Journées de la Ghadima de Tidjikja : L’eau et la restauration de Ghadima au centre des débats

11 August, 2016 - 02:29

Les journées pour la sauvegarde de la Ghadima, le vieux ksar de Tidjikja, ont pris fin ce dimanche 31 Juillet dans la capitale du Tagant. Durant trois jours, les participants venus de Nouakchott et de la ville ont passé en revue les préoccupations de leur cité, via des ateliers, une foire des dattes et de l’artisanat, un « marathon pour connaître Ghadima », des soirées artistiques et culturelles... Deux principaux ateliers ont dominé les journées. La problématique de l’eau, d’une part, et, de l’autre, la restauration et la sauvegarde du vieux quartier de la ville, inscrit, depuis une année déjà, au Patrimoine national.

S’agissant du premier atelier, les participants ont pris connaissance du travail réalisé par la commission fondée lors du dernier festival des dattes de Tidjikja. Après en avoir longuement discuté, les participants ont formulé une doléance auprès des pouvoirs publics, pour une solution rapide au problème d’eau qui sévit dans la ville et ses environs. Ils en préconisent la recherche en dehors de l’oued dont la nappe est fortement entamée. La rareté des pluies en empêche tout renouvellement, alors que la ville ne cesse d’y puiser, tant pour les besoins vitaux des gens et du bétail que pour ses palmeraies. Désormais, seuls ceux détiennent de gros moyens pour forer à près de 70 m de profondeur parviennent à entretenir une palmeraie rentable. En plus de cet épuisement de la nappe, on note une augmentation sensible du taux de salinité de certains forages. Du coup, une grande partie de la ville consomme de l’eau salée. Il a notamment fallu panacher l’eau douce et l’eau salée du forage du quartier Argoub. Diverses études effectuées hors de l’oued avaient fait pourtant naître l’espoir des populations mais rien n’a évolué, à ce jour. Lors d’un précédent atelier à Tidjikja, certains avaient suggéré de faire venir l’eau de la Tamurt Enaj, (N’Beïka), soit à près de cent kilomètres.

Le deuxième atelier a permis aux participants de se pencher sur la restauration et la sauvegarde du plus vieux quartier de Tidjikja, inscrit, l’an dernier, au registre du Patrimoine national.  Un bilan d’étape a été dressé, ouvrant, aux participants, des perspectives d’avenir pour ce ksar fortement dégradé par l’érosion et envahi par de nouvelles constructions en ciment. Les restaurations réalisées les Eh Taleb et les Ehl Ahmed Vall ont servi de cas d’école. Les débats ont tourné autour de la propriété foncière de type waqf (ou hubs), propriété collective trop souvent insuffisamment définie, dans ses modalités de fonctionnement. Les anciennes maisons désertées appartiennent ainsi indéfiniment à toute la lignée des descendants sans qu’aucun mode de gestion n’ait été précisé.  Les participants ont recommandé la poursuite des actions de restauration et de sauvegarde de ce patrimoine, en concertation avec les services concernés de l’Etat et les partenaires au développement.

Il faut signaler qu’un groupe de cadres a été formé pour le pilotage et le suivi de chacun de ces deux grands ateliers. Une troisième rencontre, non moins importante, s’est appliquée au problème du charançon rouge apparu, dans l’oued, il y a quelques mois. Cet insecte dévastateur a détruit plusieurs palmeraies, principalement au quartier Wasta. Les cadres de la ville avaient alors tiré sur la sonnette d’alarme et monté une commission de sensibilisation des exploitants. Les services du ministère de l’Agriculture ont dépêché des missions et entrepris une campagne de surveillance et de destructions des palmeraies affectées. L’activité du charançon rouge, conjuguée au manque d’eau, a fortement affectée la production de cette année, c’est pourquoi n’a-t-on pas organisé de festival des dattes, remplacé par les journées culturelles centrées essentiellement sur la Ghadima.

La commission de suivi « Tidjikja sans charançon » a communiqué les résultats de son travail. Belle occasion, pour les participants, d’en débattre et d’avancer des propositions pour la suite des actions à entreprendre. On retiendra que la très forte contamination enregistrée en début d’année s’est calmée depuis quelques mois.  Mais il reste difficile, voire impossible, d’éradiquer la maudite bestiole.

 

Caravane médicale

Les journées pour la sauvegarde de la Ghadima, comportaient également un volet médical. A la veille du lancement de ces journées, une caravane médicale a débarqué à Tidjikja. Composée de divers médecins, toutes spécialités confondues, la caravane a procédé à de nombreux actes chirurgicaux et distribué un important lot de médicaments dans les locaux de l’hôpital régional du Tagant. Comme toujours à pareilles occasions, les populations de la wilaya ont accouru de partout pour bénéficier de consultations et de soins gratuits. Dirigée par les professeurs Isselmou ould Lekhliva (pédiatre) et Isselmou ould Abdel Hamid (interniste), l’équipe comprenait deux généralistes, deux chirurgiens, un anesthésiste, un gynécologue, un pédiatre, un gastroentérologue, un orthopédiste, un radiologue, un ORL, un urologue et un radiologue.