Au lendemain de la formation du gouvernement d'Ould Hademine, Le Calame a demandé, à quelques acteurs politiques, ce qu'ils en pensent…
Moussa Fall, président du MCD et secrétaire exécutif du FNDU
J'avoue n'avoir pas accordé l'attention qu'il mérite pour l'apprécier en détail. Mais il s'agit, manifestement, d'un gouvernement de continuité de la politique en cours depuis quelques années. Je n'en suis pas surpris, dans la mesure où je ne m'attendais pas à un gouvernement d'ouverture. Le Premier ministre est issu du pré-carré des fidèles. On aurait, peut-être, pu espérer un changement ou, plutôt, une certaine ouverture, si le Premier ministre fût plus politique, plus indépendant voire plus courageux.
Samory Ould Bèye, président d'El Hor et du Conseil national d'El Moustaqbel
C'est une équipe à l'image de son Premier ministre, réputé extrémiste, étroit et raciste. C'est pourquoi ce gouvernement nous inquiète, parce qu'il pourrait exacerber les tensions inter-ethniques du pays, en continuant de favoriser une seule composante nationale (les Beïdanes), au détriment de la composante noire. Dans cette situation, El Hor et El Moustaqbel sont déterminés à faire face à toutes les éventualités.
Mohamed Lemine Ould El Hacen, secrétaire exécutif à l'Eveil politique de l'UPR
C'est un excellent gouvernement, un cabinet de continuité et de mise en œuvre du nouveau programme électoral du président de la République. Si nombre de ministres ont conservé leur portefeuille, c'est, d'abord, parce qu'ils ont fait du bon travail, dans l'exécution du programme électoral de 2009, et, ensuite, pour ne pas perturber les grands chantiers, déjà bien engagés, du président de la République : il faut rester très vigilant et exigeant, à la fois, pour que les retombées de l'action gouvernementale puissent profiter, comme le souhaite le président de la République, aux couches les plus vulnérables, à la jeunesse et aux femmes.
Maître Mahfoudh Ould Bettah, président du CDN
On prend les mêmes et l'on recommence. L'importance n'est pas dans le choix du Premier ministre mais dans la politique poursuivie. De ce point de vue, il s'agit, comme tout le monde le sait, d'un pouvoir autoritaire. Je ne m'attendais, donc, à aucun signe d'ouverture, parce que, tout simplement, l'organisation d'une présidentielle aussi contestée et contestable que celle de juin dernier augurait, déjà, de la volonté du régime en place de confisquer le pouvoir et de continuer à s'imposer par la force, comme il n'a cessé de le faire, depuis août 2008. Pour nous, l'ouverture exige que les différents politiques se parlent, pour s'entendre sur une feuille de route et sa mise en œuvre. En dehors de cela, tout reste vain et superflu.
Ladji Traoré, secrétaire général de l'APP
Le pays connaît des problèmes autrement plus sérieux et préoccupants qu'un changement de gouvernement. Des problèmes de sécurité, de politique et de stabilité de nos institutions démocratiques, qui n'existent que de nom. Voilà, à notre avis, les préalables à tout changement de gouvernement. Celui qui vient de voir le jour et dont le temps de gestation laisse, surtout, entrevoir l'âpreté des marchandages, entre les véritables maîtres du pouvoir, aura, demain, de sérieuses équations à résoudre, comme l'atteste la déclaration de l'APP disponible, aujourd'hui, sur le Net. Au-delà d'une recomposition formelle, avec, certes, un pourcentage de femmes que nous saluons, ce gouvernement aura besoin de sérieux atouts, pour résoudre les problèmes politiques et économiques que connaît le pays. Malheureusement, nous pensons que le gouvernement, en Mauritanie, n'est que de nom, il n'assume pas de véritables responsabilités qui sont concentrées ailleurs.
Lalla Mint Chriv, présidente du Sursaut de la Jeunesse de la Nation (SJN)
Le gouvernement qui vient d'être rendu public s'inscrit dans la continuité de l'action que nous soutenons. Nous espérons qu'il va poursuivre la mise en œuvre du programme électoral du président de la République. Même si Sursaut n'est pas représenté au sein de ce cabinet, nous continuons à croire en la parole du président qui s'est engagé à introduire les jeunes dans les organes de décision. C'est un engagement fort que Sursaut salue et soutient fortement.
Moustapha Ould Bedredine, secrétaire général de l'UFP
Le nouveau gouvernement n'apporte rien de nouveau. C'est les mêmes hommes, la même politique, donc. Il n'y a aucune différence entre le Premier ministre sortant et celui qui vient de le remplacer : il s'agit de proches, des fidèles, pour ne pas dire des complices, d'Aziz. Comme le précédent, le nouveau gouvernement est dirigé par quelqu'un du Charg, ce qui signifie que le président maintient les équilibres régionaux. Mais ce qui importe, c'est un changement de fond, non de forme, il faut que cet équilibre se matérialise par un rééquilibrage dans le développement de cette partie du pays.
Si la composition de l'équipage qui manipule l'économie du pays n'a pas changé, pour l'essentiel, c'est parce que, tout simplement, Mohamed ould Abdel Aziz ne s'intéresse qu'à l'argent que ces messieurs gèrent pour lui.