Une année finit. Une autre commence. C’est la vie : ça commence, ça finit. C’est vrai que, dit comme ça, ça ne veut rien dire. Mais, moi, je sais que c’est parce que c’est moi qui le dis comme ça que ça ne veut rien dire. Tout ça pour dire que les paroles, ça va avec ceux qui les prononcent. Elles ne valent pas par elles-mêmes, mais par ce qu’ils sont. Exemple : en 2017, des responsables dont un certain président ont proféré des incongruités qui frisaient la bêtise. Pourtant, personne n’en a rien dit, sinon que ces sorties constituaient d’inédits chefs d’œuvre rhétoriques. Bon, l’essentiel est la rétrospective des événements les plus marquants de l’année (un peu) passée. Il n’y a quand même que dix jours qu’elle est partie, la défunte ! Vous savez, ça dépend, il faut préciser : événements politiques, économiques, sociaux, culturels, sportifs, littéraires, historiques, géographiques, sociologiques, militaires, du monde des affaires, ludiques, astronomiques ou religieux ; tout ça s’est passé, en cette Mauritanie nouvelle. Des goûts et des couleurs, on n’en discute point. Les événements marquants, ça dépend d’où l’on est, d’où l’on vient, où l’on va. Exemple :pour les uns, le référendum du cinq Août, le changement de drapeau et d’hymne national, le dialogue politique, le discours de Néma, les voilà, les événements super-importants ! Pour d’autres, c’est la qualification des Mourabitounes au CHAN, la mise sous contrôle judiciaire de quelques sénateurs, de deux secrétaires généraux de centrales syndicales et de quatre journalistes de la presse indépendante. Il y a encore d’autres pour qui l’événement le plus important de l’année, c’est le show de Baba Mal, organisé à Aéré Goloré, entre Boghé et Bababé, ou l’extension d’un casier-pilote, quelque part vers les périmètres rizicoles de Doubangou. Economiquement, le changement de la base de calcul de l’ouguiya nationale, c’est un événement très important. Surtout pour le gouverneur de la BCM et le ministre des Finances qui connaissent, mieux que quiconque, l’ouguiya. Pour une raison très simple : ces deux-là, en plus des directeurs généraux de la douane, des impôts et du Trésor, en ont tellement vu, en voient tellement qu’ils ont appris à tellement bien l’aimer et à la faire tellement aimer, même à plus fort qu’eux. Les cinq grands joueurs manipulateurs monétaires de l’ouguiya : cinq comme les doigts de la main qui prend et qui reprend ; cinq comme les membres d’une excellente équipe de basketball, maîtrisant les passes, les feintes, les dribbles et les paniers à trois points. Les trois millions cinq cent mille de la caisse noire du ministre de l’Economie et des finances redeviendront trois cent cinquante mille. Une véritable histoire de zéro. Y a qu’un an que Mohamed ould Abdel Aziz est au pouvoir. Même s’il ne se représentera pas à un troisième mandat, il faut bien que son second finisse en 2023. Après, on verra. Ce n’est pas que la base de calcul qui a changé avec la nouvelle ouguiya : c’est aussi la base de réflexion, de raisonnement, de perception. Il ya aussi d’autres très, très grands événements totalement inédits. Tellement inédits qu’ils sont impossibles à imaginer. Essayez-vous y, vous n’y arriverez pas. Chaab et Horizons ne sortent plus, depuis quelques jours, à cause d’une rupture de stock de papier, à l’Imprimerie nationale. Du jamais vu ni entendu, depuis que l’ancienne Mauritanie existe. Je ne parle même pas des journaux de la presse indépendante. Si l’imam est tabassé, le muezzin prend peur. Voici une première à ajouter aux nombreuses autres premières dont tant raffolent les thuriféraires inconditionnels de la Mauritanie nouvelle. De Janvier à Décembre de chaque année, les événements se suivent et ne se ressemblent pas. Parfois, c’est la mort. Parfois, c’est la vie. Parfois, c’est l’envie. Parfois, c’est la démonétisation. Parfois, c’est le troisième mandat. Parfois, c’est rien. Evénements importants ou pas importants ? Ça dépend. En tous cas, bonne et heureuse année 2018 qui garde encore – mais jusqu’à quand ? – la particularité d’advenir juste avant 2019. Salut.
Sneiba El Kory