"Ces articles sont publiés dans le cadre d’un projet financé par le Programme de l’Union Européenne pour la Société Civile et la Culture pour la promotion de la protection de l’environnement"
Dans le cadre de l’accord signé entre le Gouvernement Mauritanien et l’Union européenne, le Programme de l’Union Européenne pour la Société Civile et la Culture (PESCC), a attribué une subvention à notre association Action Environnement pour réaliser le projet intitulé Projet de sensibilisation nationale au développement durable et à la protection de l’environnement
On l’a dit et redit. On le répètera, encore et encore, inlassablement : l’homme n’est humain qu’en ce qu’il est responsable. Une attitude particulièrement dynamique, pour tout(e) croyant(e) convaincu(e) de ce que Dieu a placé notre père à tous, Adama (PBL), en son khalife sur terre, et, par filiation, chacun(e) d’entre nous. Nous sommes, tous et individuellement, comptables de cet engagement. Plus que jamais, cette responsabilité se conjugue, aujourd’hui, en attention quotidienne, soutenue, à ce qu’il advient autour de nous. Dans le contexte d’un environnement attaqué de toutes parts, chacun de nos gestes compte.
La question se pose un peu différemment selon qu’on vit en en ville ou en brousse. Dans le premier cas, notre environnement n’est quasiment plus naturel. Pourtant, ce que nous y faisons ou omettant de faire a des implications dans l’ordre naturel des choses, celui dont Dieu nous a confié la garde. Cela commence par le sachet de bonbon que je jette négligemment dans la rue, se poursuit dans la cigarette dont je pollue l’air de ma propre famille, la propension paresseuse à monter systématiquement en voiture, alors que je pourrais, bien souvent, utiliser plutôt les pieds dont Dieu m’a pourvu, l’indifférence aux maltraitances que subissent, sous mes yeux, les ânes, les chiens, les chats même, parfois. Cela aboutit, insensiblement, à mon irresponsabilité totale, dans ma tâche de khalifat. Homme de nom, je deviens inhumain, de fait.
On retrouve, en brousse, la même problématique. Mais notablement plus vive, en ce que je suis souvent amené à vivre de la Nature environnante. Il me faut conjuguer, en permanence, mes devoirs envers elle – les animaux que je tiens à ma disposition, la terre que j’exploite – avec les nécessités de ma propre survie. Si les conditions de celle-ci se dégradent, j’ai tendance à oublier ceux-ci. Et inversement. Mais il y a un arbitre à cette dialectique dramatiquement circulaire : ma propre conscience. Animée par ma foi, elle a besoin, pour se développer, d’un aiguillon pratique : l’étude, quotidienne, de ce dont j’ai la charge.
Penser global, agir local
Ainsi voit-on apparaître les fondements de toute action environnementale durable. La foi, bien sûr, tout particulièrement en ce que Dieu a mis, à notre disposition, tout ce qu’il nous faut pour bien vivre, à l’instant, là même où nous sommes établis. Et, déduction incontournable, l’attention studieuse à tout ce qui nous entoure. Mieux nous connaissons notre milieu de vie et plus nous pouvons en tirer juste profit. A cet égard, c’est bien en agissant qu’on devient acteur et la clé de l’efficacité pédagogique, dans la formation des éco-citoyens, repose sur une formule simple et frappante : concevoir tous les enseignements à partir et en direction première de l’environnement immédiat des élèves.
Autrement dit, l’école, le collège, le lycée, l’université ne doivent plus être conduits, seulement, en lieux d’enseignement mais, d’abord et surtout, en enseignement du lieu. Certes, cette notion de lieu tend à s’élargir, au fur et à mesure qu’on grimpe dans l’échelle du savoir mais il faut toujours conserver la dimension la plus localisée possible – et l’application, de même – de ce que l’on apprend. C’est la condition de réalisation d’une des clés les plus prégnantes du développement durable : penser global, agir local. Une telle attitude implique une formation soutenue du personnel éducatif aux méthodes actives d’enseignement – de type Freinet, Decroly, Montessori ou autres – et des investissements conséquents, dans le matériel didactique et de recherche accessible aux élèves.
L’Etat mauritanien n’en a manifestement pas les moyens. Il faut donc rechercher des voies nouvelles, associant celui-ci, la Société civile et le secteur privé, de la plus humble école de brousse, désormais pensée et conduite en centre culturel pour tous (1), aux plus hauts établissements de troisième cycle, résolument tournés vers la recherche appliquée, dans des projets dynamiques, centrés sur l’appropriation et la connaissance accrue des possibilités de nos terroirs. Moins qu’une question de moyens, certes importante, c’est de communication et de cohérence – au final, de cohésion – qu’il s’agit.
Ian Mansour de Grange
Note
(1) : Voir, notamment, mes séries parues à « Horizons » (2007) et « Le Calame » (2012) : « Plaidoyer pour une éducation pragmatique et « Mauritanie : quelle éducation pour nos enfants ? », disponibles sur simple demande à mon courriel : [email protected]