Tout revient à son origine. Vieil et célèbre adage populaire. Le jet de pierre, quoi qu’il atteigne, reviendra inévitablement sur terre. La vie ordinaire reprend ses droits. Les petites rumeurs distillées, ici et là, sur tel ou tel événement ; les petites indiscrétions à propos de tout, c’est de ça dont est faite la vie nationale. Essentiellement. Le zèle est parfois massacrant. La démesure foudroie. Surtout dans cette Mauritanie nouvelle où il ne faut faire que ce que l’on t’a dit de faire. Ni plus. Ni moins. T’as pas droit de prendre une quelconque initiative. Sinon, tu paies le prix. Qui a dit d’emmener des chameaux, le long de la route menant vers l’aéroport Oum Tounsi ? Un chameau, ça dépend de quel ministère ? Normalement, c’est le ministère de l’élevage. Ça, c’est si c’était un chameau simple qui a choisi d’aller blatérer et traîner sa bosse quelque part vers cette terre, si chère, de la belle Sebkha, aux tout petits jolis arbustes, tellement nourrissants pour les dromadaires. Mais un chameau harnaché, avec un homme dessus, turban, boubou et tout et tout, ça, c’est un chameau compliqué. Quand c’est harnaché bien aligné sur le trottoir, pour montrer la Mauritanie et son arabité. Alors, ça, c’est le ministère de la Culture ! C’est un casse-tête de savoir qui va payer la facture de ces chameliers imprévus. Des chameaux non budgétisés. Qui ne sont ni comme les trottoirs, ni comme les tentes, ni comme les drapeaux, ni les poulets entiers rôtis, ni le couscous ni le riz besmeti, encore moins les chauffeurs publics privés et retraités. Porte-parole du Gouvernement, tu vas payer la facture de ces chameaux non budgétisés ! Ça t’apprendra à prendre des initiatives aussi coûteuses pour le Trésor public. Tu apprendras, à tes dépens, que celui qui « te l’embellit, ne t’aidera pas en cela ». Bon, c’est bon. Ça va avec le Sommet. C’est fini. C’est bien fini. L’essentiel est qu’il ait été un sommet comme les vingt-six sommets des Etats arabes qui l’ont précédé ; sinon meilleur en ce qu’il a réalisé trois choses importantissimes : il a, tout d’abord, permis aux chefs arabes d’Etat de découvrir qu’ils peuvent gagner du temps, en organisant leur sommet en sept heures au lieu de quarante-huit. Puis de revisiter leur histoire, sous une grande tente où chacun peut dire ce qu’il veut, entrer et sortir où et d’où il veut. Et, en trois, que venir à un sommet est comme ne pas y venir. Sissi n’est pas venu ; ce qui se passe en Turquie, le Sommet de Nouakchott : quelle relation entre ces trois propositions ? Les effets boule de neige, ça existe. Alors, il faut faire attention. Les peuples ne sont pas les mêmes. Il y en a de grands : espèce en voie d’extinction. Il y en a de petits : espèce d’imbéciles. Il y a des peuples moutons : espèce envahissante. La tentative de coup d’Etat, en Turquie, est une leçon pour les démocrates : les vrais et les pseudos. Comment ? Plus de soixante mille interpellations. Dans tous les milieux. Ça veut dire que ça peut venir de n’importe où. La fédération turque de football a été destituée, pour implication dans la tentative de déstabilisation du pouvoir. En cela, un général d’armée ou de division est donc comme un vendeur de cure-dents ou de menthe. C’est vrai, la Mauritanie, ce n’est pas la Turquie. La preuve et heureusement, d’ailleurs : imaginez un peu si notre fédération nationale d’escrime, de ski, de waterpolo ou de trampoline étaient dans ces affaires, de 78 à aujourd’hui. Ce sera une autre histoire de passif. Cette fois démocratique. Les fédérations, les syndicats, les associations, les organisations ayant, de près ou de loin, marché, applaudi, de jour et/ou de nuit, en haut et/ou en bas, pour n’importe quel coup d’Etat de n’importe quel « coup d’étatouilleur », poursuivis, comme en Turquie ! Les hommes d’affaires, les femmes d’affaires, les grands, moyens et petits de tout ! Ça ferait bien plus de soixante mille à poursuivre, à faire rougir et à faire reverdir, pour voler avec les voleurs et pister avec les pisteurs. Aveuglement : revenant de brousse, à la veille du Sommet de Nouakchott, un ancien grand dignitaire du régime de Taya aurait déclaré à une radio locale : « Wallah Elle ! Je suis entré dans cette ville sans reconnaître que c’est Nouakchott ! » Sans commentaires. Salut.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !