Dialogue, mensonge et tricherie

20 October, 2016 - 00:37

En Mauritanie, nos docteurs en politique pensent que leur science est inexacte, basée sur un tagine de mensonges, tricheries et trahisons. Malheureusement, aucun des opérateurs de la place ne semble imaginer que la politique est une disciplique scientifique, qui permet de guider les communautés, gouverner les peuples et développer le pays. Son prisme repose sur la sincérité, l’idéal de la Vérité, la prise de conscience et le respect scrupuleux du peuple.

Chez nous, depuis fort longtemps, on utilise les mêmes ingrédients, pour chercher, vainement, à faire de nouvelles recettes ; or, lorsqu’on s’engage en nouveaux objectifs, il convient d’établir de nouvelles stratégies.  Force est de constater que les programmes de politique générale déployés, depuis des décennies, n’ont abouti qu’à enfoncer davantage notre pays dans les méandres de la pauvreté, du désespoir et de la déchéance.  Les souvenirs sont récents et l’histoire très têtue. Ils demeurent encore présents dans nos esprits : 2009, la rencontre de Dakar, une tromperie, un leurre de tout un peuple et une trahison ; Septembre 2011, on s’attendait à un dialogue d’espoir, répondant à une crise politique sans précédent et qui minait toute la vie de la nation ; et le troisième, en cours depuis le 12 octobre 2016, ne sera qu’une impasse de plus, comme les autres. Bien que toute la nation souhaite que ces assises soient les bonnes et les dernières…Car, en politique claire, pertinente et efficace, il faut que le pouvoir gouverne de manière responsable, en appliquant son programme et sa stratégie, et que l’opposition conduise une politique dynamique et impulsive de contre-pouvoir. Jamais, il faut en comprendre la nécessité dialectique, ils ne pourront, tous les deux, en même temps, se mettre au goulot de la même bouteille de miel.

Alors, trêve de tromperie ! Que chacun d’eux s’attèle à son œuvre et lutte contre le désespoir grandissant qui s’incruste dans tous les foyers. S’il y a des gens heureux, sachez que d’autres souffrent de faim, de maladie, d’ignorance et de misère. Il est bien beau de crier des slogans pompeux et creux– Président des pauvres… – en croyant que tout va bien, même très bien, comme on se plaît à l’imaginer, mais, hélas, la réalité reste en travers de la gorge. Elle étouffe, étrangle, asphyxie et tue. Telle est la réalité. Certes, il y a des réalisations, en revanche, on ne peut nier les échecs scolaires, énormes – 93% ! – la famine qui atteint plus 80% des familles, le coût trop élevé de la santé, alors que la corruption mine la société, le racisme et l’exclusion font légion, le favoritisme et l’injustice sont monnaie courante.

C’est dire qu’on est devant une société malade. Une maladie transmise et entretenue par le pouvoir, alors que c’est encore lui le médecin qui pourrait éradiquer cette affection. Alors, les gouvernants, au travail ! La communauté mauritanienne souffre et se meurt, agissez vite ! Quant à vous de l’opposition, préparez vos amarres, votre tour viendra ! Car le peuple mauritanien attend, stoïquement, carte d’électeur en main :sa sanction tombera et le couperet tranchera.

 

Ba Saïdou