Dans un appel lancé aux dialoguistes, à la commission de supervision et au président de la République, publié ce 17 octobre, le président du parti Arc-en-ciel, M. Ba alassane Hamady dit Balas écrit : « Notre loi fondamentale, notre constitution doit non seulement être dépoussiérée ou faire l’objet d’un toilettage, comme le préconisent certains, mais, elle doit être revue de A à Z pour qu’elle soit adaptée à nos aspirations et à nos exigences; celles de ces nouvelles générations. »
Cette sortie, qui intervient au lendemain du retrait du parti APP du dialogue et surtout au moment où la question du 3e mandat cristallise l’attention du palais des congrès mais aussi de tout le peuple mauritanien, intervient au lendemain de la suspension par le parti APP de sa participation au dialogue.
Certains ont estimé, en lisant ce texte que Arc-en-ciel serait favorable à la révision de la Constitution, donc à un 3e mandat pour l’actuel président, prôné justement par la majorité présidentielle et certains de ses proches.
L’arc-en-ciel serait-il favorable au déverrouillage des articles limitant les mandats présidentiels à 2 et celui de l’âge des candidats?
Pour aider les uns et les autres à comprendre la portée ou la signification de cette invite, Le Calame a demandé une explication de texte au chargé de communication et porte parole du parti Arc en Ciel, M. Bakary Guèye.
Voilà ce que l’intéressé nous a dit en substance au téléphone: Dans cet appel, le président Balas n’a fait que réitérer les thèmes qui sont chers à notre parti et qu’il avait justement abordés dans son discours inaugural du dialogue, le 29 septembre au Palais des Congrès, ce qui d’ailleurs lui a valu la désapprobation d’une partie du public. Comme vous le savez, le président Balas ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu’il pense, ici, il a répété à ceux qui veulent bien l’entendre qu’il n’est pas allé au dialogue pour prêcher la démagogie ou pour plaire à quelqu’un. Notre parti demeure convaincu que la Mauritanie ne peut consolider son unité nationale, sa cohésion sociale qu’on rabâche à longueur de journée, sans aborder les questions qui fâchent. La Mauritanie a besoin de solder ces questions pour avancer. La Mauritanie doit se regarder dans un miroir et s’interroger son avenir. Le président Balas estime que le dialogue en cours est une occasion justement pour débattre, sans détour de l’ensemble des questions qui peuvent handicaper son développement, de rapprocher les positions des uns et des autres, de vaincre les réticences et les appréhensions.
« Le PMC Arc-en-ciel se bat pour que l’unité nationale fortement ébranlée depuis ces dernières année ne reste pas un vain mot », a précisé Bakary Guèye.
Venant à la question que les uns et les autres se posent à la lecture de l’appel du président Balas, Bakary Guèye précise: « Si Arc-en- Ciel dit qu’il ne suffit pas de toiletter la constitution, ou la dépoussiérer, mais de la reprendre de A à Z, c’est parce qu’elle comporte beaucoup d’insuffisances, qu’elle a montré ses limites. C’est pour qu’elle réponde aux aspirations du peuple mauritanien, préserve les générations futures de ce pays. S’il dit qu’il faut refondre la constitution, en la révisant de A à Z, c’est pour qu’on y inscrive l’enseignement à l’école des langues nationales Pulaar, Soninké, Oulof et bambara, au même titre que l’Arabe. Ces langues nationales doivent être clairement citées et doivent avoir le statut de langues officielles.
S’il dit qu’il faut revoir la constitution, la reprendre de A à Z , c’est pour permettre aux mauritaniens d’origine négro-africaine de pouvoir porter plainte contre les abus des forces de l’ordre (gendarmes, policiers) qui les font descendre d’un véhicule de transport pour leur exiger une carte d’identité, parce qu’on doute de leur mauritanité, contrairement à leurs concitoyens Arabes, assis à leurs côtés dans le même véhicule, alors que la Constitution reconnaît leur mauritanité; Le délit de faciès doit être banni voire criminalisé par la constitution.
S’il dit qu’il faut refondre la constitution, la reprendre de A à Z, c’est pour y inscrire le droit à ces mauritaniens d’origine négro-africaine d’obtenir des papiers d’état civil, en quelques minutes, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. En effet, c’est un véritable parcours du combattant que de prétendre à une pièce d’identité dans les centres d’enrôlement.
S’il dit qu’il faut revoir la constitution de A à Z, c’est pour y inscrire le respect du droit coutumier ; c’est pour assurer aux ressortissants de la vallée du fleuve Sénégal ainsi qu’à tous les autres propriétaires terriens que leurs terres ne seront plus arrachées ou confisquées par leurs propres concitoyens ou par l’état, sans aucune forme de procès, comme s’ils étaient des citoyens de seconde zone.
Voilà des questions fondamentales auxquelles notre parti tient beaucoup. Il s’agit là pour le PMC Arc-en-ciel de revendications qui, si elles étaient retenues, nous serons prêts à fermer les yeux sur tout le reste.