Au cours d’un point de presse tenu, ce mercredi à midi, à l’hôtel wissal, le sénateur Youssouf Tidjani Sylla a accusé le président du Sénat, Mohcen Ould El Hadj de "faire obstruction à la constitution d’une commission d’enquête pour connaître la provenance du patrimoine de l’Ong Rahma", fondée par le défunt fils du président de la République.
Le sénateur de MBout, initiateur de ladite commission, révèle que le président Mohcen refuse de programmer une séance plénière pour approuver, par vote, et conformément à la législation, la constitution de cette commission, déjà adoptée par la conférence des présidents. Il s’agit, poursuit M. Sylla d’une volonté de Mohcen ElHadj de « bloquer la constitution de cette commission pour protéger la famille du président ». Pour M. Sylla, qui refuse de douter de la sincérité d’Ould Abdel Aziz de combattre la gabegie, celui-ci devrait plutôt s’en réjouir, si bien évidement ’il n a rien à cacher.
Le sénateur rappelle qu’il y a eu un précédent avec la constitution d’une commission pour connaître la ou les provenances des ressources de la Fondation Khattou, épouse de l’ex-président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Et que la constitution d'une telle commission est conforme à la constitution et au règlement intérieur de la chambre haute.
Le sénateur a profité de l’occasion pour réitérer l’opposition des sénateurs et de la majorité des mauritaniens aux amendements constitutionnels, et a invité le président de la République à méditer ce qui s’est passé au Burkina Faso, en Tunisie et ailleurs. Il a également dénoncé l’opposition des mauritaniens à la rupture des relations diplomatiques avec l’Emirat du Qatar, affirmant que c’était là une bonne occasion d’user de l’article 38 de la Constitution pour demander l’avis des mauritaniens. Nous devrions rester prudents et en dehors de cette guéguerre qui ne nous concerne pas, conseille le sénateur.
Sur les passeports diplomatiques, désormais refusés aux sénateurs, Youssouf Sylla dénonce le « chantage » que le président de la République exerce à l’endroit des sénateurs, à qui la loi confère ces documents, dans l'exercice de leur mandat. Ces documents de voyage, qui étaient livrés par le ministère des affaires étrangères, relèvent désormais du cabinet du président.
« Un président qui demande l'application des textes de lois de la République ne doit pas être à l’origine de leur violation », conclut Youssouf Sylla.
Répondant à la question de savoir pourquoi il est seul à défendre ce texte devant la presse, le sénateur répond qu’il n’a pas demandé l’assistance de ses collègues, et qu’il doit défendre seul sa proposition jusqu’à ce qu’elle parvienne à leur vote.
C’est tout de même curieux que le sénateur de M’Bout se retrouve tout seul à défendre l’idée d’une commission d’enquête sur l’ONg Rahma, alors même que certains de ses collègues sénateurs étaient les premiers à en parler. L’un des sénateurs avait exprimé, à l’occasion, le doute sur l’origine des biens de cette Ong. Que s’est-il passé depuis ? Une rumeur faisant croire que les frondeurs opéreraient un virage de plus de 190° pour approuver les amendements constitutionnels qu’ils avaient rejetés, circule depuis quelque temps à Nouakchott. Le nouveau texte ne comporterait pas la modification des couleurs du drapeau national. Au retour, les sénateurs bénéficieraient de deux ans de salaires.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.