Je crois profondément aux valeurs que sont le partage, l'égalité, la justice sociale, élevée que je fus dans cette gauche que le politiquement correct appelle aujourd'hui "extrême gauche"...Je crois profondément en la redistribution des richesses, en la mixité sociale, en la vertu et la morale en politique. Je crois profondément que la politique est le lieu de la mise à disposition au profit du bien de tous et non pas d'une élite. Je crois profondément en l'école comme creuset citoyen, en construction d'une pensée commune, en outil de libération... Nous avions l'occasion, petit pays né de nulle part, de construire un modèle social qui profite à tous. Nous ne sommes pas nombreux, nous sommes forces vives, nous sommes hommes. Nous pouvions décider d'être. Mais nous avons choisi de ne pas nous penser, de ne pas nous construire. Nous avons choisi la déconstruction d'un idéal...
Nous avons favorisé les élites, le mensonge, la corruption, le détournement, l'exclusion communautaire, les politiques de "saupoudrage", l'arrogance en lieu de l'action, le maintien dans un imaginaire fantasmé...
Nous avons découpé notre sous sol, bradé nos richesses, fait de notre seule entreprise, la SNIM, un outil à alimenter les campagnes électorales, atomisé le monde rural traditionnel, dépossédant les paysans au profit de commerçants.
Nous avons fait de l'amoral et du mensonge une vertu...
Nous avons menti à nos enfants, nous continuons à leur mentir et à les effacer de la carte du monde par une Éducation dite Nationale catastrophique et génératrice d'inculture...
Nous avons bradé nos valeurs islamiques, notre tolérance, notre savoir, notre intelligence au profit d'une " nouvelle" religion, le wahhabisme.
Nous avons fait de l'armée un outil d'asservissement de l’État.
Nous avons fait du mépris de l'humain une vertu cardinale...
Nous avons fait de la jalousie, de la méchanceté, une manière de vivre...
Nous nous sommes oubliés en chemin...
Nous sommes fantômes dans la survie....
Nos politiques ne nous méritent pas, nous peuple de Mauritanie....
Alors, puisque vous, gens d'en haut, semblez nous avoir oubliés, nous les gens d'en bas, nous qui, pourtant, vous élisons, je vais vous parler de nous, vous dire qui nous sommes et combien nous méritons mieux....
Nous sommes un peuple formidable qui rit de tout, même quand tout va mal, qui a cet humour pétillant des gens qui ont dépassé le fatalisme pour mettre des couleurs là où rien n'est normal.
Nous sommes un peuple multiple, débrouillard, hardi, prompt à la plaisanterie, qui fait d'une posture une pièce de théâtre et qui met en rires les aléas de la vie.
Nous sommes un peuple généreux, si généreux, qui donne à l'étranger de passage, qui ouvre sa maison, sa tente, sa case, son cœur, un peuple qui donne sans calculs.
Nous sommes un peuple d'artistes, de musiciens, de poètes... Nous mettons de la musique partout, des mots qui s'envolent, des mots poésie. Nos femmes font de la poésie comme vous vous enfilez vos chemises à la mode...
Et un peuple de poètes est un grand peuple...
Nous savons raconter les histoires et manions la parenté à plaisanterie avec truculence.
Nous sommes travailleurs, toujours à courir derrière notre survie et celle des nôtres, de nos familles. Il le faut bien, n'est-ce pas, cette course perpétuelle pour remplir la marmite, payer ses crédits, déposer un morceau de viande dans le plat, offrir un petit plus à nos enfants.
Nous sommes pacifiques, tellement pacifiques que vous pensez que nous ne connaissons pas la colère et que vous pouvez tout nous promettre...
Nous sommes là quand vous avez besoin de nous, pour vos meetings et vos distributions « d’appâts à meetings ». Nous sommes là quand vous avez besoin que l'on vous acclame. Nous vous donnons un sens, ne l'oubliez pas...
Nous sommes un peuple jouissif, truculent, plein de saveurs, épicé, multicolore, aux langues diverses.
Nous mettons en couleurs nos aujourd’hui si tristes, si gris.... Et nous hochons la tête en murmurant « Inchallah... ». Dans ce « Inchallah », est résumé toute notre vie de pousse-cailloux...toute l'espérance, tous les rêves...
Et même quand vous faites comme le chameau Tendgha et que vous vous enfoncez tout seuls une épine dans le pied, nous faisons semblant, car nous sommes respectueux, de ne pas voir que vous nous mentez.... Mais on murmure, une fois que vous êtes partis « eux là, c'est comme l'épine du chameau Tendgha.... » en riant d'un grand éclat de rire de ceux qui ne vous croient pas...
Nous sommes un peuple si fin, si spirituel, si insolent, que nous avons des centaines de proverbes, tous plus jouissifs les uns que les autres, qui racontent nos histoires et qui taclent gentiment nos tribus : « la paille du Tagounanet » ou « l’Imam des Idayghoub» etc....
Nous sommes un peuple pieux, profondément pieux, pour qui la simplicité des choses et de la vie sont enfermés dans les mots de la prière et de la Foi. Vous prenez ça pour du fatalisme. Nous on sait que c'est sens de Tout.
Bref... Vous ne nous méritez pas.
Vous allez vous mettre à dialoguer le 1er Septembre, loin de nous, tellement loin, tellement loin de nos Mauritanie qui sont dans la débrouillardise et qui regardent à la télé toutes ces richesses dont elles ne verront jamais la couleur...
Dialoguez donc...
Cela ne changera rien pour nous. Pour vous non plus d'ailleurs.... Mais ceci est votre problème. Il n'est plus le notre.
Vous nous avez perdus depuis tellement longtemps !
Salut
Mariem mint DERWICH