Depuis deux ans, deux« voyoutes » se servaient de téléphone pour prendre contact avec de hauts responsables de l’Etat, se présentant en tant que ministre ou autre autorité, actuelle ou ancienne, afin de recommander telle ou telle parente pour une aide financière.
L’une s’occupe des maures, l’autre, des autres composantes nationales, chaque « cible » étant contacté dans sa langue maternelle. Une fois le responsable pris à l’hameçon, voilà la donzelle ou un intermédiaire à son bureau, pour encaisser l’argent au nom de la personne recommandée. Les deux coquines ont ainsi réussi à rouler des ministres, des secrétaires généraux, des chefs de corps et autres directeurs de grandes institutions.
C’est le directeur général de la douane, le général Dah Ould El Mamy, qui va découvrir le pot aux roses. Informé, par sa secrétaire, que madame la ministre de la Culture veut lui parler sur son téléphone fixe, il prend, tout naturellement, la communication mais ne tarde pas à s’étonner. Ce n’est pas du tout la voix de Mint Soueïni qu’il connaît très bien. Sans rien laisser paraître, il attend la fin de la communication pour rappeler madame la ministre. Celle-ci lui confirme ses doutes : elle ne lui a pas téléphoné ce jour-là et n’a « jamais recommandé personne à quiconque ». Une petite enquête apprend cependant, à notre général perspicace, que deux de ses collègues ont eu à porter secours à des dames soi-disant recommandées par Mint Soueïni. Aussitôt, c’est le branle bas de combat ! Dah informe tous les hauts responsables que madame la ministre de la Culture ne demande jamais d’aide pour quiconque –du moins, de cette manière – et leur demande de faire attention à tout appel de ce type.
Il y a quelques jours, le chef-adjoint de l’état-major de la gendarmerie, le général Abdallahi Ould Ahmed Aïcha, reçoit un appel de la part d’une femme se présentant en tant que ministre de la Condition féminine. « Mais, bien sûr, madame », s’empresse-t-il de répondre, certain de tenir une des donzelles ciblées par son collègue, « envoyez-moi quelqu’un, je ferai le nécessaire ». Et certes, le nécessaire a été fait et bien fait : cueilli dès son arrivée, un quart d’heure plus tard, par les éléments de la brigade mixte, le commissionnaire s’est vu obligé de conduire les gendarmes au domicile des deux arnaqueuses. Elles dorment, désormais, à la prison des femmes de Sebkha.
Nouveau style de braquage
Mohamed Ould Amar, 28 ans, natif de Zouérate, est un intermédiaire de vente de devises. Il passe le plus clair de la journée aux aguets, dans les principales artères de la capitale. Il hèle chaque voiture, espérant la moindre occasion de négoce. Lundi 11 Août, vers vingt heures, le voilà au carrefour près de l’ancien siège de la Mauritel. Ah ! Une RAV 4 s’arrête ! Ses quatre jeunes occupants s’informent du prix de l’euro sur le marché. L’appât du gain pousse Mohamed à s’embarquer avec eux, vers une villa, « pas loin », assurent-ils, « où l’on va t’acheter un gros paquet d’euros ».
La voiture vire à droite dans une ruelle déserte. Arrêt et hop ! Couteaux sous les yeux, au cou, au ventre, vidage de poches et vlan ! Va voir dehors si j’y suis ! Notre pauvre Mohamed a à peine le temps de comprendre ce qui lui arrive que la voiture démarre sur les chapeaux de roue et s’éloigne dans un nuage de poussière.
Le malheureux jeune homme s’en va directement porter plainte au Commissariat spécial de la police judiciaire (CSPJ). Grâce à la description qu’il en donne, la voiture est rapidement identifiée et arrêtée. A son bord, D.O.Y., principal suspect. Il est confronté à sa victime qui le reconnaît aussitôt. Ses complices, dont un certain Ghazali fiché par la police, courent toujours.
Un candidat pèlerin déplumé
Mohamed Ould Abdel Vettah est un habitant du village de Tawfiq, dans la commune d’El Khat, moughataa de Mederdra. Il a quitté sa localité qui commence, enfin, à goûter aux délices de l’hivernage, pour aller s’inscrire dans la liste des candidats au Pèlerinage. Chance : le voilà sélectionné au tirage au sort des rares places réservées aux pèlerins mauritaniens ! Oui, oui, c’est bien son nom que vient de lancer le préposé à l’appel des heureux élus ! Mohamed manque de sauter de joie. Entouré par ses parents et amis, on le congratule de toutes parts. La Mecque, Médine, le rêve d’une vie pieuse !
Joie de courte durée, malheureusement. Car, parti récupérer, dans sa voiture, la somme d’un million trois cent mille ouguiyas qu’il y avait laissée, il en revient bredouille : un voleur s’en est emparée ! Sa plainte, auprès de la police qui envoie enquêter, dare-dare, des éléments en civil, restera vaine : le voleur est déjà bien loin… Pauvre larron : s’il savait le feu qu’il a dans les mains !
Mosy