Une violente tempête secoue le climat des libertés en Mauritanie. D’une part, l'Etat qui veut, à tout prix, maintenir l'ordre, au prix exorbitant du respect de la vie privée et de la liberté de la presse. D’autre part, une opposition acharnée qui cherche, sans relâche, à mettre fin au cauchemar que vivent les Mauritaniens, suite aux dégradations des conditions du bien-être social et du climat des affaires. Mais les efforts de celle-là se heurtent à une campagne de diabolisation sans origine ni source et qui n’épargne personne, surtout pas ceux entretenant un arrière-plan révolutionnaire. L’opposition démocratique a pourtant raison sur beaucoup de points: (i) les salaires de base augmentent moins vite que l’inflation et l'Etat adopte la politique de l’autruche, face à cette réalité alarmante qui touche directement le citoyen lambda ; (ii) la corruption, la gabegie, le pillage et les coups de piston, à tous les niveaux, sont toujours présents dans la vie quotidienne de tous les Mauritaniens et étrangers résidents, suscitant la réticence des investisseurs.
Il est cependant pertinent de noter qu’au sein même du système au pouvoir, il existe deux ailes, en conflit perpétuel, qui nourrissent le rêve de prendre les rênes, en 2019. L'une présente le président de l’Union Pour la République, Sidi Mohamed ould Maham, en candidat naturel, pour succéder à l’actuel chef de l’Etat, avec la bénédiction du Premier ministre Ould Hademine et du ministre de l’Economie et des finances, Ould Diaye; l’autre soupire des vœux pieux, pour que le choix du chef se pose, en fin de comptes, sur Moulaye ould Mohamed Laghdaf, bien que celui-ci ait reçu un coup qui date de fort peu et qui lui a coûté un poste rapproché et de confiance, au côté du président de la République. Plusieurs observateurs voient, en lui et malgré son dévouement au service de l’édifice azizien, une sorte de changement, arguant de ce qu’il partage beaucoup de similitudes avec Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le premier président élu démocratiquement en Mauritanie. Cependant, des hommes du cercle rapproché d’Ould Abdel Aziz prônent une autre hypothèse : l'homme fort du Nord, Ould Baya, sera le futur président de la Mauritanie. Il dispose d’une grande popularité, au sein des forces armées nationales, et entretient de solides relations avec l’actuel Président.
2019 est encore loin. Comment Mohamed ould Abdel Aziz va-t-il conclure son deuxième quinquennat ? La chasse aux sorcères, menée contre l’opposant et homme d’affaires Ould Bouamatou peut occuper l’opinion publique un bon bout de temps mais elle est loin d’être la cerise sur le gâteau de l’œuvre présidentielle. La lutte contre le trafic de drogue et la corruption, dans le monde du travail, la pauvreté, les séquelles de l’esclavage et la question de « l’Etat de justice » paraissent des causes autrement plus pertinentes. Des réformes en ce sens seraient belles et bien de nature à clôturer, magiquement, un leadership digne de ce nom.
Quoi qu’il en soit, Il semble que tout le monde oublie ou se focalise peu sur les élections qui se rapprochent et leur impact sur l’avenir. Les futurs conseils régionaux et le Parlement vont donner une image plus précise du paysage politique en Mauritanie et de ses orientations majeures, à condition que la participation de tous les acteurs politiques soit garantie. Aussi chacun devrait-il se donner pour mot d’ordre, entre conflits internes et externes: réussir ces élections !
* Ingénieur d’Etat et écrivain