Les soninkés de Mauritanie ont parlé. Comme les Pulaar, les Harratines et les Wolof, hier. Ils ont parlé pour, disent-ils, « attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les risques que le système politique qui gouverne la Mauritanie depuis son indépendance fait au courir au pays à travers la marginalisation de la composante noire de ce pays, les soninké y compris donc», a justifié au reporter du Calame M. Diawara Gagny, ancien député et consul de Mauritanie à Paris, entouré des membres du CRSM, Pr Outouma Soumaré, Bakary Wagué et Timéra Boubou. Comme les autres composantes noires de ce pays, les soninkés de Mauritanie se sentent « marginalisés » à tous les niveaux.
Mai les soninké n’ont pas pris la parole pour verser dans le « communautarisme », précisent les membres du comité ; ils ont décidé de prendre la parole pour d’abord faire entendre leur voix, marquer leur différence d’approche, mais ensuite et surtout pour contribuer à la recherche de solution consensuelle au problème de la cohabitation en Mauritanie. Pour les membres du comité, « c’est une réalité qu’on ne peut pas nier aujourd’hui, sauf si on veut faire courir aux pays des risque de tensions inter-ethniques » mettent en garde les membres du CRSM. Et le Pr Soumaré d’ajouter: « Nous avons écrit ce document, pris la parole maintenant parce que nous estimons que la situation est très préoccupante pour lancer un appel sens concession à des assises nationales autour de la problématique de la cohabitation dans notre pays, nous prônons la refonte de l’actuel mode de gestion du pays pour nous acheminer vers une Mauritanie de justice, d’égalité et de fraternité»
Pris à part, aucune composante seule ne peut résoudre le problème qui date, estiment les membres du comité depuis 1958. « Le rouleau compresseur de l’exclusion, du racisme d’Etat a démarré depuis 1958, s’est cristallisé en 1966 pour atteindre son paroxysme entre 1989 et 1991, avec les exécutions extra-judicaires », a fait observer Diawara Gagny. Et justement, notre souci est de faire éviter à notre pays ce qui se passe en Libye, ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, affirment les membres du comité.
La sortie du comité représentatif des soninkés de Mauritanie est contenue dans un document très fouillé, fruit d’une longue recherche de ses cadres. Elle intervient après un examen très approfondi de la situation politique, économique, culturelle et sociale du pays ont-ils affirmé. Comme elle intervient après la prise de la parole par ceux qu’on a appelé les négro-africains, puis par les Harratine et tout récemment par les Wolof. « Nous sommes dans une ère de grandes revendications parce que le système dominant a créé, à travers sa politique d’exclusion systématique de la composante noire, des soninké y compris, un appel d’air au communautarisme souvent hélas terreau des tensions inter-ethniques. Nous apportons notre contribution pour éviter des dérives dangereuses à notre pays », a indiqué Bakary Wagué.
Dans différents manifestes ou aide-mémoire, l’ensemble de ces composantes du pays ont toutes dénoncé, à travers des statistiques l’exclusion dont elles estiment être l’objet. Toutes accusent le système politique de favoriser la composante Beidane ou arabe au détriment des négro-mauritaniens (Pulaar, Wolof, Soninké, Bambara et Harratines). ‘’L’exclusion, le racisme d’Etat’’ sont donc le dénominateur commun de ses composantes noires.
Pour Gagny Diawara, président du CRSM, ‘’les soninkés sont comme les autres noirs du pays, exclus de la gestion des affaires publiques, du secteur économique (banques, entreprises de toutes sortes, des médias, de l’armée et des corps de sécurité…) c’est une situation inadmissible, elle ne peut pas continuer parce qu’elle fait peser de lourdes menaces sur l’avenir du pays, nous avons besoin de la refonte de notre Etat, de notre mode de gouvernance pour mieux vivre ensemble, pour retrouver l’idéal commun que les premiers acteurs politiques avaient tenté de construire. ‘’
Conscient du défi à relever, le CRSM a soumis sa « contribution » au président de la République, à certains membres de son gouvernement, aux partis politiques, aux acteurs de la société civile, à quelques chancelleries occidentales à Nouakchott. L’objectif rappelle, le Pr Soumaré, est de créer une dynamique au sein au sein de la classe politique et des acteurs de la société civile, de susciter un débat autour de l’ensemble des questions liées à la cohabitation
Quelques exemplaires seront également envoyés à des chefs d’Etat de la sous -région.
Comite de Pilotage :
Gagny DIAWARA
Dramane Singale CAMARA
Ladji TRAORE
Tidiane Bah KOITA
Mahamadou TOURE
Boubou TIMERA
Outouma SOUMARE
Bakary WAGUE
Tacko N'DIAYE
Niouma BATHILY