Le Président va. Il vient juste de revenir. Il va aller. C’est comme ça. Un président tranquille, ce n’est pas un Président. Un Président, c’est comme une toupie. Ça roule. Ça roule. Ça roule. Ça va partout dans le pays pour entendre les citoyens. Les bons et les mauvais. Entre Lehoueïtatt et Aïn Savra. Ce n’est pas si loin que ça. « Monsieur le Président, tu n’as pas mis ta tête. Tu ne peux pas enlever ta tête. Ce sont des personnes qui t’ont mis. Il n’y a qu’elles qui peuvent t’enlever. Tu as juré. Tu ne veux pas faire marche arrière. Alors, nous le faisons à ta place. C’est nous qui allons défaire la Constitution. Mets-toi là-bas. Loin. Très loin. Et puis, moi, j’ai envie de te demander : la Mauritanie, tu la laisses pour qui, après toi ? Qui va la gouverner ? Et toutes ces réalisations, elles vont aller à vau l’eau ? C’est quoi, ça ? » Tous les présidents faisaient des visitations. Tous les présidents du monde font des visitations. Y compris le dernier élu : Donald Trump. Ils vont se faire voir en Corrèze, au Texas ou au Tagant, c’est pareil. Ils vont raconter des histoires. Ecouter des clowns. Rire de leurs bêtises. « Monsieur le Président, ces greyraya (diminutif de garay, enseignant en hassanya), surtout les « arabisants », ne servent à rien ». HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHaha. Mais ça fait rire, non ? Un Président, ça rit. C’est comme tout le monde. C’est une personne ordinaire. Ce n’est pas un extraordinaire. Juste une Majuscule. Puis, le rire, ça ne fait rien. On dit même qu’il ne reste pas dans « l’âme ». Il n’ya pas mieux qu’un Président qui rit de ses citoyens. C’est justement parce qu’il considère qu’il n’y a rien entre eux. C’est la transparence totale. Et puis, le rire, c’est comme un gros torrent. Impossible de le stopper. Le rire est bon signe. Il ne faut pas être sévère. Les Mauritaniens aiment rire. De tout. Tout est rire. Il n’y a rien de plus grand que le rire. On « rire » de tout. C’est bon et bien. Les Mauritaniens rient de leurs institutions. De l’école et des garays. De la présidence. De l’armée. De la santé. De la banque. De l’argent. De la presse. Des médias. Rien n’est au-dessus du rire. Ni le drapeau. Ni l’hymne. Ni même les oulémas et leurs enseignements. Le rire, comme on dit, ne reste pas dans « l’âme ». La vie n’est rien, sans le rire. Surtout que dans l’au-delà, on ne sait pas ce qu’il y a. Il faut profiter, pendant qu’on est ici et maintenant. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Il faut décompresser. Attention au stress ! Un ‘’journaliste’’ avec un haut parleur marchant devant la voiture du Président : ça ne fait pas rire, non. Un ministre de souveraineté retroussant les manches de sa chemise, rehaussant les pans de son thiaya et encourageant les populations à applaudir fortement le président : ça fait ne pas rire. Un député de la majorité « renversant le pantalon » de son père pour accueillir le président, ça ne fait pas rire, non. Un ancien ministre d’Ould Taya faisant le panégyrique d’Ould Abdel Aziz : espoir du pays, réalisateur des grandes œuvres, bâtisseur de la République ; ça ne fait pas rire, non. Mais ça fait, tout simplement, mourir de rire, tout ça. Imaginez un Président qui ne bouge pas. Ni dehors. Ni dedans. Comment va-t-il comprendre le peuple ? Comment va-t-il savoir si ça marche ou non ? Que c’est ou ce n’est pas ça ? Il faut bouger pour savoir. Les walis, les hakems, les directeurs régionaux de la Sûreté, les commandants de compagnie de gendarmerie, les députés, les sénateurs, les notables, les chefs traditionnels, les femmes chefs de ménage, les responsables des organisations de la société civile, les journalistes/voyageurs. Tout ça ne suffit pas. Il y a des choses à ce point enfouies que seul le chef peut les déterrer. Les déclarations d’amour, pour un Président, ne s’envoient pas par canaux interposés. Il faut les faire directement. Publiquement. Sur la tête des témoins. Comme ça, si jamais il advient quelque chose, il ya des preuves, formelles, de ce que le peuple a voulu. Et ce que peuple veut, Allah veut. Visitation un jour, visitation toujours. Salut.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !