Ce n’est pas que toi tu fais ce que tu veux. Tu es qui, toi ? Vous savez, la reculade, c’est quelque chose qui se fait. Les gens te disent, parfois, qu’il faut bien reculer pour mieux sauter. Même les présidents reculent. Même les présidents disent des choses et se dédisent. Comme ça, les présidents africains en font voir, au Monde, de toutes les couleurs. De toutes les bêtises. De toutes les incongruités. Les présidents-fondateurs, comme aime à dire l’autre. Moi peux tout. Moi sais tout. Moi patron. Clignote à droite. Vire à gauche. Ou, même, continue tout droit. Dans le mur ? Oui, dans le mur ! Le chef, c’est le chef. Un chef, c’est quoi ? C’est quelqu’un qui fait ce qu’il veut. Donc, qui peut dire ce qu’il veut. Dire une chose et son contraire. L’ancien nouveau président de Gambie, au nom très kilométrique dont El Hadj Yaya quelque chose, comme Abdul Aziz Jemus Junkung Jammeh. Plus spécial que Yaya Jammeh, tu meurs. Excellency Sheikh Professor Alhaji Doctor Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh NasirulDeen Babili Mansa. Un roi qui défie les urnes. Avec un titre comme ça, tout peut arriver. Ce n’est pas tous les jours qu’un pays a la chance d’avoir un homme si multidimensionnel. Marabout. Prestidigitateur. Clown. Démocrate et dictateur à la fois. Versatile. Guérisseur. Vous savez, un ancien président de chez nous aurait dit que le pouvoir à un «petit goût ». Difficile de s’en défaire. Surtout après plus de vingt-deux ans de telle gastronomie. Les erreurs « s’arrivent ». Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Entre faire un coup d’Etat et reconnaître les résultats d’une élection puis faire marche arrière, pour dire astagfiroullah, je ne reconnais plus, il n’y a pas une grande différence. Sauf que cela fait rire l’Occident. Mais il y a pire chez eux. Des présidents qui font rire. Et même pleurer. Mais ça, c’est «frappe avec ton bâton » : à chacun sa démocratie. Regardez un peu : Barrow n’a devancé Jammeh que de vingt-mille voix. Alors que Hilary en a deux millions et quelque plus que Trump. Pourtant, c’est le perdant qui a gagné. Les Américains comprennent bien cela et Hilary avec eux. C’est la loi d’à qui gagne perd. Et, comme le monde est devenu si petit, il faut faire comme tous les puissants. C’est la mondialisation. Jammeh l’a compris après coup. Union africaine. CEDEAO. Nations Unies. Tout ça contre les gris-gris ? Hé, les balles ne rentrent pas dans le corps de professeur-fondateur ! Y a pas mieux que bonnes paroles pour lui faire entendre quelque chose comme « Adama Barrow président élu, Yayah Jammeh président sortant, Gambie exemple de démocratie à suivre ». Puis convaincre Excellency Professor à accepter d’aller gérer un cabinet international de « tradi-theurapeutie », pour soins intensifs contre toutes les maladies névrotiques politiquement transmissibles. Ils sont légion les présidents fondateurs. Chacun comme lui-même : « Je suis battu. Allo ? Félicitations. ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ. Ouf, qu’est-ce qui se passe ? Je ne suis plus président ? Ah non, quelle élection ? Jamais ! Moi, battu par un moins que rien ? Jamais ! Allo ? Moi pas d’accord. Arbitrage de la Cour constitutionnelle. Majorité simple ou majorité compliquée ? Jamais ! Comme c’est dangereux de jouer au démocrate ! Allez, hop ! Coup d’Etat contre président élu ? Passe. Election avec 99,99% ? Passe encore. Réélection avec 99,99% ? Passe toujours. Je fais semblant puis je redeviens moi-même. C’est la catastrophe : Comme ils ne sont pas sérieux, les gens de ces instruments internationaux et sous-régionaux ! Incapables qu’ils sont de distinguer entre vérité et mensonge. Entre quelqu’un qui s’essaie à l’apprenti-démocrate et un vrai dictateur, très aguerri par vingt-deux ans d’exercice. Un président-fondateur faiblit mais ne meurt pas. Un président fondateur fléchit mais ne tombe pas. Un président fondateur plie mais ne rompt pas. Regardez-les autour de vous, dandinant comme de vieux pachydermes. Trois, quatre, cinq, six voire sept, huit mandats, c’est rien : tant qu’il y a la vie, y a d’l’espoir ! Dire est une chose. Faire en est une autre. Salut.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !