Affaire Ould Nezil
Après une semaine de très intenses recherches, le jeune commerçant Mohamed ould Cheikh ould Nezil a été retrouvé sain et sauf à Nouakchott. Son chameau l’aurait renversé, a-t-il expliqué, et ce serait pour soigner ses blessures qu’il s’était rendu précipitamment dans la capitale. Ramené d’urgence à Aleg, il devrait être entendu par le procureur, dès dimanche 10 août 2014, pour s’expliquer sur les conditions de sa mystérieuse disparition. Tout a commencé il ya quelques jours, lorsque les parents d’Ould Nezil retrouvent le chameau de celui-ci aux environs de la petite localité de Niabina, dans le département de M’bagne. Pris de panique, ils pensent au pire et alertent les autorités de la wilaya. Celles-ci se retrouvent à Niabina. Le wali, flanqué de tous les commandants de brigade de gendarmerie et de police organise les recherches, avec pas moins de cent cinquante véhicules bourrées de gardes, policiers et gendarmes. En quelques heures, la petite bourgade est comme assiégée de toutes parts. Un opérateur de téléphonie mobile aurait confirmé que le disparu a effectué son dernier appel dans un rayon de quinze kilomètres autour de Niabina où il serait allé chercher du crédit pour son téléphone. Selon ses proches, Mohamed Ould Nezil avait sur lui un substantiel montant, dépassant le million d’ouguiyas. Cinq Niabinois sont arrêtés ; l’un d’entre eux ne sera relâché qu’après la réapparition du jeune commerçant à Nouakchott. Quatre jours durant, les habitants de la localité subissent un véritable calvaire, vivant dans la peur et les menaces de tout genre. Certains proches du disparu usent de tous les moyens pour convaincre le procureur d’ordonner une perquisition dans les maisons et de profaner jusqu’aux cimetières, afin de retrouver Ould Nezil, mort ou vif. Ses parents affluent à Niabina et menacent de tout, si leur fils n’est pas retrouvé. Des rassemblements populaires dangereux, susceptibles de dégénérer en débordements incontrôlables, sont organisés devant toutes les places administratives et sécuritaires du Brakna. Incapables de les disperser, les autorités auraient fait intervenir des notables de la tribu des manifestants, pour persuader ceux-ci de rompre ces attroupements. Et, certes, s’il est du devoir de l’Etat de faire tout pour retrouver un citoyen disparu, il ne doit cesser, pour autant, de veiller à la quiétude et à la dignité de tous, en respectant, notamment, un des principes fondateurs du droit pénal qui garantit la présomption d’innocence jusqu’à la preuve formelle de la culpabilité. Les institutions de l’Etat doivent être suffisamment fortes pour prévenir tout risque de dérapage. L’histoire des peuples nous enseigne que les grandes tragédies humaines sont souvent le fruit de faits particulièrement anodins. Et ce ne sont pas les regrettables événements de 1989 qui contrediront ce constat.
La pluie tarde
Déjà la mi-août et le ciel refuse toujours de pleuvoir. A ce jour, le Brakna n’a reçu que quelques insignifiantes gouttes. Les 110 millimètres enregistrés, début juillet, à Boghé et environs, sont restés sans suite et n’ont, finalement, servi à rien. De mémoire de paysan, les pluies n’ont jamais attendu aussi longtemps pour se manifester. Les agriculteurs tiennent, malgré eux, leurs outils rangés, en attendant la bénédiction d’Allah. Quant aux éleveurs, ils commencent à réfléchir à une destination plus clémente pour leur cheptel qui commence à décliner. Effets collatéraux, les prix des denrées, en général, et des aliments de bétail, en particulier, grimpent inexorablement. Mais rien n’est fait, officiellement, pour apaiser les esprits et gérer la peur. Officieusement, les imams ordonnent aux fidèles de procéder à la prière d’El Istisqa’a. Une oraison religieuse consistant à organiser un rassemblement, dans une vaste aire, aux environs de dix heures du matin, et demander à Allah le Tout Puissant d’envoyer rapidement la pluie pour abreuver les hommes, les champs et les bêtes.
Le Brakna attend le gouvernement
Comme toutes les wilayas du pays, le Brakna garde son souffle, en l’attente de la formation du prochain gouvernement. Habituellement, la wilaya a toujours été représentée par au moins deux à trois ministres, depuis les premiers gouvernements d’après les indépendances. Il est même arrivé – par deux fois – que le Premier ministre soit un ressortissant de la cinquième région, comme aux temps de Maouiya et d’Ely où Sidi Mohamed ould Boubacar conduisit le gouvernement. Actuellement, le Brakna compte deux ministres (Finances et secrétaire général du Gouvernement) et trois postes de fonctions assimilées (ADG de la SNIM, commissaire aux droits de l’Homme et directeur de cabinet du Premier ministre). Or si les prestations, à la dernière présidentielle, devaient servir de critères, dans la composition de la future équipe gouvernementale, le Brakna ne devrait pas être en reste, pour avoir réussi à faire passer « brillamment » le candidat Mohamed ould Abdel Aziz, dans quasiment toutes ses circonscriptions électorales. En termes de cadres, le Brakna n’est pas non plus le moins nanti, au plan national. En termes d’adhésion au parti au pouvoir et de soutien au président, il est certainement dans le peloton de tête. C’est de lui que sont parties les premières manifestations de soutien à la fameuse Rectification. Ça vaut certainement ce que ça vaut. Et les gens du Brakna ne se privent pas de le rappeler à tout moment.
En attendant la consécration, les ministrables nettoient leur calebasse. Les candidats sont nombreux dans les cinq départements : du jeune maire harratine BCBG d’Aleg, Mohamed ould Soueïdatt, à l’ancien ministre des Affaires étrangères de Taya, Dah Ould Abdi ; des anciens mécontents, Sidamine ould Ahmed Challa, Cheikh Sid’El Moktar Ould Cheikh Abdallahi et Mohamed Mahmoud Ould Agrabatt, au député sortant Housseïn ould Ahmed Hadi, pour le département central, entre autres probables promus. Au Sud, les noms ne manquent pas non plus, tant à Boghé qu’à Bababé ou Mbagne dont les cadres crient, haut et fort, l’ostracisme dont ils seraient l’objet. Mais, après tout, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a ses raisons que la raison ne connaît pas. Alors attendons donc de bien voir pour savoir…