La jeune Mauritanie /Par Mohamed Mahmoud ould Siyam, ingénieur et écrivain

19 October, 2017 - 02:35

C’est une palissade de rappeler le rôle déterminant des jeunes, dans l’impulsion du changement dans les sociétés. Une primauté que justifie, entre autres, l’aptitude physique et le dynamisme qui les distinguent des autres tranches d’âge. Mieux : les jeunes s’adaptent et s’accommodent, plus facilement,  aux changements qu’édicte l’évolution des temps. Partant de ce constat, l’empreinte des jeunes, dans le progrès sociétal, est manifeste. Il n’est donc point exagéré de classer la jeunesse parmi les richesses nationales, au même titre que le fer et autres gisements halieutiques.

Elle représente plus de 70 % de la population. Preuve, s’il en fallait, que nous sommes une société printanière, cette donnée statistique devrait, à elle, seule susciter, en chacun de nous, une réflexion sur les stratégies à mettre en œuvre, pour exploiter, à bon escient, cet énorme potentiel.

Pourtant, le concours des jeunes au développement national reste insignifiant, les voies de leur  participation effective sont obstruées. Cette participation requiert, au premier chef, une décision politique, traduisant la volonté du gouvernement à assurer les conditions  de l’épanouissement des jeunes qui désirent s’auto-affirmer, dans le respect de leurs devoirs. Cette volonté politique doit se refléter sur les institutions et organes administratifs qui agissent en intermédiaire, entre les jeunes et le gouvernement. Ces institutions  intermédiaires doivent s’acquitter, avec rigueur, de leurs missions, notamment exposer les problèmes que rencontrent les jeunes ; leurs aspirations et avis. En outre, ces institutions sont tenues à œuvrer, incessamment et en intime  collaboration, avec les divers organes administratifs, pour une mise en place de politiques à même de garantir  une implication active des jeunes dans le processus de développement.

La volonté politique est, incontestablement, la clé de voûte  indispensable, pour aplanir les difficultés qui se dressent devant  les jeunes, menaçant la poursuite de la mission  et l’accomplissement des rôles qui leur sont dévolus. La jeunesse mauritanienne veut se sentir libre. Elle souhaite gagner  l’estime, la confiance en ses capacités  et la reconnaissance de son degré  d’éveil.  Elle s’attend à ce que les talentueux d’entre elle soient encouragés, par des prix stimulants, en guise de reconnaissance et aspire à des structures chargés de financer projets et emplois. Elle veut des interlocuteurs attentifs aux idées qu’elle avance, croisant avec les politiques gouvernementales qui la ciblent.

Dans cet esprit, on peut répartir les rôles des jeunes en quatre principales catégories :

  • rôle social : un aspect crucial, gage et condition, sine qua non, du développement. Il se passe de tout commentaire qu’un progrès significatif ne peut avoir lieu dans la discorde entre les composantes  sociales. Conséquemment, la jeunesse mauritanienne est appelée à travailler pour consolider la paix sociale ; à répandre les valeurs de justice et d’équité et combattre tous  discours  prônant la discorde ou comportement à caractère raciste. En parallèle, ils sont également appelés à divulguer la culture du volontariat, qui leur apprend à travailler avec l’esprit du groupe. Cette culture développe, aussi, l’esprit d’initiative, sans occulter l’impact direct de ses actions, sur les couches fragiles de la société. 
  •   rôle économique : l’action du gouvernement est ici essentielle, dans sa capacité à aider et soutenir les entreprises dirigées par des jeunes. De telles mesures d’encouragement  allégeront le fardeau du gouvernement  et permettront, aux jeunes, d’avoir  plus de marge de manœuvres. Cet accompagnement encouragera les jeunes entrepreneurs à construire des postes de travail durable, à investir davantage  et, par conséquent, à contribuer au développement économique du pays. A cet égard, il est impérieux que les jeunes soient impliqués dans la conception des stratégies économiques qui touchent à la vie quotidienne des citoyens. Il faut les nommer à des postes de direction ou de conseil, dans les  secteurs y afférents.
  • rôle culturel : œuvrer à ce que les nobles valeurs soient vécues au quotidien et adoptées en ligne de conduite.  Pour atteindre cet objectif, les media, arts et littérature sont des  vecteurs  décisifs. Sauver et entretenir notre patrimoine culturel et toutes nos langues nationales.
  • rôle politique : s’engager, sans cesse, pour exiger une participation politique  des jeunes et leur accession aux postes de décision, afin de concrétiser leurs aspirations, dans tous les secteurs du développement. Parallèlement, les inviter à travailler pour la consolidation d’un véritable processus démocratique, gage de la stabilité politique du pays.

 

 En conclusion, je pense que ces rôles décrits, à la hâte, demeurent de simples aspirations dont la concrétisation est tributaire d’un engagement  gouvernemental à leur hauteur. Un  engagement  qui apporte, à la jeunesse,  le soutien  nécessaire et leur inspire confiance.

 

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