Les présumés meurtriers d’Ablay Cissé coffrés
Il y a quelques jours, un cadavre est découvert, très tôt le matin, dans le très populeux et dangereux quartier de Sebkha, au sud-ouest de Nouakchott. Après les formalités routinières et le constat des autorités, on apprend qu’il s’agit d’un ressortissant sénégalais, âgé de cinquante ans, appelé Ablay Cissé. La police locale ouvre aussitôt une enquête. Le lendemain, une piste conduit les enquêteurs vers trois suspects. Deux jeunes récidivistes mauritaniens et un complice sénégalais : Ousmane Cissé, né en 1994, à Nouakchott ; Souleymane Traoré, né en 1994, à Nouakchott également, et Ousmane Bana. Au cours de leur audition, ils reconnaissent avoir tué Ablay pour des motifs criminels. Ils ont été déférés et écroués, le lundi 9 Mai, selon une source de la police. Rappelons, par ailleurs, que l’enquête sur la mort mystérieuse du ressortissant du Sri Lanka, dans le même quartier, il y a trois semaines, s’est conclue sur la très forte probabilité d’un suicide par pendaison. Ses effets personnels ont été mis sous scellés, en attendant leur expédition vers son pays d’origine.
Rapt de bébé
Emotion, voici quelques jours, à la maternité du Centre Hospitalier National (CHN) : un nouveau-né a disparu ! Une jeune fille revêtue d’une blouse est venue l’emmener, pour soigner, soi-disant, son nombril. Ne la voyant pas revenir, la famille de l’enfant suspecte, en vrac, la sage-femme, l’infirmière de garde et le gardien qui a empêché la tante du bébé de l’accompagner. Le lendemain, des rumeurs, relayées par plusieurs sites d’information, font état de l’arrestation de la voleuse, dans un bus sur l’axe Nouakchott-Nouadhibou. Information vite démentie par la police.
Deux jours plus tard, Fatimetou mint Abidine, une infirmière-stagiaire enceinte de neuf mois, est évacuée, par son frère, à l'hôpital de l’Amitié, suite à une hémorragie. Les médecins informent de la nécessité d’une intervention chirurgicale, pour extraire le fœtus mort dans le ventre de sa mère. «Comment ? », s’étonne le frère, « Mais elle a déjà accouché, il y a quelques jours ! Son bébé est à la maison ». On suspecte alors qu’elle puisse être l’auteur du vol du bébé au CHN. Prévenue, la police se rend sur les lieux, avec la sage-femme et l’infirmière qui étaient gardées à vue. Celles-ci ne tardent pas à confirmer que la jeune femme alitée est bien l’inconnue présente à la maternité du CHN, le jour du rapt. Sans l’informer de la situation, on demande au frère d’aller chercher le bébé pour des soins. Et voilà son véhicule bientôt suivi par une voiture de policiers et une autre de la famille Hennoune, victime du rapt. Le frère de Fatimetou mint Abidine récupère l’enfant des mains de la maman de cette dernière et sort du domicile familial. C’est alors qu’un homme descend de l’une des voitures et vient lui arracher le nouveau-né. « C’est mon fils ! », s’excite-t-il. La bagarre est sur le point d’éclater mais la vieille maman de Fatimetou Intervient. « Arrête, mon fils ! Je me doutais que c'était suspect. Ta sœur m’a raconté une histoire à dormir debout. Elle n’a d’ailleurs jamais allaité le petit. C’est ta femme qui a accouché tout dernièrement qui s’en est chargée ». On découvre bientôt toute la vérité : Fatimetou a appris, lors d’une échographie, que son fœtus était mort. Ne voulant pas décevoir son mari, elle lui a caché la chose et décidé d’enlever un nouveau-né. Et c’est ainsi que, partie au CHN, le même jour, vêtue d’une blouse, elle a enlevé l’enfant d’une autre.
La police a officiellement remis le bébé volé aux siens, en présence du substitut du procureur et de nombreux de curieux qui ont envahi l’hôpital. La famille Hennoune a retiré sa plainte car elle appartient au même ensemble tribal que la famille Abidine. Mais Fatimetou, qui vient de subir une opération, reste sous surveillance de la police car elle doit encore être auditionnée et peut même être gardée à vue ; peut-être durement sanctionnée par l’Etat. Sa grande sœur a été auditionnée par le Parquet, lundi 9 Mai.
La doyenne des mendiants
La véranda de l’immeuble BMCI plus connu sous le nom d’AFARCO, grouille de monde, comme à l’habitude d’une matinée de jour ouvrable. Vendeurs de cartes de recharge ou de journaux, colporteurs, mendiants, clients de la banque et passants se démènent, dans un brouhaha interminable. De temps à autre, des agents de sécurité éloignent, de la grande porte et du guichet automatique, la nuée des chalands et autres marchands ambulants. Chacun occupe une place qu’il ne veut céder à quiconque. Une vielle femme maigrichonne, de teint bronzé, occupe toujours un même espace, à l’est de la grande porte jouxtant le mur. Elle est vêtue des haillons de ce qui fut boubou de «Legos ». Un vieux foulard du même tissu lui couvre la tête, laissant apparaître une masse de cheveux blancs. La voilà maintenant à accrocher, avec sa canne, le boubou d’un passant qu’elle a ciblé ! Et de lui quémander l’aumône, dans un sourire exhibant les restes de sa denture. Elle ne lâchera le quidam qu’après satisfaction de sa demande. Parviendrait-il à lui échapper qu’il se retrouverait aussitôt happé par un autre mendiant, un peu fou, qui se tient, lui, côté sud de l’allée. Et inversement : qui essaie d’éviter ce dernier sera saisi par la canne de la centenaire, invariablement à sa place, dès sept heures et jusqu’à dix-huit heures, au moins. La vieille Kadia que sa famille n’a jamais pu empêcher de mendier, malgré son grand âge, est originaire de Linguère au Sénégal. Elle s’était établie à Rosso-Mauritanie, dans les années cinquante, avant de s’installer, définitivement, à Nouakchott, pour s’adonner à ce « métier » si particulier.
Mosy