Quand le commis se fait vomi, sans doute vaut-il mieux se tenir à l’écart et attendre que le service d’assainissement nettoie la place. Mais il est cependant parfois nécessaire de réprimer, tant se faire que peut, les spasmes des malpropres. Violemment attaqué, monsieur Meyloud Ould Lekhal a dû se résigner à s’y employer et l’a fait de si raffinée manière, dans les colonnes de notre confrère Mauriweb, que nous nous faisons un plaisir de reproduire textuellement sa mise au point. Chapeau bas, monsieur Lekhal !
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En parcourant l’édition du 9 Août courant de votre site Taqadoumy, j’ai été surpris de voir mon nom cité , dans des allégations à la fois graves et particulièrement malveillantes. Votre papier, ayant par la suite , été repris par d’autres sites, je me suis retrouvé la cible d’une campagne effrénée de dénigrement et de calomnies cyniques. Cette campagne est bien évidemment initiée et orchestrée par un haut fonctionnaire cherchant ostensiblement à nuire à ma réputation et à mes intérêts.
Vous affirmez, en substance, qu’un Directeur en service au MPEM, a été écarté de la délégation mauritanienne en charge de la négociation relative au renouvellement de l’Accord de pêche avec l’Union Européenne, parce qu’il me passait des informations que je communiquais à mon tour au chef de la délégation de l’Union Européenne. Je vous prie de bien vouloir publier ce droit de réponse par respect envers vos lecteurs, plus que pour défendre mon amour propre personnel.
1- Je tiens, en premier lieu, à préciser que je ne connais point le chef de la délégation de l’Union Européenne en charge des négociations, avec lequel je n’entretiens aucune relation personnelle, ni directe, ni indirecte. Pour éviter toute méprise, il convient d’ abord de rappeler que la politique des pêches, dans le fonctionnement de l’Union Européenne, relève de la compétence de la Commission et non pas des Etats membres. Les négociations en question ne sont donc pas conduites par les armateurs privés, mais par des fonctionnaires de la Commission Européenne, par essence indépendants des Etats membres et à fortiori des armateurs privés. Que cela donc soit clair, , les négociateurs européens ne sont pas dans ma sphère de relations et encore moins d’influence.
2-Par contre et c’est de notoriété publique, j’opère avec des partenaires commerciaux privés qui sont des armateurs et des industriels de pêche européens, connus et respectés dans leurs pays respectifs. Il s’agit en l’occurrence d’une relation d’amitié, de confiance et d’appréciation mutuelle, largement antérieure aux premiers accords de pêche entre la Mauritanie et l’Union Européenne, conclus en 1996. Nos relations, qui n’ont rien de délictueux, d’illégal ou d’antinational, se sont tissées au fil de plus de trente ans de partenariat, de connaissance et d’amitié. Il importe d’ailleurs de souligner que les armateurs privés européens ne viennent pas en Mauritanie pour solliciter des passe-droits ou des faveurs et je n’ai, en ce qui me concerne, aucune prétention à pouvoir les leur offrir. Ce sont des professionnels qui cherchent des opportunités d’accès à des zones de pêche où ils peuvent réaliser des activités fructueuses, en toute légalité et sur la base d’accords et conventions en bonne et due forme.
3- Dans sa dernière conférence de presse à Nouadhibou, le Président de la République avait déclaré, avec beaucoup de lucidité et de pertinence, à propos du renouvellement de l’Accord de pêche avec l’Union Européenne : «Je m’attends à ce que les européens défendent âprement leurs intérêts ; nous défendrons âprement les nôtres, mais à la fin, je suis confiant que nous parviendrons à un compromis sauvegardant les intérêts des deux parties. » Le débat est ainsi cadré. Les armateurs et les négociateurs européens n’ont nul besoin des consignataires mauritaniens, moi-même y compris, pour défendre leurs intérêts. Ils les connaissent plus que quiconque et sont mieux outillés pour les défendre. Les consignataires ne cherchent pas à être plus royalistes que le roi, comme le font croire certains esprits chagrins. Leur rôle, et ils s’y limitent, consiste à représenter les armateurs auprès des administrations et à fournir services et assistance à leurs navires.
4- Et puis de quels secrets ou informations à passer à l’autre partie s’agit-il ? Une négociation internationale, comme celle-là, n’est pas « un jeu de poker menteur » ou un « exercice de fourberie » où il faut jouer au plus malin et se croire plus intelligent que ses interlocuteurs. Les négociations internationales se déroulent « cartes sur table », dans la sincérité, la bonne foi et la transparence. C’est la qualité du dossier, sa totale maitrise, la force de l’argumentaire technique et commercial et le poids des relations stratégiques entre les deux parties qui constituent les clés du succès. Les qualités humaines du Grand Commis de l’Etat, responsable de ces négociations côté mauritanien, doivent être l’attachement à l’intérêt général, la sérénité, la patience et la courtoisie. A contrario, la vanité, l’arrogance et la présomption crispent les relations humaines entre négociateurs et sont contre-productives. D’ailleurs, le Grand Commis de l’Etat n’a pas besoin d’ afficher avec exubérance sa puissance et clamer, à propos et hors de propos, la confiance dont il prétend être investi. Ce comportement relève plus du trafic d’influences que de la loyauté.
La déontologie du Grand Commis de l’Etat est faite d’humilité, de retenue et d’oubli de soi. Les Grands Commis de l’Etat sont seulement ceux qui sont pleinement conscients qu’ils seraient moins que rien s’ils n’étaient revêtus des attributs de la Puissance Publique. S’approprier indûment, dans tous les médias, la paternité des orientations politiques de la République et des réalisations de l’Etat manque de pudeur et de décence.
5- Je rappelle que cette campagne de dénigrement n’a rien de fortuit. Je suis dans le secteur des pêches depuis 1979 y menant mes affaires tant bien que mal. Mais depuis 2005, je n’ai cessé de subir, sous la conduite d’un haut fonctionnaire du Ministère des pêches en service depuis lors, une campagne de dénigrement personnel et de harcèlement sans précédent. Mes partenaires, russes et européens, sont constamment l’objet de persécutions et vexations, par l’utilisation péremptoire de l’autorité de l’Etat contre l’activité de leurs bateaux. Cette campagne a atteint son summum en 2013 quand on a déclaré à mes partenaires que j’étais sur une prétendue liste noire de l’Etat. En fait, ce ne sont pas mes partenaires qui sont jugés indésirables. Au contraire, ils sont convoités et assidument démarchés par ceux-là mêmes qui me persécutent. C’est ma relation avec eux et mes affaires que l’on cherche rageusement à briser.
N’en déplaise à mon détracteur, faire étalage partout de sa haine viscérale à l’endroit du secteur privé et de ses professionnels peut, certes, être la preuve d’une politique répressive (laquelle est d’ailleurs souvent sélective) mais ne peut constituer en soi une bonne politique économique. Enfin, je ne puis laisser à ce haut fonctionnaire omniprésent et prétendument omnipotent et omniscient le monopole de l’amour de la patrie. Tout jeune adolescent militant, j’ai appris à aimer mon pays et mes compatriotes. Ceux qui me connaissent savent, qu’au moins sur ce plan, je n’ai pas beaucoup changé. ‘’
MEYLOUD OULD LEKHAL