Mais où est l’opposition ?

22 June, 2017 - 02:26

Mais finalement où est l’opposition ? L’avez-vous vue lorsque le pouvoir, non content de s’être fait désavouer par le Sénat, a décidé de recourir à la voie référendaire qu’il avait, au départ, lui-même, exclu  en disant qu’elle était moins appropriée?

L’avez-vous vue lorsque le Premier ministre et le chef du parti qui se veut au pouvoir ont dit que régime ne changera pas en 2019, parce que, ont-ils affirmé,  le pays a toujours besoin du général-président pour achever les réformes que celui-ci dit avoir  entamées?

Avez-vous vu notre opposition lorsque des mouvements extrémistes ont pris l’habitude de faire des appels à la haine des races, savamment noyés dans  des revendications d’ordre sectaire ou clanique?

L’avez-vous vue lorsqu’il y a eu cette vague d’insécurité qui a plombé la vie des nouakchottois, mettant en péril les personnes et les biens au niveau de l’ensemble de la capitale ?

A-t-on vu ou entendu l’opposition lors  des terribles émeutes qui ont failli tout emporter au début du mois de mai lorsque le nouveau code des transports allait entrer en vigueur ?

Avez-vous vu ou entendu l’opposition lorsque de redoutables scandales financiers, jamais élucidés, ont été révélés, illustrant le sabotage qui a pollué des institutions publiques où figure la Sonimex dont le dossier a éclaboussé des proches du président de la République ?

Avez-vous vu ou entendu l’opposition lorsque la fracture entre le pouvoir et le Sénat s’est visiblement élargie suite aux développements qui ont suivi le rejet des amendements par la chambre haute ?

Avez-vous vu ou entendu l’opposition lorsque, sous un fallacieux prétexte de lutte contre le terrorisme,  le général s’est immiscé, sans raison valable,  dans un contentieux opposant deux pays frères et  rompu les relations avec le Qatar?  

Avez-vous vu ou entendu l’opposition lorsque, tout récemment,  des informations concordantes ont fait état de  collecte massive de pièces d’identité et d’enregistrement frauduleux de leurs titulaires sur les listes électorales?  

Personnellement, à part quelques timides  communiqués publiés ici ou là,  je n’ai pas beaucoup vu ou entendu. Pas de meetings, pas de marches, pas de grands rassemblements, pas de campagnes de sensibilisation ;  rien, rien  de tout ça. Même sur le dossier, au demeurant très controversé du référendum, bien des observateurs restent sur leur soif en ce qui concerne l’attitude de l’opposition.  Celle-ci va-t-elle participer au risque de légitimer une opération qu’elle juge, et à juste raison, anticonstitutionnelle?  Ou, par contre,  va-t-elle s’abstenir de participer et laisser le champ libre au pouvoir pour qu’il fasse aisément passer ses réformes ?

En tout cas, le temps ne permet plus à l’opposition d’atermoyer. Il faut, rapidement,   qu’elle prenne la position que lui dictent les exigences de la conjoncture, qu’elle en informe ses militants et qu’elle travaille en conséquence. 

Bien entendu, pour être en face d’un pouvoir fripon  ayant plus d’un tour de main dans le sac et pour évoluer dans une zone de quasi non droit, l’opposition pourrait faire valoir  de nombreuses excuses  expliquant cette quasi inanité.

Mais, aujourd’hui,  l’essentiel n’est pas de trouver des excuses mais plutôt de se positionner valablement pour  les prochaines échéances et de travailler pour ne pas trahir l’espérance de voir, un jour, s’opérer le changement désormais souhaité par la majorité des Mauritaniens.

Ely Abdellah