Se lever du mauvais pied tous les matins
Pour aller à la pêche du menu fretin
Dans les eaux troubles du beau gratin,
Le ventre creux et les yeux rouges de sang.
Etre criblé de dettes, être en rupture de ban,
Rivé aux oubliettes, telle une marionnette.
Pas même un coin pour la petite toilette,
Ne jamais voir le bout du nez du soleil,
Encore moins la tête de la lune à l’éveil.
Etre domicilié au feu rouge, sous l’âpre canicule,
Envieux du monde qui bouge sur ses tentacules.
A l’entrée du supermarché, faire la manche,
Sur les bancs publics, ruminer sa revanche.
Cueillir, à la volée, la petite pièce du samaritain
Qui fera se dénouer, ce soir, les frêles intestins
Des mômes endormis la veille sans diner,
A l’heure où les autres se faisaient câliner.
Dites ! On n’est mieux que des crétins,
Arrêtez de nous seriner vos baratins.
Parce qu’on est des rustres
On n’a pas droit aux lustres ?
De l’air, de l’eau et du pain !
Point de fer ! Le peuple a faim!
Oui, on est la vague déferlante bleue
Des souffre-douleurs, des cols bleus
Des miséreux, des gueux malheureux
Des travailleurs aux cœurs généreux
Qui viendra s’abattre sur le rivage
Et emporter tout sur son passage.
Tel un tsunami
Tenez-vous le pour dit
Le désespoir est aussi grand et l’avenir aussi morose
Que la traversée de l’Atlantique à pirogue pour une rose.
Le chagrin est aussi immense, le deuteil aussi béant
Que le naufrage du bateau «le Joola » dans l’océan.
La colère est à son pic, et l’explosion pour bientôt,
Comme la révolte des enfants de Gaza et de Soweto.
Ras le bol des jeux de farces et attrapes des politiciens,
Ras le bol du racisme anti islamique et de ses miliciens,
Ras le bol des vieux schémas calqués sur l’Occident en recul,
Ras le bol des « t (rois)ièmes » mandats qui passent par le cul ,
Ras le bol des scandales humains et financiers,
Ras le bol de l’Afrique otage de ses créanciers,
Des « mutil nationales» et des agrobusiness,
Qui la dépossèdent de ses immenses richesses.
DIENG YERO
Nouakchott, le 20mai 2016