvoir en place, des règles du jeu démocratique consensuelles, car nous n’attendons rien de tout cela d’un système politique comme le nôtre qui est un système esclavagiste, raciste et féodal.
Par le passé, la classe politique, après les errements du boycott de 1992, avait accepté de jouer le jeu en tentant de gagner petit à petit des espaces plus démocratiques. Nous n’avons fait que continuer à nous inscrire dans cette logique. Qu’une certaine opposition depuis les changements intervenus avec le départ de l’ancien dictateur MAOUYA , décide de revoir les cartes, pensant que la démocratie est bien possible à condition qu’elle le veuille ici et maintenant, c’est son droit; pour notre part l’expérience que nous avons vécue avec les différentes parties de cette opposition, dans le passé et dans le présent, nous a convaincus qu’elle n’était plus pour nous un partenaire dont les orientations pouvaient nous engager car nous n’avons pas les mêmes objectifs.
En effet, nous avons compris un peu tard certainement, que cette opposition pour l’essentiel de ses leaders, n’a d’objectif que la conquête du pouvoir en place pour pérenniser le système que j’ai décrit plus haut. Pour s’en convaincre aujourd’hui, il suffit de jeter un coup d’œil sur ses principaux animateurs : Ancien Chef d’état, membres influents du gouvernement, chefs militaires qui ont appartenu au système en qualité de concepteurs, organisateurs, parfois auteurs et complices d’actes d’esclavage et de génocide. Les groupes les plus politiques parmi eux et ceux qui se réclament de s’inscrire dans une dynamique oppositionnelle historique, tentent aujourd’hui de rectifier le tir en dénonçant le système dans ses fondements essentiels à savoir l’esclavage et l’oppression nationale en conséquence des critiques que nous leurs avions faites de ne pas agir ainsi dans toutes les manifestations qu’ils organisent pour provoquer la chute du régime en place. L’AJD/MR n’est plus dans leur camp, comme elle n’est pas non plus dans le camp des tenants du régime en place auxquels nous avions un moment accordé un soutien stratégique pour les pousser à s’éloigner des tactiques du régime défunt. Notre ligne était juste mais devant l’incapacité éprouvée de l’autre partie à engager les réformes et décisions urgentes et importantes, nous avons décidé de retirer ce soutien.
Le fait que nous n’ayons pas agi comme les tenants de l’autre camp, celui de l’opposition dite radicale, voudrait nous voir nous comporter, à savoir insulter le régime et ses dirigeants, dire des contrevérités, ne voir que les défauts, ne pas apprécier à leur juste valeur les réalisations qui crèvent les yeux, certains, y compris des partisans même du régime en place, nous mettent encore dans le camp du pouvoir. Ce n’est pas ce qui nous dérange. En réalité rien ne nous dérange en ce moment dans cette géopolitique nationale où nous avons fait notre choix et nous nous y tenons. Nous ne nous faisons aucune illusion, nous avons même depuis cessé de pleurnicher sur notre sort d’opprimés et d’exclus. Si nous en parlons, c’est juste pour maintenir la flamme du refus de la résignation et encore conscientiser ceux qui n’en saisissent pas les mécanismes. Nous sommes plutôt étonnés quand nous voyons, des gens ou des groupes de gens qui se lamentent aujourd’hui comme s’ils venaient de découvrir cette oppression ou cette exclusion. Je suis surpris de me voir parfois interpeller dans la rue par des individus qui tentent de m’expliquer comment les Harratines et les négros africains sont marginalisés dans ce pays. Je comprends pour les jeunes qui sont nés après les années 90, car ils n’ont pas vécu le manifeste des 19 de 1966, ils n’ont pas non plus lu le manifeste du négro mauritanien opprimé de 1986. Et comble du ridicule quand ce sont les nègres de services du régime de Maouya qui naguère vilipendaient les auteurs du manifeste de 1986, en les accusant de racisme et de fauteurs de trouble, ceux-là même qui durant la grande purge ethnique de 1989 déclaraient sans honte qu’il n’y a eu aucune déportation de Mauritaniens et que le racisme et l’oppression nationale n’existent pas en Mauritanie et qui sillonnent aujourd’hui durant les campagnes électorales les villes et villages du fleuve pour dire : « Ne votez pas pour Ibrahima Moctar Sarr parce qu’il a été acheté par Mohamed Ould Abdel AZIZ ».
Naturellement comme le dit une règle journalistique : Lorsqu’un chien mord un individu ce n’est pas une nouvelle. Mais lorsqu’un homme mord un chien ça c’est une nouvelle ! Comme s’il était difficile de se lier pieds et poings et aller s’offrir au plus offrant et agir en conséquence, ce qui n’a tué personne parmi ceux qui l’avaient fait auparavant. Ils sont au contraire aujourd’hui adulés, entourés de griots et autres «Niamakalas» dans leurs villas cossues bâties à coup de millions.
Et pourtant au temps de la présidence de Mr Sidi Ould cheikh Abdallah, j’ai décliné une offre d’entrée dans son gouvernement et plus récemment, nous avons refusé de soutenir la candidature du pouvoir à la communauté urbaine de Nouakchott (CUN) en contrepartie d’une offre alléchante. Je suis l’un des leaders de l’opposition qui a rencontré le plus souvent le président de la république (18 fois), il n’a jamais cherché à me corrompre.
Notre combat vieux de plus de 40 ans n’est pas dirigé contre un homme ou une communauté donnée mais contre l’injustice et pour le développement harmonieux et égalitaire de la Mauritanie. Nous voulons en cela nous inspirer des enseignements de notre sainte religion l’Islam. Nous ne cherchons pas pour cela un salaire ou une renommé, nous agissons par devoir religieux. Personne ne peut nous intimider, ni nous décourager par des menaces ou des critiques faciles, j’allais dire des calomnies. Je remercie par contre toutes celles et tous ceux qui m’ont compris et aidé, parfois dans le secret, et nous ont accompagnés jusqu’ici. Ils ne le font pas pour nous, mais pour la cause.
En 2007 vous avez créé la surprise en recueillant 8 pour cent des voix. En 2009 vous chutez à environ 5 pour cent des voix et vous vous maintenez au même niveau en 2014. Quelle est votre appréciation de ces chiffres ?
Les élections en Mauritanie obéiront toujours à la réalité concrète du pays. Elles seront le reflet du système, en ce sens qu’il sera difficile à un négro mauritanien de les remporter comme cela peut se passer dans les vraies démocraties. Aux Etats-Unis, le système américain a réussi les mutations nécessaires pour permettre au métisse OBOMA, en partie de souche africaine, d’être élu. Mais c’est le système américain qui l’a élu pour réaliser son programme. On l’aura vu, OBOMA n’a pas empêché qu’à ce jour que des cas de discrimination raciale se produisent aux USA. En Mauritanie, l’ignorance et la pauvreté, la force des traditions donnent plus de poids au système qui n’est pas prêt à permettre l’élection d’un harratine ou d’un négro africain même issu du système et à fortiori s’il provient de l’opposition avec un programme qui veut remettre en cause les mécanismes même du système. Dans ce cadre, les réflexes identitaires de la communauté dominante, les peurs des exclus et leur fragilité économique, les manipulations de l’Etat, se conjuguent pour produire le résultat attendu.
Messaoud Ould Boulkheir a été le seul noir qui a pu concrètement surfer sur toutes les communautés sans jamais pouvoir dépasser les 20 %, même quand il a été le candidat de 11 partis de l’opposition. En 2007, comme je l’avais expliqué, il y a eu un vote identitaire en ma faveur en ce sens que les négros africains ont voté avec un engagement pour moi. La jeunesse aux avant-postes a été très active mais elle n’a pas réussit à empêcher le pouvoir de maintenir son électorat obligé dans le Fouta, dirigé par les féodaux et anciens barons qui, jusqu’ici, n’ont pas accepté de rejoindre notre parti. J’ai été systématiquement devancé par le président Sidi O/ Cheikh et récemment par le président O / Abdel AZIZ dans plusieurs localités de la vallée où devait se retrouver notre électorat naturel. Mon passé de « combattant défenseur des intérêts de la communauté », pour certains, n’a pas convaincu d’autres qui semblent-ils, ont fait un vote utile : « Pourquoi voter pour Sarr dés l’instant qu’on ne lui permettra pas de gagner ? », se résignent ils. 8% a été un record de surprise aucun candidat négro africain ne l’avait obtenu auparavant. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les négros africains ne se bousculent pas à la candidature présidentielle; sur les 19 candidats en 2007 il y avait deux négros africains et l’autre avait obtenu Zéro %. En 2009, quand l’essentiel de la classe politique est allée à l’élection présidentielle après les accords de Dakar, j’ai obtenu 5% et Kane Hamidou Babba, un peu plus d’1%. En 2014, j’ai presque réédité le score mais les contextes dans les deux cas sont différents. La surprise de 2007 étant consommée, d’autres ambitions sont nées mais également d’autres dispositions ont été prises par les tenants du système. Il faut bien noter dans tout cela, que les négros africains et les harratines ont voté massivement pour les candidats arabes, les arabes eux, pour l’essentiel n’ont pas voté pour les négros africains et les harratines. En conclusion je pense que mon vrai électorat m’est resté fidèle même si au sein de la jeunesse des villes il y a eu des déperditions dues à des facteurs qu’il est long d’expliquer ici. Cependant ma place de troisième sur l’échiquier national aurait donné à n’importe quel candidat arabe une position de choix dans le pays au moment où même dans les débats politiques et les articles des chroniqueurs, on se souvient à peine de ce candidat qui était à égalité de points avec le leader de TAWASSOUL en 2009 et qui avait devancé un ancien président dans la même période malgré le manque de moyens.
L’AJD/MR est présente à l’Assemblée nationale avec 4 députés, elle a arraché la mairie du plus grand quartier de Nouakchott (Sebkha) du contrôle du parti au pouvoir qu’elle avait mis en ballotage à Boghé. C’est vrai nous n’avons pas gagné comme nous l’espérions mais l’AJD/MR a fait mieux que beaucoup de partis et hommes politiques qui sont à la une de l’actualité.
Notre surprise est grande de voir les anciens déportés et même les familles des victimes voter pour AZIZ ?
Oui je l’ai évoqué malgré moi parce que c’est la vérité. Vous parlez d’anciens déportés, moi je continue à les considérer comme des réfugiés dans leur propre pays qui subsistent grâce aux dons, parqués dans des villages créés par le pouvoir, loin de leurs lieux naturels d’habitation, leurs villages d’origine et leurs champs sont encore occupés par d’autres, ils ont des reçus à la place de pièces d’identités effectives, parmi eux certains ont pu se recenser et obtenir les pièces d’identités. 6000 sur près de 24000 revenus. Parmi eux, au village de GOURAL près d’Aleg, l’AJD/MR avait obtenu 0% aux dernières élections législatives et municipales. Je suis allé les rencontrer en 2014 pour la campagne présidentielle ; je n’ai pas été tendre au risque de les perdre à jamais. Je leur ai fait savoir qu’ils n’ont aucune raison d’avoir peur de voter pour nous car personne ne pourra plus les déporter. Au résultat, j’ai eu près de 100 voix à GOURAL. Le même cas s’est produit à Houdalahi près de Boghé et un journaliste de la région Mr Dia faisait remarquer dans un article chiffres à l’appui, que les refugiés n’ont pas voté pour Sarr mais pour AZIZ.
Les prochaines échéances du parti ?
Nous allons, s’il plait à Dieu, faire la réimplantation et préparer le congrès du parti avant la fin de l’année.
Vous aviez annoncé votre départ de la présidence ?
Le parti décidera le moment venu ce qui est mieux pour lui.
Et les FLAM ?
Je suis membre fondateur des FLAM, j’ai toujours œuvré dans le sens des objectifs exprimés dans le manifeste publié en 1986. Les camarades qui ne s’étaient pas exilés ont poursuivi la lutte à l’intérieur du pays. Notre contribution a été manifeste dans la prise en charge de ces préoccupations dans le cadre des organisations que nous avons créées comme l’AMN, l’AJD et L’AJD/MR, AC ou celles dans lesquelles nous avons eu une forte implication : le FDUC, l’UFD, l’APP etc. Vers les années 90 nous avons mis sur pied le CRADPOCIT qui a été fortement appuyé par la société civile pour mettre l’accent sur le devoir de mémoire et de justice. C’est l’occasion de remercier ici toutes celles et tous ceux qui à cette époque ont osé nous soutenir, mettre leurs locaux à notre disposition, médiatiser notre action ou simplement assister à nos séances de commémoration pour nous souvenir des illustres disparus à Walata et Ailleurs.
Les FLAM c’est une idée, un programme politique porté par beaucoup de compatriotes à des moments donnés et dans des cadres et espaces déterminés suivant des sensibilités diverses.
Nous ne pouvons que saluer le retour des camarades qui sont restés très longtemps à l’étranger. Je pense qu’ils y ont abattu un travail énorme d’informations en direction de l’extérieur qu’il faut saluer, ceux qui sont restés dans la gueule du loup, pour le défier, n’ont pas démérité.
Mon sentiment personnel, si j’ose me le permettre, est que ce retour est intervenu dans la phase où les réformes ne sont plus possibles dans le sens d’une déconstruction du système. Celui-ci étant irrémédiablement clôturé, il reste cependant à continuer le travail que nous avons commencé avec un succès relatif, celui de conscientiser nos compatriotes arabes sur la nécessité de leur implication directe dans la dénonciation du système. Il s’agit de préparer l’avènement d’un front uni multiracial, seul capable de parer à toute éventualité et éviter l’émiettement du pays. Telle est l’unique alternative contre la guerre civile et le démembrement. Ainsi chacun de son coté, dans l’amitié et la camaraderie militante, loin de tout esprit de leadership conquérant, peut apporter sa pierre dans l’édifice.
La famille de votre ami feu Mourtodo Diop si l’on en croit « sa veuve » s’est rangée derrière le président sortant, ignorant votre candidature. Qu’en pensez-vous ?
Mourtodo Diop était un grand frère et un ami, il a été de beaucoup dans ma formation d’homme politique et de poète. Tout ce que je peux faire aujourd’hui pour lui, après sa disparition et celle de notre autre ami Seydou Kane comme pour les autres aussi, c’est d’abord de prier pour le repos de leurs âmes et perpétuer à travers la jeunesse le sens de leur combat multidimensionnel.
Votre dernier mot, Monsieur le Président.
Avec votre permission, j'adresse mes sincères remerciements à tous nos militants et sympathisants et mention spéciale à l'AVOMM, à son site et à toutes celles et à tous ceux qui ont soutenu ma candidature lors de la dernière élection présidentielle en juin 2014.
Merci Monsieur le Président.
IMS: C'est moi qui vous remercie.
Entretien réalisé par Mireille Hamelin et Adama Sarr
avomm.com