55 années d’indépendance et le non-dit /Par Brahim Ould Boidaha (deuxième partie)

7 April, 2016 - 02:35

a-1-8- L’inconnue en plus du drame d’Ehel Sahel : C’est la haine profonde, enracinée dans les esprits et les mœurs que cultive la majorité active des métaphores et qu’applique l’administration avec soin et soulagement des cœurs dans ses actes et par ses paranoïaques aux mort-vivants. De cette haine ont été les plus grandes victimes, entre autres, le feu capitaine Soueidatt Ould Weddad et le Président Haidalla.

a-1-9- la mort de feu Soueidatt est spécifique par rapport aux autres pertes humaines de ses confrères militaires. Elle est préméditée et préparée selon certaines informations confirmées par l’enchainement des faits et actes de sa hiérarchie.

 Il est clair qu’aucune condition en temps de guerre n’a été préparée ou exécutée pour lui permettre d’ouvrir le poste d’Aïn-Bintily abandonné par la garde nationale à cause de son insécurité et se trouvant à porter de fusils de la frontière avec l’Algérie engagée dans le conflit pour des raisons objectives et stratégiques.

Contrairement à toute logique, le ministère de la défense et l’état-major lui ont ordonné de joindre immédiatement Aïn- Bintily avec un seul véhicule, 5 ou 6 hommes et 200.000 UM de provision pour tout et que les hommes et le matériel nécessaires le suivront dans 2 à 3 jours. Jusqu’à 2 (deux) semaines avant sa mort, le renfort et l’approvisionnement nécessaires ne sont pas  parvenus à Aïn, chose aussi qui confirme le doute. ‘’C’est bien la charrue avant les bœufs’’.

C’est aussi une bonne stratégie en temps  de guerre. Nous ne pouvons que déplorer l'état d’âme abjecte, dans ce cas précis, de l’état-major de l’époque pour offrir des officiers à la mort en temps de paix comme en temps de guerre. Le cas de feu Soueidatt confirme bien que sa hiérarchie supérieure avait un objectif autre que la défense du pays. Le crime est dans leurs veines, malheureusement.

Nous condamnons cet état d’esprit et demandons par voie de conséquence que ce cas spécifique fasse l’objet d’une enquête minutieuse, suivie d’un jugement juste, objectif qui détermine à qui revient la responsabilité de la mort suspecte de ce valeureux officier. Feu Soueidatt a donné sa vie à sa patrie et aucune distinction ne lui a été faite, ni un rappel à sa mémoire et pour lequel nous demandons également un dédommagement substantiel à sa famille frappée fortement par la douleur non méritée. Le silence sur son cas serait donner la prime sur le plan national à des meurtres prémédités des nationaux sous n’importe quels  artifices erronés et non fondés.

a-1-10. Le second, comme son confrère précédent, tous deux ressortissants et natifs de Sahel ont été affectés cyniquement, comme meilleures proies pour la vengeance ancestrale qui habitent certains mauritaniens, sur la première ligne chaude de feu pour mettre leurs vies en danger ou s’entretuer avec les leurs. C’est aussi clair que l’eau de roche car ils ne sont pas les uniques officiers de l’armée mauritanienne à cette époque. Cette hantise de la haine cultivée, réactualisée au sein de certains milieux et même enseignée à leurs enfants, assortie de fatawas sordides, n’était guère dans les souvenirs des victimes  et  en connaissaient moins  les mobiles.

 

Rancune tenace

 De cette rancune inlassable, Haidalla a récolté à la fois la négligence volontaire, certes, des soins de ses enfants, pendant qu’il était sur le front le plus chaud de la guerre avec les sahraouis, rendant son plus grand enfant infirme et un mandat de dépôt assorti d’arrestation à la justice d’Atar pour haute trahison à la demande du ministère de la défense.

 

Poursuivi par cette aversion constante et inébranlable contre son origine, il a été déposé par un coup d’Etat le 12 décembre 1984 avec le montage et toute la préparation des français à la faveur de son dauphin et meilleur ami. De cette situation et les affres de son traitement allant jusqu’au remplacement des fenêtres de sa geôle par des briques pour qu’il reste dans l’obscurité nuit et jour, sans aération en plus, sur ordre du Wali de Kaédi de cette époque, ces enfants ont subi un choc psychologique fort et pour les juger, il faut bien se mettre à leur place.

 Il ne méritait d’aucune manière  ce traitement inhumain pour deux raisons :  

1°-  il n’y a rien à lui reprocher en tant que Président d’une république islamique dans la rigueur de la gestion du pays.

2°- et d’autre, il lui est dû le respect d’un chef d’Etat honnête,  convaincu d’un Etat mauritanien, nationaliste prouvé par son retour auquel il n’était nullement contraint  si son Etat se respecte.

3°-C’était aussi le cas du feu Moktar Ould Daddah qui devait bénéficier d’un bon traitement et des égards rattachés à sa fonction d’avoir été notre premier Président pendant 18 ans.

 Ces égards sont dus également à tous les Présidents qui ont eu à nous gouverner ainsi qu’aux  ministres et les ambassadeurs qui nous ont représentés à l’étranger. C’est le respect des règles de bienséance universelle. On est l’un des rares pays à jeter ses anciens responsables dans la corbeille au lieu de continuer à les utiliser à bon escient et profiter de leur expérience, comme, il est d’usage international.

4°- cette haine aux mort-vivants a été relayée de Haidalla à Ould Abdel Aziz aujourd’hui et à tous les cadres de cette composante qui ont pu émerger par leur compétence dans des institutions de l’État. En plus, tous les autres cadres, de tous niveaux, de cette composante sont aujourd’hui au chômage ou sous employés. Et quand, bien même, ils arrivent à se faire placer, ils sont inondés d’intoxications et de faux dénigrements pour les destabiliser.

 

 Mais c’est la culture de la médiocrité méchante qui habite certains mauritaniens. Cette attitude haineuse  ne les inscrira pas dans les annales de l’histoire au tableau d’honneur, ni dans le paradis.

 

On dit ‘’généralement que la haine est la colère des faibles’’. Haidalla a été victime de sa bonne foi naïve, chose inhérente à Ehel Sahel et surtout la méconnaissance de l’esprit et la mentalité caméléonesques d’El Bidhanes.

Nous faisons un distinguo entre El Bidhanes mauritaniens et ceux qui sont en dehors du pays se distinguant par des attitudes de grands seigneurs et le respect de l’honneur de l’autre. La réciprocité leur est hautement accordée dans les sphères dans lesquelles ils vivent généralement. Leur nombre est nettement  supérieur.

Pour les recherches de la vérité, nous avons recueilli les avis d’analystes, des observateurs neutres et certaines personnes âgées y compris les héritiers des éditeurs des fatwas hideuses et il s’est avéré que les mobiles essentiels de la haine contre les mort-vivants  sont dus à des faits des guerres tribales antérieures à la colonisation de la Mauritanie. En effet dans cette ère de ‘’seiba,’’ le plus fort gagne. Les mort-vivants connus pour leur combativité ont toujours assigné à leurs adversaires des lourdes pertes et emporté des butins substantiels essentiellement en armes, chameaux et esclaves et on leur rend aussi la monnaie avec d’importantes pertes. Mais, ils ont toujours gardé plus au moins la supériorité dans les combats.

 

 C’est ce qui semble être le mobile essentiel de cette  haine ancrée dans les esprits d’un large réseau  pour ne pas dire la majorité des mauritaniens, son souvenir est maintenu en veille et se réactualise pour éviter l’oubli.

 

 Il y a bien sûr des exceptions qui confirment la règle et qui peuvent être une bonne proportion de la population dormante.

 

Cette intrépidité de vengeance, à peine voilée ou en sourdine, est facilitée par l’importante présence en nombre des porteurs de ce virus dans toutes les structures de l’Etat et à tous les niveaux de ses hiérarchies, y compris aux renseignements, à partir desquels ils falsifient les informations aux fins d’assombrir l’image de cette composante en Mauritanie Il faut avouer sans circonspection que leur scepticisme dénigrant a été une réussite pour eux avec l’aide constante d’une administration complice. Dans de nombreux cas et souvent, ils sont juge et partie depuis l’indépendance à ce jour.

 

 

 

Cette abominable aversion contre les mort-vivants est devenue, compte tenu de son étendue dans certains milieux mauritaniens, une règle de gestion du pays à telle enseigne qu’ils sont exclus : de la représentation au gouvernement et des autres structures importantes de l’Etat ; à savoir : secrétaires généraux, Walis, Préfets, Dg sociétés importantes, Ambassadeurs et même les droits civiques se rétrécissent régulièrement comme  l’emploi etc..

 

Exclusion

 

Ils sont interdits d’être maires à Nouadhibou, du droit simple à l’emploi dans les services et sociétés de l’Etat et même privées qui ne recrutent que leurs parents, des bourses offertes par l’étranger, exclus des projets générateurs de revenus, leurs cadres supérieurs expérimentés et plusieurs cadres universitaires sont au chômage quand ils ne sont pas remplacés arbitrairement par des proches 

 

Cette exclusion ne s’est pas limitée à la représentation au niveau de toutes les hiérarchies des structures de l’Etat et l’emploi mais elle s’est étendue, depuis l’indépendance, par les gouverneurs et les préfets aux attributions des terrains à Nouadhibou. Tout récemment dans le cadre de sa mission, Iskan a réactualisé cette exclusion dans la nouvelle préfecture de Chami.

 

Connaissant bien les seuils de pauvreté de cette population rurale, elle a exigé des payements cash et des prix surévalués des terrains et logements économiques  pour exclure les autochtones dont ils savent que leur pouvoir d’achat ne peut leur permettre d’accéder à l’acquisition de ces œuvres qui devraient être destinées à eux pour les inciter à la sédentarisation.

 La procédure déployée par Iskan à Chami n’a jamais été dans les règles d’usage dans les cas d’espèce. C’est aussi clair que l’eau de roche. Mais la haine est dominante par tout.

 Plus grave encore, la zone rurale de cette région est ensevelie dans l’oubli depuis l’indépendance à ce jour et pour preuves qui a vu ou entendu que les ministres concernés l‘ont visitée notamment : le ministre du développement rural, de la santé, de l’élevage, de l’environnement et de l’intérieur qui a quelques pions partout et même la Tvm n’a jamais pu la repérer sur la carte géographique du pays.

 Et si vous demandez aujourd’hui à l’un des ministres concernés, il y a combien d’habitants, de chameaux, de moutons, caprins et de bovins dans la zone rurale de Nouadhibou etc.… le plus éclairé, vous dira, il n’y a rien en dehors de la nouvelle mine d’or de Tasiast  et le ministre de l’intérieur, le plus renseigné, vous dira, il y a effectivement quelques éleveurs sahraouis et des mongols qui pratiquent aussi l’élevage des chameaux. Donc, vous voyez bien l’étendue de l’exclusion ? C’est sur tous les plans.

 

 Des centaines de leurs jeunes, niveau du Bac, sont rongés par le désœuvrement, l’exclusion et la déconsidération. Ils n’ont même pas le droit à la moindre pitance pour survivre dans leur pays et sur leur propre terroir rempli de richesses. Même les retombées économiques sont exportées ailleurs. Parmi les jeunes, seuls ceux qui ont pus obtenir des passeports, ont été contraints à l’exil à l’étranger pour pouvoir obtenir une subsistance de survie dans des conditions souvent très pénibles, travailler comme manœuvre.

 

 Là, aussi l’autorité chargée de la délivrance des passeports vient d’innover une nouvelle procédure spécifique pour les mort-vivants en exigeant la validation de leur nationalité par un juge pour pouvoir prétendre à un passeport, même quand ils ont tous les documents d’identification à jour depuis leur naissance.

 En les approchant, on vous déclare qu’ils ont reçu des instructions verbales, par-dessus le marché, et qu’ils sont des agents chargés de l’exécution et le juge dit qu’il n’est pas concerné. Cette instruction verbale n’a aucune valeur administrative ou juridique mais notre pays tire apparemment les règles de fonctionnement des services de l’Etat de la loi de la jungle.

 

 En plus de toutes les tracasseries, ci-dessus, énumérées et en d’autres termes, les mort-vivants sont déclarés apatrides même sur le sol de leur terroir et  dans leur pays.

 

 Au niveau des politiques régionale et nationale, c’est la même rengaine qui se développe d’une façon constante. Il y a la même rancœur non méritée et la même équation est utilisée avec arrogance infatuée de vexation et dédain reflétant la déconsidération totale qu’accompagnent toutes les procédures de marginalisation trouvant un champ libre ou fertile sous l’argument d’une majorité bien préparée d’avance pour satisfaire la haine constante.

 

Alors que la responsabilité politique gérante devait par principe veiller aux équilibres politiques et protéger les autochtones des majorités migrantes, souvent temporaires, déjà bien servies dans les localités de leur résidence habituelle. Mais, hélas, les mauritaniens  ont toujours prouvé leur incapacité de se dispenser de l’injustice, même criante.

 Comment peut-on être un Etat qui assure des lendemains meilleurs pour l’avenir de nos enfants ? Dans le domaine de l’emploi, on prend un seul exemple vérifiable, parmi tant d’autres : Toutes les structures de l’Etat installées à Nouadhibou n’ont jamais recruté un autochtone comme planton, chauffeur, femme de ménage, etc.

Elles viennent avec un effectif complet ou même souvent avec un sureffectif  de Nouakchott pour s’installer à Nouadhibou, sans le moindre apport à la cité d’accueil.

Brahim Ould Boidaha

(A suivre)