Mon article ‘’Il faut sauver le Soldat Beheit’’, paru dans Le Calame 1078 du 21 juin 2017, a fait l'objet d'un commentaire de la part du président de l'Association mauritanienne de la francophonie, monsieur Ahmed Hamza.
A cause de la fin du mois béni du Ramadan et du début de la période de la Guetna, j'ai pris du retard à répondre mais comme ont dit souvent, mieux vaut tard que jamais.
A travers ce bref commentaire et dans ce qui semble être une précision, monsieur Ahmed Hamza s'est insurgé contre les propos par lesquels je voulais, à la fois, justifier mon intervention et sensibiliser l'opinion sur la situation d’un grand journaliste francophone visiblement en difficulté.
Il eût été pourtant normal de laisser passer ce commentaire pour la simple raison qu’il n'a pas abordé que l'aspect le plus banal de la question, mais les nuances qu'il porte et l'amalgame qu'il tend à cultiver m'en ont dissuadé.
En effet, monsieur Ahmed Hamza y soutient que le président et les membres de l'AMF sont bénévoles et ne reçoivent pas de budget, ni de la France, ni de son ambassade; ni de l’État mauritanien.
Il soutient également que l'AMF a été créée pour combler un vide et qu'en dehors de son président qui est un homme d'affaires, les membres sont des universitaires, des journalistes, et des hommes de culture et qu'ils sont tous bénévoles au même titre que les membres des conseils d’administration des cinq alliances françaises en Mauritanie.
Par respect au président Ahmed Hamza et pour observer les contours du sujet, je n'opposerais pas certains arguments; réfutant ostentatoirement les non-dits de son commentaire, quoique je trouve tout bien de même nécessaire d'apporter certains éclaircissements.
Tout d'abord et cela aurait été à l'honneur de monsieur Ahmed Hamza et de l'AMF; ce commentaire aurait dû citer ou faire référence à certains points évoqués dans mon article.des points comme par exemple, le recul du Français, son positionnement par rapport aux autres langues, la marginalisation des francophones, la décoration du ministre de l'enseignement supérieur et, pourquoi pas, le cas du journaliste Beheit.
Il aurait dû également faire référence au recul de la coopération entre la Mauritanie et un pays (la France) auquel elle est liée par l'histoire, la culture, la proximité géographique et l'unicité démocratique dans le modèle constitutionnel par lequel la cinquième république est le modèle français restent nos principales sources d'inspiration.
Mais puisque le président Ahmed Hamza a passé sous silence tous ces aspects, n'en évoquant que le seul lié aux subsides et aux facilités, comme pour conjurer des soupçons d'émargement à des fonds publics, je voudrais porter à la connaissance de l'opinion l’élément suivant : La loi française sur le bénévolat à l'esprit de laquelle ne peut échapper l'AMF, a créé le statut de volontaire associatif en ces termes: " Pour se porter candidat au bénévolat, il faut avoir plus de 16 ans, n'exercer aucune activités rémunérée (à l'exception d’Œuvres scientifiques, littéraires ou artistiques) et ne percevoir ni retraite; ni RMI, ni complément de libre choix d'activités de sa prestation d’accueil, ni tout autres revenu de remplacement (indemnités journalières maladies, allocations de chômages etc.)" .
Un profil qui, il faut le reconnaitre, tranche nettement avec celui d'un homme d'affaires, d'universitaires, de journalistes et d'hommes de culture. A noter que dans notre pays ces derniers (hommes de cultures) sont souvent des rentiers à l'abri du besoin et ayant un passé intimement lié à l'argent public.
Pour ce qui est du vide que l'AMF est venu combler, je regrette mais je rappelle au président Ahmed Hamza que le vide dont il parle et use comme s'il s'agit d'une raison fondamentale, a justement été créé par l'AMF et par la politique controversée, que le service d'action culturelle a appliquée durant plusieurs décennies.
Je n'en veux pour preuve que le recul du français qui, dans les années 60, avait le statut de langue officielle, dans laquelle le discours de la déclaration de l'indépendance nationale été lu. Le français été également la langue administrative, et de travail utilisé dans les tribunaux.
A cela s'ajoute l’essor qu'a connu le français jusqu'aux années 80 et dans lequel madame Marie Françoise Delarozière, officiant comme directrice du centre culturel Antoine de Saint Exupéry, avait joué un rôle déterminant pour lequel nous lui devons reconnaissance, nous les francophones mauritaniens dignes de ce nom.
Par ailleurs et malgré le nombre et l'envergure culturelle de nos francophones, la dernière réunion de l'AMF tenue dans les locaux de la chambre de commerce, illustre parfaitement bien la crise qui frappe la francophonie dans notre pays et la déviation dont elle est l'objet par rapport à sa mission initiale et sa vocation.
De là à lui trouver d'autres raisons d'existence autre que la promotion du français et des échanges culturels entre les pays, il n y a qu'un pas que je n'ai guère hésité de franchir, avec l'allégresse d'un francophone profondément déçu et décidé de le faire savoir.
A part le président Ahmed Hamza et madame Aissata Kane, les francophones de référence avaient brillés par leur absence lors de cette réunion à la chambre de commerce.
C’est à croire que des raisons inavouées ou en panne de justificatifs recevables faisaient que cette assemblée générale devait se tenir dans une atmosphère qui ressemble à s’y méprendre à celle d'un conclave clandestin.
Cela se comprend d'ailleurs et offre des circonstances atténuantes aux organisateurs, quand on sait les difficultés qui sont celles de reconduire, de façon démocratique et pour la énième fois, l'inamovible bureau conduit par monsieur Ahmed Hamza.
Ceci étant, je tiens à saluer ici le dévouement, la sociabilité et l'engagement du président Ahmed Hamza et m'en tiens, à propos de mon article, aux faits têtus, que rien n’est venu mettre en cause dans le commentaire de ce dernier.
En attendant, le journaliste Beheit et les intellectuels francophones opprimés peuvent toujours attendre. Il semble à la lumière de ce commentaire que les secours, qu'ils sont en droit d’espérer, ne viendront pas de l'AMF. Je suis cependant curieux de savoir si l'ambassade de France à Nouakchott, le gouvernement (ministère de la culture) et le syndicat des journalistes, interpellés dans le même élan, abonderont dans le même sens que le président de l'AMF Ahmed Hamza ou trouveront dans mon appel, matière à prendre leurs responsabilités.
A Bons lecteurs et entendeurs Salut !
Mohamed Souleymane Mahah