En guise de protestation contre la mort d’un pêcheur guet ndarien abattu par des gardes côtes mauritaniennes, les populations de Gueth Ndar ont employé la manière forte procédant à la destruction de nombreux commerces appartenant à des mauritaniens.
Dans la nuit de dimanche à lundi 29 janvier, des pêcheurs de Guet Ndar, un quartier de Saint-Louis, ont appris la mort d’un de leurs collègues (dont l’identité n’a pas encore été communiquée) tué dans des circonstances troubles alors que son embarcation s’était introduite dans les eaux mauritaniennes sans autorisation. Le pêcheur aurait été tué par balle lors d’une course-poursuite, selon le site sénégalais Ndarinfo.
Lundi matin, en colère après cet incident, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans les rues de Saint-Louis pour manifester, notamment dans le marché ou sur le pont de l’île Saint-Louis, où ils ont rencontré l’opposition des brigades anti-émeutes. La situation a dégénéré lorsque des manifestants s’enbsont pris à des cantines et boutiques mauritaniennes en guise de représailles. La police et la gendarmerie ont tenté non sans mal de disperser la foule en furie. Des blessés sont enregistrés aussi bien du coté des manifestants que des forces de l’ordre.
« C’était vraiment une situation très chaude, les pêcheurs et ceux qui les soutenaient ont attaqué les policiers par des jets de pierres, et ces derniers ont répliqué par des gaz lacrymogènes. Il y a eu plusieurs blessés. Plusieurs boutiques mauritaniennes ont été pillées, brûlées et saccagées, ainsi qu’une agence de la société nationale d’électricité vandalisée.
Les gens sont en colère non seulement envers tout ce qui représente la Mauritanie, mais aussi envers tout ce qui représente l’État sénégalais. Et cela ne date pas d’hier : la question de la pêche a toujours été source de tensions entre les deux pays. Avec ces nouveaux incidents, les relations qui existent entre la Mauritanie et le Sénégal sont en train d'être fragilisées. Je suis personnellement inquiet des représailles qui pourraient avoir lieu contre les Sénégalais vivant en Mauritanie « , s’inquiète Petit N’Diaye un bloggeur résident à Saint Louis.
Critique principale avancée par les pêcheurs sénégalais : la nouvelle réglementation mauritanienne mise en place depuis février 2017 obligeant les armateurs étrangers à débarquer leurs prises sur le territoire mauritanien afin de subir un contrôle. Cette décision a entraîné de nombreuses arrestations, parfois musclées, les garde-côtes n’hésitant pas à ouvrir le feu sur les embarcations qui ne sont pas en règle.
Le ministre sénégalais de la Pêche et de l'Économie maritime, Oumar Guèye, a fréquemment appelé ses compatriotes à ne plus se rendre dans les eaux mauritaniennes pour éviter tout incident, les deux pays ne parvenant pas à s’entendre sur de nouvelles règlementations. À ce jour, seulement 400 licences sont officiellement distribuées par les autorités mauritaniennes aux pêcheurs sénégalais.
« Attaquer les boutiques des Mauritaniens ici ne fera qu’aggraver la situation, mais ces incidents montrent que nous avons un besoin urgent d’aide du gouvernement, selon un saint-Louisien.
Les présidents mauritanien et sénégalais, Macky Sall, se sont entretenus sur la situation depuis Addis-Abéba où ils assistent au sommet de l’Union Africaine, selon le ministre sénégalais de l’Intérieur sénégalais, Aly Ngouye Ndiaye.
A l’issue de l’entrevue entre les deux chefs d’Etat, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a promis de dépêcher un ministre à Dakar, après le sommet de l’Union africaine.
Retour au calme
En début de soirée, l'armée venue en renfort quadrillait toute la ville. Le Gouverneur de St -Louis lors d’un point de presse a déclaré que les autorités sénégalaises vont prendre toutes leurs responsabilités pour que cette situation cesse.
Le Ministre de l'intérieur sénégalais et celui de la Pêche sont annoncés à Saint louis.
A 4 jours de sa visite, Emmanuel Macron va-t-il maintenir l'étape de Saint louis ? Une question que beaucoup se posent suite aux événements de la journée, dans l’ancienne capitale coloniale de la Mauritanie.
Les deux pays traînent un lourd passé de violence : il y a près de 30 ans, en 1989, des heurts entre paysans sénégalais et éleveurs nomades mauritaniens près du fleuve Sénégal avaient déclenché des massacres à Dakar et à Nouakchott, entraînant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
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