C’est par un pur hasard que l’Ordonnance 83-162 du 09 juillet 1983, portant institution d’un Code Pénal n’a pas prévu, en son article 306, la peine capitale, pourtant prévue selon les prescriptions du rite malékite, pour punir ceux qui commettent le crime rédhibitoire d’apostasie. C’est donc, et en conséquence, par un autre hasard, qu’Ould M’Khaytir a été, et à deux reprises, condamné à la peine capitale avant le dernier appel. En vertu de quel texte ce prévenu avait-il alors été condamné ? Le hasard, toujours lui, fait que nous ne savons pas. C’est également et surtout par un hasard semblable que, durant toute la période de l’appel et la grande controverse qui l’a émaillée, il n’y avait que des mires de barre sur toutes les chaînes de télévision commerciales mauritaniennes. La TDM a, tout à fait par hasard et peut être bien sans le savoir, choisi le bon moment pour éviter les débats contradictoires sur un sujet aussi sensible, susceptible d’enflammer les esprits et de produire de redoutables éclaboussures sur l’ordre public. C’est aussi par hasard que le gouvernement a attendu le jeudi 16 novembre 2017, soit 34 ans après 1983, pour approuver un projet de loi abrogeant et remplaçant les dispositions de l’article 306 de l’ordonnance portant institution du Code Pénal ‘’en vue de durcir les peines prévues à l’encontre du blasphémateur de Dieu ou de ses messagers ou ses anges ou ses livres ou l’un de ses prophètes’’.
Mais, ce n’est pas tout ! Loin s’en faut ! Lorsque des militants attachés à l’inviolabilité de la sacralité de la personne du saint prophète Paix et Salut sur lui, ont voulu exprimer leurs sentiments durant un rassemblement autorisé par l’Administration publique, le hasard a décidé de l’entrée en scène par effraction d’un certain Ould Saleh qui a cru que le meeting devait être orienté vers le soutien du Général président dont le génie a été à l’origine de la révision, jugée indispensable, du code pénal. Sûrement aussi, c’est par hasard qu’un certain manifestant a subi un traitement dégradant dont il accuse des éléments de la compagnie de police dépêchée pour le maintien de l’ordre lors des manifestations qui avaient suivi le verdict de la cour d’appel de Nouadhibou.
Autre hasard, non moins surprenant, la déclaration du ministre de la justice affirmant avec force que Ould M’Khaytir est toujours en détention à Nouadhibou alors qu’au terme du verdict de la cour d’appel de Nouadhibou en date du 9 novembre 2017, ce détenu est bien censé retrouver sa liberté et est même censé avoir quitté le pays.
Tout ça, ce n’est que du hasard. Nous le savons bien et nous l’admettons volontiers. Mais nous savons tout aussi bien que « trop de hasard tue le hasard ». De grâce, n’abusons donc plus du hasard. Sinon le hasard fera qu’on n’y croira pas. Comme par hasard.
Ely Abdellah