Bon, nous, on va tourner en rond jusqu’à quand ? Qu’est-ce que c’est, cette république jujubière où chacun fait le philosophe ? C'est-à-dire, noue sa tête avec du tissu et raconte n’importe quoi. Fait n’importe quoi, pour faire croire, aux autres, qu’il est éminemment intelligent. Plus intelligent que tout le monde. Des discours. Des meetings. Des voyages dans les régions. Puis des dialogues exclusifs. Puis, ensuite, des amendements. Avant de reprendre, comme au tout départ, avec des ressassements de slogans, comme pour reprendre la main. Mais, nous, quand cesserons-nous de tourner en rond ? D’aller, de revenir, de repartir et de revenir, encore plus mauvais, encore plus cons, encore plus imbéciles. Puisque seuls ceux-ci ne changent jamais. Trente-et-un de fraudes électorales. Ça doit suffire. Depuis cette histoire de carte jaune ou rouge. De cette fameuse « Swerti ould Mah ». Trente-et-un de platitude. Trente-et-un de mensonge. Trente-et-un ans d’hypocrisie. Trente-et-un d’applaudissement. Trente-et-un de faux et d’usage de faux. Tribu. Clan. Carte d’identité. Notables. Cartes d’électeurs. Commission électorale nationale indépendante. Conseil Constitutionnel. Haut Conseil de la magistrature. Et quoi encore ? Médiation de la République. Haut Conseil de la Fatwa. Et quoi encore ? Assemblée nationale. Défunt Sénat. Et quoi encore ? Présidence de la République. Primature. Gouvernorat. Préfectorat. Et quoi encore ? Majorité et opposition responsable. Opposition irresponsable. Virtuelle. Electronique. Numérique. Et quoi encore ? Marine nationale. Garde nationale. Gendarmerie nationale. Police nationale. Messgharou national. Douane nationale. Tout le monde ressemble à tout le monde. Personne n’est mieux que l’autre. C’est juste que Sambe est le frère de l’autre ! Quand tout le monde fabrique toujours cette vieille histoire de « groupe-préparant-un-complot-pour-déstabiliser-l’ordre-public ». Des diables tapis, quelque part dans l’ombre, à quelque distance des frontières nationales, tellement jaloux de nous pour nous vouloir du mal. Alors, comme nous sommes un pays démocratique – la preuve, les dernières consultations sur les amendements constitutionnels – il y a une Justice. Il y a un Parquet. Il y a des juges. Indivisibles, ni par deux ni par trois, qui vont voir, écouter et entendre. Celui qui remplit sa bouche de farine doit savoir comment la mouiller. C’est comme qui dirait : « mettent cinq que ne peuvent enlever dix ». Au meeting de l’aéroport du trois Août, juste deux jours avant le scrutin référendaire, le président dansait, chantait, applaudissait. Il semblait content. Il a même promis des surprises. Alors, comme d’habitude, il n’a pas menti. Pardon : on ne dit pas, d’un Président, qu’« il n’a pas menti. Il nous a surpris. Avec sa soirée électorale. Avec le départ en congé de beaucoup de ses ministres, alors que l’hivernage n’est pas totalement arrivé. Alors que le Conseil constitutionnel vient juste de nous « surprendre », en validant les résultats des dernières élections. Maître Sghair et son Conseil pourraient bien surprendre. Mais ils refusent de le faire. Comme le disent les autres : Allah peut bien faire sortir un chameau du chas d’une aiguille mais il ne le fait pas. Allah a fait, quand même, que les Mourabitounes ont battu le Mali. Qualification à la CHAN. Nouvelle réalisation au tableau de chasse du Président/Devin. Tcharchoura national. Certains ministres sont en vacances. Sans avoir la tête à ça. Puisqu’il « paraîtrait », comme dit mon ami, que le Président cherche à les dégager tous, sauf les trois plus mauvais. Il « paraîtrait » qu’il aurait fort à faire, avec cette bande de malveillants ourdissant un complot contre la République. Alors, il va les dégager, tous : président du parti en premier, plus un paquet de ministres inutiles à Nouakchott, inutiles chez eux et inutiles ailleurs. Comme ça, il y aura de nouveaux jeunes, de nouvelles femmes, de nouveaux vieux. A Mauritanie Nouvelle, ministres nouveaux, menteurs nouveaux, manipulateurs nouveaux. Salut.
Sneiba El Kory