La voix suave de Mamadou Demba Sy s’est éteinte

5 December, 2016 - 00:50

« Nous n’avons constaté pareil rassemblement que lors de l’inhumation d’Abdoul Aziz Sy, l’imam de la mosquée marocaine », faisait remarquer Thierno Ahmed Béchir Bal, imam de la mosquée Atigh de Sebkha. Il y avait, en effet, du monde, à la mosquée, en ce dimanche 4 Décembre, et l’émotion était palpable. Des milliers d’anonymes, journalistes, intellectuels, religieux, acteurs de la Société civile, proches et autres venus accompagner Mamadou Demba Sy à sa dernière demeure. Sy (38 ans) a tiré sa révérence des suites d’une fulgurante maladie. Des deux rives du fleuve mais, aussi, du reste de la Mauritanie, Mamadou Demba Sy était apprécié par nombre d'auditeurs poularaphones et, en dépit de son jeune âge, c’était une légende. Pris d’un malaise, jeudi dernier, dans les locaux de Radio Mauritanie, Sy n’aura donc pu assister à la projection à M’bagne, samedi 3 Décembre et le 10 prochain, de sa dernière œuvre, un film documentaire consacré à Mourtoudo Diop qui avait illuminé le Fouta.

Professionnel de la communication, Mamadou Demba Sy fut, tour à tour, journaliste au journal « La Tribune », à la télévision de Mauritanie, Radio Mauritanides et Sahel TV. C’est une voix suave qui s’est éteinte à jamais, plongeant des milliers d’auditeurs dans le deuil. Le Fouta perd une de ses perles rares, à la fleur de l'âge. Mamadou Demba Sy, c'était le sourire d'un homme jovial, poli, courtois et honnête, dans un monde où ces qualités sont si rares. L’homme s’est investi, sans discontinuer, pour diffuser la culture halpoularren, à travers un engagement sans faille. L’année dernière, il rendait un vibrant hommage au doyen Bal Amadou Tidiane de Radio Mauritanie, lors d’une grande cérémonie à l’arène de l’Amitié (Sebkha). Il avait mis son talent et sa vie au service de sa communauté et de sa patrie. Ah, Mamadou ! Le Fouta ne cessera jamais de te pleurer ! C'est une perte immense. Nous perdons un jeune confrère. Nous ne t'oublierons jamais. Qu'Allah (SWT) t'agrée en son saint Paradis. Repose en paix, cher frère !

Dés l’annonce de son décès, un concert d’hommages a déferlé sur la toile. Pour Kaaw Elimane Bilbassi Touré, porte-parole des FPC, « C’est une lourde et une grande perte pour notre patrie. Mamadou représentait cette perle rare, engagée et dynamique dans la presse mauritanienne. Un homme humble, agréable, chaleureux et très sympathique ». Ama Diallo, journaliste à Radio Mauritanie : « Le Fouta est en deuil, la voix halpoulareen est partie ! » Kane Hamidou Baba, président du MPR : « C'est avec beaucoup de peine que nous avons appris la disparition du journaliste émérite Mamadou Demba Sy. A sa famille éplorée, nous présentons nos condoléances les plus émues. A sa seconde famille professionnelle, nous exprimons toute notre compassion. On se souviendra longtemps encore de cette silhouette frêle, passionnée par son métier, dont l'humilité n'a d'égale que son désir d'être attentif à l'autre. On se souviendra, également, de l'émission qui avait fait les beaux jours d'une radio privée, "Kaaldène Goonga" qu'il animait, magistralement, avec sa consœur, Ami Barane Ba. Nous nous inclinons devant sa mémoire et prions pour le repos éternel de son âme, amine ».  La voix de Mama Sy (pour les intimes) s'est donc éteinte à jamais, les auditeurs pleurent l’homme d’Abdallah Djery et leurs témoignages affluent de partout. …

 

 Les bons s'en vont si vite !

Kidè Souleymane, un ami de longue date, lui a dédié le poème suivant : « Le talent et la verve / Sont morts / La chair du verbe / En tout remords / Il perpétuera son métier / Même dans l'Au-delà / où il sera le courtier / Entre eux et Allah / Il n'est pas mort / Et il ne mourra pas / Sachez qu'il dort / Ici mais pas là-bas / Il nous parlera encore / Comme il nous parlait hier / De sa voix bien sonore / On l'entendra nous saluer ». Nos confrères n’ont pas été de reste. Kissima Diagana, rédacteur en chef de La Tribune : « La noblesse du caractère, la fidélité en amitié, l'honnêteté, la disponibilité, la respectabilité, l'humilité ; bref, un homme positif, en toutes circonstances. C'était ce garçon que nous appelions affectueusement Sy Mamma. Un homme qui a su donner le meilleur de lui-même, sans rien réclamer en retour... Il nous a quittés brusquement ». Mamadou Kane, président du COVIRE : « Mamadou Demba Sy est un journaliste professionnel, honnête, engagé et dévoué à son métier, prompt à diffuser les causes justes. Par l'émission qu'il animait "Kaalden goonga", il était toujours disponible à ouvrir, en compagnie de notre nièce, Ami Baaraan Ba, l'antenne aux sans-voix, aux marginalisés et exclus du système, pour les faire entendre, relayer leurs revendications et appuyer ces causes justes qui fâchent ». Kalidou Ngaïdé, professeur et militant des droits humains : « Nous venons de perdre un homme de valeur qui militait, inlassablement, à la promotion de la liberté d'expression et à la promotion de l'Etat de droit ». Bocar Amadou Ba, responsable du périodique en pulaar « Foyré Mbamtaaré » : « Mamadou Demba Sy s’est distingué par son dévouement aux grandes causes : son dernier acte aura été la soirée en hommage à Murtudo qu’il organisa à l’ancienne Maison des jeunes et à laquelle il ne put participer, empêché par la maladie, avant d’être rappelé à Dieu, ce matin, à Nouakchott. Journaliste charismatique, il a contribué à l'éveil des consciences et à la promotion des principes et valeurs hautement humains ».

Diallo Abdoulaye (Radio Nouakchott) : « La communauté a perdu un grand pilier. Un jeune qui avait de grandes ambitions pour la communauté ». Dans le même sens, notre confrère Samba Camara : « C'était un bon journaliste et, par-dessus tout, un homme bien. Qu'Allah l'accueille en son Saint Paradis. Amine » Oumar Amadou Mbaye salue ce « grand homme qui portait respect et considération envers tous, sans distinction. C'était un homme de Dieu tout court ». Abdoulaye Wane, ami de longue date du défunt, écrit, de son côté : « Il était plus qu'un ami, un frère. Nous avons partagé des moments d'amitié très forts. Il aimait les gens avec sincérité. Il avait toujours ce sourire qui apportait le bonheur, cette simplicité dans la manière d'être qui lui a valu l'affection de tout le monde. Un ami vient de disparaître. Un journaliste confirmé, qui aimait tant son métier, s'en est allé. La presse mauritanienne vient de perdre une de ses valeurs sûres. Nous nous souviendrons toujours de toi, ami ! Oui, toujours, avec une pensée émue pour les siens. Mes condoléances à toute sa famille et à celle de la presse mauritanienne ». Inna lillahi oua inna ileyhi raji’oun.

 

         THIAM Mamadou