Tu sais, dans ce monde, tu ne sais pas. Tu sais. Tu ne sais pas. C’est ça, je n’ai pas trouvé mieux pour m’exprimer. C’est ça : tu sais, tu ne sais pas. Ni quoi dire. Ni quoi faire. Ni quoi rire. Sur la Mauritanienne, un programme : Leyali El Arab, les nuits arabes. Pour nous faire croire. Faire croire, à nos têtes, que nous sommes arabes. Une vieille histoire de complexes ataviques que je croyais révolue. Visiblement, non. Comme disait, l’autre jour, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, devant les sénateurs : « S’il n’y a qu’un seul pays arabe au monde, c’est la Mauritanie ». Je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer. C’est quoi de plus d’être arabe ? C’est quoi de moins de ne pas l’être ? Que disait Franz Fanon ? L’Arabité, l’Africanité, l’Européanité, l’Américanité, l’Asianité, l’Australité… tout ça, c’est, finalement, rien. Le monde ne marche plus avec ça. Ça ne donne plus rien, tout ça. Ce sont des complexes grégaires qui ne mènent nulle part. Et puis, c’est faux : en République Islamique de Mauritanie, il y a tout le monde : des arabes, of course et félicitations, mais, aussi, des africains de Mauritanie. Tout à fait made in Mauritanie. Rien à faire, rien à dire. C’est ridicule et mensonger de le nier. Je n’interpelle même pas l’Histoire : je prends simplement à témoin la réalité. Tariq Ramadan est suisse. Penseur de l’Islam, grand penseur, intellectuel, petit-fils de quelqu’un. Vous savez, Teïba (symbole populaire de l’idiotie et de l’imbécilité) ne faisait pas autre chose que ce que nous faisons aujourd’hui. Elle entourait les aigles d’une zériba (enclos) pour les empêcher de voler. Exactement comme ce que les autorités nationales ont fait, pour empêcher Tariq Ramadan, un arabe (of course et bon à rappeler), de surcroit très grand penseur islamique de notoriété internationale, de tenir conférences à Nouakchott. C’est physiquement possible. Mais, c’est virtuellement foutu. On ne suspend pas les idées. On ne censure pas les concepts. C’est minable et archaïque, comme pratiques. On peut fermer une boutique. Une banque. Une épicerie. Les idées volent au-delà des casernes militaires, des compagnies de police, des bataillons de sécurité présidentielle. Tariq est reparti. Mais ses réflexions sont restées, propagées par une sympathie populaire d’autant mieux suscitée par une attitude impopulaire et ridicule. Les militaires ne marchent pas toujours. C'est-à-dire que ça ne marche pas toujours, pour les militaires. Fussent-ils de véritables généraux. Burkina Faso ? Zéro : les colonels, dehors ! Le peuple refuse. La patrie ou la mort. Le peuple a vaincu. « Erdogan est un homme », disait un politique de chez nous. Evidemment que ce n’est pas une femme ! Le peuple turc est un peuple. Evidemment que ce ne sont pas des moutons de Panurge ! Aujourd’hui ici. Demain là-bas. Après-demain, un peuple sans foi, ni loi, ni conscience ? Voilà des gens sérieux qui refusent le tripatouillage de leur démocratie par les militaires. Si si ou Sissi, une bonne leçon pour les autres… Erdogan et son peuple ne sont pas comme nos ânons verts qui se font tirer les oreilles dans tous les sens. Lettre de félicitation et de considération au peuple turc et à ses responsables militaires légalistes qui n’ont pas accepté l’assassinat de la démocratie. Mohamed ould Abdel Aziz ? Ajib... Allah fasse que ceux qui nous connaissent meurent ou oublient ! Bonne arrivée, Sissi, au Sommet arabe de Nouakchott, chez ton frère, ami et collègue, voire promotionnaire Mohamed ould Abdel Aziz. Nous sommes particulièrement heureux que le coup d’Etat ait échoué. Vive le grand peuple turc ! Vive la démocratie ! Union pour la république, UPR, quelle peau dure, messieurs-mesdames de l’admirable peloton des députés du 6 Août 2008 ! Allah fasse que ceux qui nous connaissent meurent ou oublient ! Allah, couvre-nous de ta discrétion et éloigne-nous de Ta honte ! Fasses-Tu que le Sommet arabe de Nouakchott soit plus haut que l’Everest ou l’Himalaya ! Comme ça, la Mauritanie sera véritablement un sommet des pays arabes, pour que plus personne ne puisse plus contester son arabité. Surtout pas les déguerpis de Gazra Bouamatou. Ni aucun de leurs frères harratines. Amine, amine. Salut.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !